Si…. de Rudyard Kipling (1865-1936) Traduction par André Maurois

C’est en lisant quelques poèmes, de Rudyard Kipling, auteur que je viens de découvrir, j’ai tenu à vous le faire connaitre et vous proposer l’un de ses poèmes qui est le plus connu (Si..). Rudyard Kipling, est né le 30 décembre 1865 à Bombay Après une enfance partagée entre les Indes et l’Angleterre, il reçoit la lumière maçonnique dans la loge Hope and Persévérance no 782 aux Indes, le 5 avril 1886. Il porte témoignage à sa loge par ces mots: «[…] « J’ai été Secrétaire, durant quelques années, de la loge Hope and Persévérance No. 782, de Constitution anglaise, qui comptait des Frères d’au moins quatre systèmes de croyance. J’ai été admis par un membre du Brahmo Samaj (un Hindou), passé par un Mahométan, et élevé par un Anglais. Notre Tuileur était un Juif indien. Nous nous rencontrions, bien sûr, sur le niveau […]»Parmi ses œuvres, on retrouve les poèmes My New-Cut-Ashlar (Ma pierre cubique) et The Mother Lodge (La Loge Mère). Parmi ses œuvres en prose, la plus connue est indéniablement The Jungle Book (Le Livre de la Jungle). Ses poèmes s’ils ne font pas appel au symbolisme maçonnique, s’inspirent incontestablement des plus grands principes et vertus de l’Art Royal et constitue le fruit d’une vie maçonnique fertile et dévouée. Il constitue sans conteste son poème le plus célèbre.(l’ensemble de ces informations ont été receuillies de sa bibliographie)

Si…
De Rudyard Kipling (1865-1936)
Traduction par André Maurois

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui est mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils.