À d’autres!
J’ai condamné, craignant pour l’unité du pays et la réussite de la contestation en cours, dans un dialogue les manifestants avec un drapeau kabyle (appelons un chat un chat) qui se mêlent aux foules depuis le 22 février.
Et aussitôt, une dispute vomitive m’a répondu, m’assimilant (comme c’est commode), aux dirigeants à Alger. Des oeuvres d’un modérateur du site « Aletrinfo.net » qui recueille (jusque-là ?) les billets d’humeur de Djeha.
Je vous le joins ci-dessous. Vous en jugerez la phraséologie, habituelle chez les porte-drapeaux bien connus.
Manifester avec une bannière à caractère régionaliste, c’est affirmer une souveraineté.
Qu’il y ait une diversité locale comme dans de nombreux
pays, soit.
Mais en Algérie, il n’y a qu’une et unique souveraineté. Et donc un seul drapeau. POINT !
Tous les pays qui ont laissé se déployer les divisions territoriales, fondées sur la langue, la religion, la couleur de la peau… ont soit disparu, soit affaibli. En tous les cas, meurtris.
La Catalogne, la Belgique, l’ex-Yougoslavie, la Soudan, l’Irak, le Liban, le Cameroun, le Mali, le Nigeria, l’Ukraine…
Derrière ces malheurs, presque toujours la même cause : la convoitise des richesses matérielles.
De plus,
– Vouloir désarabiser l’Algérie, affirmant haut et fort « nous ne sommes pas des arabes ! », mettant ainsi sur le même plan la colonisation française (132 ans), à la suite d’un acte de piraterie de Charles X et l’expansion arabe se l’Océan Atlantique à la mer de Chine,
– Tenter de le désislamiser, d’où les campagnes évangélistes dans cette région et une contestation active du ramadhan avec des imbéciles qui veulent choquer, se restaurent de manière ostensible, alors que partout ailleurs dans les pays musulmans les touristes occidentaux expriment un élémentaire respect pour les moeurs indigènes, alors que l’Algérie est musulmane depuis plus de 13 siècles… c’est vouloir mettre le feu aux poudres et chercher, plus que la défense d’une culture menacée par personne, à provoquer des violences destinées à détruire, plus qu’un régime, une nation.
Les projets des supplétifs MAK et consorts sont clairement revendiqués (vous voulez des adresses de sites où ils ne s’en cachent pas?), au service de puissances étrangères qui visent non des objectifs culturels ou idéologiques, mais des buts terre à terre : mettre la main sur des richesses naturelles (que certains ont perdues en 1962 et en 1971) d’un pays riche en ressources et pauvre en intelligence, gouverné par des c… et des parasites depuis près d’une quarantaine d’années.
Et il y a encore des invertébrés impudents pour affirmer que Boumediene est responsable de nos malheurs, ainsi assassiné une seconde fois, des décennies après sa mort.
Dans un siècle, ces crétins auront des descendants pour ainsi s’expliquer leurs tares.
Ce sont les mêmes objectifs au Venezuela, en Bolivie, en Iran ou en Russie.
Résumons-nous : parader avec une drapeau autre que celui pour lequel des centaines de milliers d’Algériens ont donné leur vie (innombrables depuis 1830, réel début de la guerre de libération nationale), c’est participer à la destruction de ce pourquoi les Algériens manifestent depuis le 22 février : retrouver unité, prospérité mieux partagée, dignité et respect de soi.
Hier, l’Algérie a battu à Blida l’équipe de Zambie, dans le cadre des éliminatoires pour le championnat d’Afrique de football, dans la continuité de son succès au Caire cet été. (Et je précise que Djeha est un antisportif militant).
Dans les tribune, j’ai été fier de voir arboré par des supporters un autre drapeau que celui de notre pays : celui de la Palestine aujourd’hui sous des bombes « démocratiquement » racistes.
Beaucoup d’Algériens comme moi auraient été fiers d’y voir les bannières du Venezuela, de la Bolivie, de la Syrie ou de tous ces hommes asservis, souvent d’ailleurs par leurs propres autorités.
Car notre combat est aussi le leur. Non parce qu’ils sont musulmans ou animistes, sans dieux ou chrétiens.
Mais parce que le monde est aujourd’hui menacé par des rapaces, des gredins égoïstes et sans scrupules, sans foi ni loi qui sont prêts à tout pour s’accaparer la totalité de la vie de tout ce qui vit sur Terre.
Tous ceux qui se cachent derrière l’unité pacifique des manifestions populaires vont devoir apparaître au grand jour.
Non par leur opposition à un régime virtuellement défunt, mais par rapport à un projet.
C’est facile d’être « contre ».
Il s’agira, par-delà les slogans et les mots d’ordres creux (liberté, démocratie… et blablabla), de répondre à la question « pourquoi » et « comment ».
Pour quels projets se battre ? Détruire sans savoir par quoi remplacer un régime « pourri », ce n’est pas construire, mais continuer à détruire.
Inutile de nous resservir les plats conçus et préparés ailleurs :
– Elections « démocratiques » pour mettre à la place des pantins actuels d’autres pantins pour lesquels les comptes à numéro off shore sont déjà prêts. Nos amis tunisiens se débattent dans ces problèmes depuis janvier 2011.
Un islamiste britannique (conservé longtemps dans la naphtaline) a été aujourd’hui élu à la tête du sénat de cet honorable pays voisin. La démocratie des urnes a fait long feu. Et inutile de nous enfumer avec le mot de Churchill et des embobineurs professionnels, des bavards qui peuplent les présidences euro ou américaines. Le coup du « élisez-moi et tirez-vous, je m’occupe du reste » En France démocratique, où ils sont soutenus par la grande majorité de l’opinion, les Gilets Jaunes défilent depuis un an…
– Ouverture économique et mise aux enchères de nos richesses. Beaucoup alertent de ce que l’économie algérienne va couler parce que des patrons sont au trou (et en particulier un d’entre eux qui se dit fier d’avoir été éduqué par les Pères Blancs : ce ne sont pas des ragots, il me l’a dit).
Prendre le contrôle effectif de notre économie nationale, ce n’est pas du baratin pour demeurés.
Céder au libéralisme des ploucs, c’est consentir à notre asservissement.
Aucune illusion à se faire : quand on veut être responsable de son destin, cela coûte cher. Observer l’état dans lequel est Cuba depuis 1960 et le Venezuela depuis la fin des années 1990. Et après l’avoir étranglé, on vous expliquera que la ruine de l’économie de tel pays vient de ce qu’il a refusé la liberté et la démocratie, les accords de l’OMC et ceux signés avec l’Union Européenne.
Alors que ces mêmes accords sont à l’origine de la destruction des économies pauvres, africaines et sud-américaines.
Sans compter que les riches ignorent ces accords et traités quand ils ne leur conviennent plus et pratiquent au vu et au su de tous un unilatéralisme égoïste, en bombant le torse et en faisant parader leurs porte-avions.
Méditez : La Chine a une économie fermée, ses entreprises sont majoritairement chinoises, obligent aux transferts de technologies, un régime qui ne souffre aucune opposition politique ou idéologique et dit m… aux pays « démocratiques ».
Quand verrons-nous des foules défiler à Labraâ Nath Irathen
portant haut un drapeau palestinien et manifester pour la liberté et la dignité
de tous les peuples asservis et plus particulièrement celles des peuples
africains avec lesquels nous partageons l’essentiel ?
Aux exécutions et faux procès, Djeha est habitué. Des islamistes aux pêcheurs
en eaux troubles. Sans compter tous les autres…
Et
pourtant, je n’exprime rien d’autre que ce que je partage avec une
multitude de compatriotes et d’amis de part le monde qui ne demandent
rien d’autres qu’à vivre en paix sans empiéter sur la liberté de
quiconque.
Mais personne ne nous fera taire en instrumentalisant les majuscules et les martyres.
Djeha, V. 15 novembre 2019.