Pour nombre de cinéphiles et de critiques, Brahim Tsaki restera d’abord l’auteur des Enfants du vent (Abna er-Rih, 1980), son premier long métrage. Dans ce film en trois tableaux et en noir et blanc, le cinéaste observe avec tendresse les jeux de l’enfance dans un village algérien. Qu’il s’agisse de ceux de Sidi-Yacoub qui s’exercent à créer des mécaniques à partir de matériaux de récupération (La Boîte dans le Désert), d’un jeune vendeur de roses de sable face aux promesses du poste de télévision (Djamel au pays des images) ou d’un petit garçon qui vend des œufs dans les bars et découvre une autre face du monde des adultes et de l’alcool (Les Œufs cuits), le film nous introduit, sans paroles, dans le dénuement et la solitude, mais aussi dans les jeux et les ressources mises par les enfants à vivre et protéger leurs rêves, dans un monde d’adultes qui ne leur fait pas de place.
Près d’une raffinerie de pétrole, Histoire d’une rencontre (1983) s’attache à deux jeunes sourds-muets. Elle est la fille d’un ingénieur américain et, lui, le fils d’un modeste paysan algérien. Le film conte la relation émouvante qu’ils parviennent à nouer malgré tout ce qui les sépare ; un clin d’œil aux rapports Nord-Sud marqués, eux, par un dialogue impossible.
Tourné en France et niché dans un grand ensemble de banlieue, Les Enfants du néon (1990) met en scène Djamel et Karim, son ami sourd-muet (ici à l’image au ptit vichy), qui vivent de revente de matériaux de récupération. Un soir, Djamel vole au secours d’une jeune étudiante agressée et s’éprend d’elle. Mais ça n’est pas du goût de Najet qui est amoureuse de Djamel. Les Enfants du néon entremêle des histoires d’amitié, d’amour et de jalousie, interrompues par le couperet de la haine raciste.
Entre conte et poème cinématographique, Ayrouwen (2007) signifie « II était une fois » en Tamasheq, la langue des Touareg. Il raconte une idylle entre Amayas, un enfant du pays, et Claude, une jeune européenne en villégiature à Djanet dans le Sahara. Une aventure perturbée par une autre histoire d’amour contrariée entre Amayas et Mina. Dans cette ode à l’amour et au désert, un écosystème au fragile équilibre, le drame s’insinue lorsque Amayas meurt empoisonné par l’eau de la montagne…
Né en 1946 à Sidi Bel Abbès, Brahim Tsaki est élève de l’Ecole d’art dramatique de Bordj el-Kiffan à Alger, avant de rejoindre l’Institut des Arts de Diffusion (IAD) de Louvain la Neuve dont il sort diplômé en réalisation en 1972. (Photo D.R.)
26 – 30 décembre 2011, « Zoom sur Brahim Tsaki » : projections-débats en présence du réalisateur, Alger / Cinémathèque algérienne, 26, rue Larbi Ben M’Hidi, ts les j. à 17h30
– 5 – 9 janvier 2012, Sidi Bel Abbès / Cinémathèque algérienne
– 5 – 9 février 2012, Oran / Cinémathèque algérienne
– 26 décembre 2011 : Gare de triage (20 min., Bel, 1975)
– 27/12 : Les Enfants du vent (70 min., Alg, 1980)
– 28/12 : Histoire d’une rencontre (90 min., Alg, 1983)
– 29/12 : Les Enfants du néons (85 min., Fr/Alg, 1990)
– 30/12 : Ayrouwen (78 min., Alg, 2007)
Filmographie
– Ayrouwen (Il était une fois | أيرون)
(90 min., Alg, 2007)
avec Idriss Amine Aidouni (Amayas), Yasmine El Masri (Mina), Maud Myers (Claude)
– Les Enfants du néon (أطفال النيون)
(85 min., Fr, 1990)
Avec Fanny Bastien, Rachid Ferrache, Boumediene Belasri
– Histoire d’une rencontre (قصة لقاء)
(83 min., Alg, 1983)
avec Boumediene Belasri, Carine Mattys, Mohamed Arbouz
Étalon de Yennenga, Fespaco, Ouagadougou 1985
– Les Enfants du Vent (Abna er-Rîh | أبناء الريح)
(70 min., Alg, 1980)
* La Boîte dans le désert (20’)
* Djamel au pays des images (25’)
* Les Œufs cuits (25’)
– Gare de triage (محطة الفرز)
(16 min., Alg, 1975)
Avec Eric Sceoltus (l’élève), Michel Graindorge (le préfet) Micheline Remy (Madame Postier), Simone Sancy (la mère)
source : algeriades.com