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AIN-BA DAHO et AIN-SEBAÂ : Fontaines légendaires de Sidi-Bel-Abbès

ByKarim OULDENNEBIA

Août 15, 2016

À Paris, on dénombre plus de 200 fontaines. Elles sont dispersées sur l’ensemble du territoire urbain, mais plus particulièrement dans les parcs, les squares ou les places publics et bien entendu dans les cimetières. Malheureusement, à « Petit Paris », il n’y’a rien de tel ! Ni au cimetière Sidi-Bel-Abbès, ni à celui de Mouley-Abdekader ! Même pas une « SEBALA » ! Pourtant, l’étymologie de ce mot vient de « SABIL-Allah ». Chose bizarre aussi, dans toutes les cérémonies funèbres, les bel-Abbésiens sont obligés d’amener avec eux une « jerricane » de 50 litres parfois, deux ! Et dire que personne n’a pensé à mettre fin à ce calvaire.
On sait par l’Histoire que depuis des siècles, les « NOTABLES » des VILLES, ont toujours été les premiers à prendre l’initiative. En effet, à Florence (Italie), c’est les riches familles marchandes qui ont été derrières la richesse artistique exceptionnelle de la ville, aujourd’hui patrimoine mondial (Unesco).
C’est à florence, qu’on avait construit la fabuleuse fontaine de Trévi du 17° siècle. C’est grâce à cette fontaine que le physicien italien Torricelli (disciple de Galilée) a inventé sa fameuse théorie (PXH= cte- Constance). C’est-à-dire l’eau ne peut monter à plus de 9 mètres à cause de la pression de l’air (Thermomètre mmHg- Millimètre Mercure). C’est bien dommage que nos élèves de terminales « Scientifiques » connaissent la théorie, mais ignorent son histoire!

Les architectes, les artistes et les poètes … ont fait les histoires des fontaines. On sait, qu’ils ont été les précurseurs d’un grand nombre de fontaines de prestige, purement décoratives, mais aussi dans un style architectural classique ou moderne s’incluant dans des projets d’urbanisme. Cependant Ain-Ba Daho, n’était pas artificielle, elle était une fontaine naturelle. Une fontaine ou l’eau sortait du sol et non d’une statue ou d’une jarre. Celle de Ain Sebâa aussi, mais, elle avait la particularité d’être à coté d’un grand bassin placé sur l’arrivée de l’eau.
L’Histoire de ces deux fontaines n’est pas écrite. En attendant, prions ensemble pour qu’une autre étourderie occasionnelle ou en passe de l’être ne vienne pas piquer notre mémoire collective.

1 – AIN-BA-DAHO du Jardin public.

On aurait pu baptiser le jardin public par l’appellation « AIN Ba Daho ». Malheureusement, cette espace a disparu. Cette disparition s’entend dans son vrai sens. C’est-à-dire morte et qui a cessé d’exister depuis longtemps. Et si le jardin public date de l’année 1857. On peut comprendre que cette fontaine a fait son temps, parce qu’il est vrai que les fontaines meurent aussi. Il est évident qu’avant de savoir pourquoi cette fontaine ou source a disparu, il faudrait d’abord, savoir ou elle se trouvait ? Non pas pour la ressusciter, mais pour au moins déplacer l’écriteau de la plaque (…)-Voir photo !
On savait déjà que la Mekerra, alimentait un grand nombre de sources qui ont fait la légende du territoire des Béni-Ameur. Cette rivière a laissé plein de légendes sur son parcours à l’exemple des sources appelée Aïn-Kaddour et Aïn-Skhouna à Sidi Ali-Benyoub, Ain-El-Berd et autres sources de Tessala et bien évidemment : Aïn Ba Daho et Ain Sebâa notre sujet. Mais qui est ce personnage de Ba-Daho ? Notre ami Mohamed Kadiri, avait écrit dans un de ces articles au quotidien d’Oran que: « Ba Dahou, fut un homme chevaleresque ». Pour nous dire sans doute que les sources écrites n’existent pas. Cela est vrai. Nous ne pouvons que poser des hypothèses ; Etait-il vraiment le père de Sidi-Bel-Abbès el-Bouzidi ? (Témoignages- Cette hypothèse est peu probable). Etait-il Sidi-Daho des Zairs ? Un toponyme à 7 km de Parmentier (Sidi-Ali-Bousedi) entre Ain-Kada et Oubellil et à 35 km de la ville de Sidi-Bel-Abbès. Rappelons que les Ouled Zairs sont catégorisés parmi les Béni-Ameur. Le douar de Sidi-Daho, peuplé à l’origine d’une fraction de la tribu des Ouled-Zeir de la confédération des Béni-Amer, a été constitué qu’en 1874 ensuite totalement démantelé en 1906 suite à l’érection de la nouvelle commune coloniale de plein exercice de Tassin (HASSI-ZAHANA), Ainsi tout son territoire a disparu. Cette hypothèse me parait peu plausible aussi. Des Sidi-Daho, il y’en a partout. (On y reviendra).

