» Les lois fondamentales de la nature, en ce qui concerne du moins la physique, peuvent s’écrire sur une seul page, mais c’est une page de signes mathématiques, difficile à lire ».*
Quand un juriste lit cette phrase, il ne peut que s’étonner d’apprendre que Dieu parvient à régir l’immensité de l’univers (c’est-à-dire tout ce qui existe, composé de milliards de galaxies et d’étoiles, et dont les frontières ne s’arrêtent pas de s’étendre d’une manière exponentielle) par une petite poignée de lois qui peuvent s’écrire dans une page. Des lois stables, hors du temps et qui ne changent pas alors que lui changent constamment.
Son étonnement est d’autant plus grand car, plus que tout autre, il sait que, contrairement à Dieu le tout puissant, l’omniscient et l’omniprésent, l’homme, cet être éphémère et insignifiant au regard de l’univers, pour régir les petites choses de la vie courante s’évertue à promulguer des tonnes de lois, qui ne résistent pas au temps court, illisibles, imparfaites, parfois contradictoires et injustes.
Il s’étonne d’avantage quand il apprend que Dieu, sachant ses lois difficiles à lire, pose comme postulat que nul n’est censé les connaître avant qu’elles ne soient découvertes ne tenant pas les hommes pour responsables de leur méconnaissance, leur laissant l’éternité pour les découvrir. Par contre, l’homme, imposant le principe inverse que « nul n’est sensé ignorer la loi », tient l’homme le plus profane des hommes à l’impossible et fait peser sur lui une présomption immédiate de connaissance du million de pages ou sont inscrites des lois inaccessibles, illisibles quand elles le sont, et en perpétuellement changeantes.
De ce constat, découle une conclusion qu’on peut ériger en loi!
– Toujours le Grand simplifie les grandes choses et toujours le petit complique les petites.
* Roland OMNES: Les loi de la nature, in « L’univers, la Vie, l’Homme »