MIEUX VAUT RÊVER QUE PERDRE ESPOIR
À en juger à travers le débit d’informations que fournissent les réseaux sociaux concernant la vie de la cité Bel-Abbésienne, toutes les personnes qui sortent des rencontres avec le nouveau Wali éprouvent une satisfaction béate et croient en un avenir prometteur. Y compris le journaliste le plus chevronné, le plus exigeant et le plus dur-a-cuir de la wilaya. Y compris le plus révolté des jeunes passionarias de sa malheureuse équipe de football.
À la bonheur !
Loin de moi l’idée de jouer au Cassandre. Loin de moins aussi la volonté de refroidir les ardeurs ou d’avorter les rêves. Mais je suis du genre à juger une journée non à son aube, mais plutôt à son Zenith et, surtout, à son crépuscule. Je fais mienne l’idée Hégélienne que ce n’est qu’au moment crépusculaire que la chouette de Minerve prend son envol, ce qui veut dire qu’il y’a un temps pour l’action et un temps pour le la réflexion et pour le jugement, et qu’il est toujours de mauvaise manière que de renverser cet ordre naturel et méthodologique.
Il est vrai qu’après avoir touché le fond avec le wali partant on ne peut qu’espérer une remontée en surface avec le nouveau arrivant. Mais il ne faut pas se leurrer ni perdre de vue qu’il y’a une autre hypothèse que nous enseigne avec humour le grand Fellag : il est possible pour certains hommes de toucher le fond et de continuer à creuser encore et encore. La prudence, ainsi que les mauvaises expériences du passé, nous poussent à rester éveillés et à ne jamais exclure cette hypothèse qui, sous le beau ciel de notre pays, n’est pas exceptionnelle. Combien de personnes et d’enfants du pays n’avons-nous pas porté très haut avant qu’ils ne nous déçoivent et qu’ils ne tombent plus bas que bas.
En tous les cas, comme mes amis Delli Mohamed et Rabie Zoubir , j’entretiens le même rêve qu’enfin un homme providentiel vienne au secours de cette belle ville qui agonise et dont la population merveilleuse a droit, elle aussi, à sa part du bonheur.