Les concepteurs de l’aménagement du jardin public, faute de ne pas connaitre l’endroit exacte de cette fontaine ou de ne pas être au courant, ils ont tout simplement inventé un espace « jarre ».

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On pourrait dire qu’ils voulaient placer l’histoire entre la mémoire et l’oubli. Néanmoins, il faut préciser que c’est l’histoire qui fait la mémoire et non le contraire. Mais, bon. Par l’occasion, je voudrai surtout rendre hommage au poète du MALHOUN, le grand Cheikh BENHARAT mort en 1923, un poète très connu dans la région de Sidi-Bel-Abbès, mais malheureusement oublié par la saga de Aek Bendamèche. C’est lui, dit-on, qui a écrit le premier la qasîda sur Ba-Daho. C’est lui qui a immortalisé cette légende locale. Apparemment, c’est encore lui qui a écrit la « chanson Biya- dhaq el môr », même si la question de la paternité de ce texte est toujours d’actualité.
Les spécialistes connaissent très bien cheikh BENHARAT. La littérature populaire bel-Alésienne a semble-il beaucoup a proposé à cette histoire.
Il faudrait aussi rendre un grand hommage à notre artiste Abbes LACARNE, qui a réinventé le théâtre « el-halka ». J’ai moi-même assisté à l’une de ses extraordinaires scènes, notamment celle du gargouillis de la fontaine de Ba-Dahou. C’était tout simplement admirable et merveilleux. Il faudrait dire à notre ami artiste HANITET de penser à une production pour réunir ensemble l’artiste et l’espace Ba-Daho afin de pérenniser la « commémoration » de notre patrimoine local.
En effet, les idées ne manquent pas ! En reprenant un commentaire de bai, certains concepteurs de l’aménagement estiment que la réalisation d’une « idée patrimoniale » reste toujours couteuse. Pourtant, cette idée demeure fausse.??????????????
Sur l’écriteau noir sur blanc (Notre photo). On remplace d’abord l’espace « Histoire de Ain-Ba Dahou » par l’espace « Jarre de Ain-Ba Dahou ». Ensuite, on nous dit que la présence de deux jarres représente une commémoration. N’est ce pas frustrant. Puisque le patrimoine fait appel à l’idée d’un héritage légué par les générations qui nous ont précédés. Le mieux aurait été de les assembler tout les deux. Eh bien ! Justement, l’espace Ain-Ba Dahou du XIXème siècle se trouvait à une dizaine de mètre de ce nouveau espace « imaginé » des deux jarres et le porteur d’eau. La construction du Marabout des assoiffés (Sur un puits-Voir l’Article in BAI) est le lieu authentique de l’historique fontaine Ain-Ba Dahou.
Autrefois, vers la fin du 19éme et le début du XXeme siècle, existaient les cafés-Maures dans les quartiers dit « nègre », comme El-Graba où des halkates étaient donnés, mais qui ont disparues avec l’invention du phonographe, appelé d’ailleurs à juste titre cheikh El-Mohgon, à cause justement de son tube qui ressemble exactement à l’entonnoir.


2 – AIN- SEBAA de la rue des fontaines.

