L’article sur la mort -pardon, le Lynchage – de Gueddaffi par une foule hystérique, m’a valu en aparté quelques reproches et «coup de gueules» de la part d’amis, de proches, de très proches d’Algérie, de France et même du Québec et de Tunisie.
L’on me reprochait de dédouaner un dictateur qui a fait pire que ce qu’on lui a fait. De vouloir à tout prix accuser l’Occident et en particulier la France, alors que c’est un criminel qui n’a eu, tout compte fait, que ce qu’il méritait.
A tous mes amis, à tous mes proches, à tous mes très proches d’ici et d’ailleurs, je persiste et signe : Le lynchage de Gueddaffi est inadmissible et inacceptable. Il est exécrable, condamnable.
Mais cet évènement a suscité en moi une réflexion sur l’espèce humaine. Musulman, donc non adepte de la théorie de Darwin, je crois néanmoins, à la science qui définit l’espèce humaine – même si elle ne descend pas de l’animal – comme une espèce animale, quel que soit le degré d’évolution et de développement atteint.
L’Homme – que j’hésite à écrire toujours avec un H majuscule – demeure dans ses gènes, un animal, capable en fonction des situations qu’il vit, de cruauté et de bestialité. Il retrouve son «naturel» après l’avoir chassé, dans deux conditions et de manière presque fatale.
La première situation est celle du «Pouvoir» Quand l’Homme atteint le pouvoir, il commence peu à peu à perdre ses repères d’Homme, au profit de l’instinct animal : Défendre son territoire, les siens et assurer la domination de toute la jungle (qui est le Pays) Il devient le Roi de la Jungle. Et tous les animaux «doivent» le servir : accepter de mourir de faim, quand lui est constamment repu, mourir de froid, quand lui est chaudement couvert et abrité, mourir de soif, quand il se désaltère au nectar. Les « sujets » qui sont les autres animaux du Peuple, se divisent en deux catégories : Celle des laisser-pour-compte et celle des zélateurs. Ces derniers ne s’embarrassent d’aucun scrupule pour servir le Roi quitte à le rassurer dans sa cruauté et sa bestialité. A la fin, il lui « plaît » de prendre des décisions qui font mal. Il a tort, mais tout le monde est unanime pour saluer sa décision. Il se réconforte. Il aime. Il est sadique. Son bonheur est dans la souffrance des autres. Beaucoup de citations ont été dites sur le pouvoir et son ….pouvoir sur l’Homme. « Le pouvoir corrompt» Boutef disait au début de son intronisation «El koursi yeddaouakh » («le pouvoir enivre») Mais, plus le pouvoir dure, plus l’instinct prédateur de l’animal croît. De Pharaon qui disait aux Peuples juif et égyptien: « je suis votre Dieu Tout Puissant » et s’adressant à son secrétaire général : « construis- moi un palais qui touchera les cimes du ciel, qui me permettra de voir le Dieu de Moïse ! » à Gueddaffi qui installe sa tente à l’Elysée et qui s’offre des amazones pour sa garde prétorienne, passant par Hitler qui gaze et enfume, Bokassa qui (re)devient cannibale préférant les bébés, Staline, Franco, etc… Le pouvoir aura mis en exergue cette « fatalité » qui nous rappelle que l’Homme est d’abord un animal, une bête immonde et immarcescible.
La seconde situation est celle de la « meute ». On remarquera que dès que l’individu échappe à son statut « individuel » se mouvant dans une large société et adhère à un groupe qui constitue la meute, il développe des comportements propres à cette meute. Chez les animaux, la majorité de ces groupes, œuvrent pour leur bonheur : le groupe des abeilles qui essaiment, le groupe des fourmis qui travaillent, le groupe des éléphants qui se dirigent vers leur cimetière, différents groupes d’oiseaux qui émigrent…Quelques prédateurs tels les groupes de vautours, ceux des requins et des chacals.
Chez l’Homme, les « meutes » sont également identiques : celles bénéfiques telles les ONG, les associations caritatives, les armées de salut etc… Mais il est également des meutes qui œuvrent pour la destruction. Certaines le font dans «l’honneur» tels les bandits de certaines époques, genre Robin des Bois ou Bouziane El kal3i, mais leur majorité le font selon l’instinct bestial. Il en est ainsi de certaines sectes, de terroristes et de casseurs.
Ceux-là, ils n’obéissent à aucune logique mise à part celle du crime, du viol, de la torture, du vol et de la casse. Chaque individu «s’exprime» en fonction de ses désirs, fantasmes et agressivité refoulés au fin fond de son être, au sein d’une meute constituée à cet effet. Combien de « doux », « d’anges » se transforment dès leur adhésion à ces meutes, en bêtes immondes, sanguinaires et cruelles. Combien d’êtres chétifs et nains, se retrouvent en train de narguer, torturer et assassiner des mastodontes aux sens propre et figuré !
Finalement, l’Homme n’est en fait que le pire de l’espèce animale. C’est pour cela que l’on assiste impuissant, devant ce qui a été fait du cadavre de Gueddafi. Car tout dictateur, despote et tyran qu’il était, si ceux qui l’ont capturé avaient agi en « HUMAINS », ils n’auront jamais fait ce qu’ils ont fait.
S’ils arrivent à redevenir « humains » les remords les tarauderont.
« Aucune race n’est supérieure à une autre. Depuis la préhistoire, c’est toujours le rapport de force qui décide de qui est le maître et qui est le sujet. ….Aucun savoir, aucun rang social, aucune couleur de peau ne pèsent devant une vulgaire pétoire » (1)
Et le rapport de force est déterminant dans les deux situations déviationnistes dans lesquelles l’Homme perd ses repères humains au profit du comportement animal dans ses formes les plus bestiales et les plus cruelles.
« L’aube de l’humanité n’est pas prêt de se lever un jour » (1)
C’est la misère de l’Humanité.
(1) Y. KHADRA in « l’équation africaine »