On entend de plus en plus les experts et les hommes politiques européens prédire une longue vie au conflit Russie-Occident. On les entend aussi affirmer que ce n’est pas pour bientôt que l’Europe trouvera une solution de substitution à son déficit chronique en matière énergétique qui compromet gravement ses chances de progrès. Ces prédictions qui les attristent sont de nature à réjouir l’autre partie du monde jusque-là défavorisée. Pour une fois que les évènements mondiaux profitent aux faibles, ces derniers ne vont pas jouer aux samaritains et pleurer le sort que lesdits événements réservent à ceux qui se sont indûment enrichis sur leurs dos. Ils sont sommets d’être aussi pragmatiques, aussi opportunistes, aussi individualistes que l’a été l’occident durant toutes son histoire.
En raison du coût exorbitant de l’énergie, l’industrie européenne est en souffrance, ce qui menace de donner un coup de grâce aux économies du vieux continent déjà en très grandes difficultés. Beaucoup d’entreprises ont déposé le bilan et d’autres risquent de le faire au cas où la guerre perdure. Dans ces conditions la survie économique dépend de la capacité d’adaptation aux nouvelles réalités mondiales et le meilleur moyen de le faire à toujours été d’aller là où les coûts de production sont les plus bas, c’est-à-dire aujourd’hui la délocalisation vers les pays à haute production énergétique et à bas coût.
Les guerres ont toujours été une occasion de couler des stocks, de doper la production et de faire de gros bénéfices au point que les grandes puissances les provoquent hors-sol de manière cyclique. Et puisqu’on y est, il faut y voir une opportunité à saisir pour notre pays. Il a tous les atouts pour attirer des entreprises d’envergure : sa proximité avec l’Europe, ses richesses en pétrole et en gaz, ses infrastructures portuaires et, surtout, l’absence de concurrents dans le voisinage proche, ce qui le met dans une exceptionnelle situation de monopole. Il lui suffit d’adapter sa législation trop nationaliste et d’avoir conscience qu’il y’a des chances qui ne se répètent pas et des opportunités qui, si elles échappent, ne se rattrapent jamais.