Cette fontaine existait avant l’occupation Française. Les documents d’archives à Paris au château Vincennes en notre possession, attestent cette présence. Bref, elle se situait sur la rive gauche de la Mekerra, juste à quelques dizaines de mètres du pont Péri. Donc, à gauche de la rentrée de ce que les Bel-Abbésiens appellent « Trig el-Lefaâ » au faubourg Perrin.
L’ancienne appellation « rue de la fontaine romaine » (Aujourd’hui avenue frères Belhoucini) ne peut passer inaperçue. L’école primaire aussi portait ce nom. En effet, ce nom a un lien immédiat avec cette fontaine. L’édification de l’église du sacré cœur en face n’a surement pas été retenue par hasard (Ex-Académie). Cette fontaine devait se trouver (au tournant d’une rue fermée et au bas de la mosquée El-Rahma d’aujourd’hui), puisque c’est dans cette rue que l’on pouvait trouver les

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Bains-Douches. La fontaine au début du XXème siècle a été reconvertie en douche public. La propriété appartient aujourd’hui aux héritiers du feu Brik Mohammed.(Témoignages-7/7/2016). Il était donc, un agent communal. C’est lui-même qui entretenait les bains douches avant sa mort. Et comment ne pas dire que le temps s’est arrêté. Pour l’occasion, je tiens ici à remercier sa fille et sa femme (veuve) pour leurs témoignages très précieux.Il me servira surement à comprendre pourquoi la municipalité a abandonné son patrimoine. La scission des biens de l’état depuis 1982 est une question très compliquée.
Cette fontaine d’Ain-Sebâa (Témoignages), avait la particularité d’être à coté d’un grand bassin placé sur l’arrivée de l’eau. D’ailleurs cette place est très connue pour son appellation de « lavoir public ». Selon, plusieurs témoignages de la vieille génération un lion parait-il s’approchait épisodiquement de la source pour s’abreuver. Décidément, cette fontaine a aussi sa propre légende.
Les anciens bains-douches au temps colonial chauffés au bois et au charbon, étaient une propriété communale. Le maire Lucien Bellat, maire de la ville (entre 1929 et 1941) a procédé à sa réhabilitation en douche public. La plaque commémorative en marbre blanc atteste cet événement (Notre photo) 4-Bellat douchequi marque la fin du lavoir. On l’appelait aussi « Seridj sbanyoul » qui veut dire bassin espagnole, a cause du quartier bien évidemment mais aussi par l’effet du consulat d’Espagne qui était juste en face.

Il est intéressent aussi de poser plusieurs questions et d’y répondre en même temps. C’est pourquoi, je n’y manquerai pas de retourner plusieurs pages dans les prochaines occasions. Une suggestion pour finir, cet article pose aussi une proposition à Monsieur Talha Djelloul, l’actif et respectueux président de l’association pour la protection du patrimoine architectural de la ville de Sidi Bel-Abbes, afin d’inscrire ces deux espaces dans sa longue liste, même si l’opportunité d’une telle démarche est discutable.

Pour conclure, revenant au fait. Que représente une histoire d’une fontaine aujourd’hui disparue ? Pas de parole en l’air. Disons, une grande nostalgie vague provoquée par la pensée et la commémoration, mais aussi le regret de ce qui est révolu et que l’on n’a pas connu. Toutefois, les idées ne manquent pas ! Faute de n’avoir rien laissé aux générations futurs, autant leurs laisser « une histoire » ou tout au moins mettre un terme à ces édifice de fontaines dans les ronds points ! Et à quel prix ! Pour finalement les détruire juste le temps de faire des ronds de fumée avec un cigare. N’oublions pas que plusieurs fontaines en Algérie constituent un patrimoine emblématique de notre passé.

AL-MECHERFI@BEL-ABBES.INFO

By Karim OULDENNEBIA

Nom & Prénom : KARIM OULDENNEBIA Nationalité Algérienne - Situation familiale : Marié, père de quatre enfants Adresse professionnelle : Fac- Sciences Humaines et Sociales – BP 89 : Université Djilali Liabes/ 22000 - ALGERIE Domaines de recherches : Sciences Humaines –HISTOIRE. Faculté des Sciences Humaines et Sociales - Djilali Liabes University of Sidi Bel-Abbes, Algeria

One thought on “AIN-BA DAHO et AIN-SEBAÂ : Fontaines légendaires de Sidi-Bel-Abbès”
  1. C’est avec un vif intérêt que je me suis plongé dans la lecture de l’article ressuscitant les sources mythiques de la ville de Sidi bel abbes. On citerai volontiers « Ain Ba Daho » qui qui a inspiré des poètes de renom et dont la légende a traversé le temps et les frontières de la ville. La localisation de la dite source qui reste approximative au sein du jardin public,ne peut en aucun cas être localisée à l’emplacement des jarres récemment installées,encore moins cette pâle sinon vulgaire imitation d’un jet d’eau représentant des jarres déversant de l’eau que l’on retrouve dans divers squares des villes du pays.L’histoire de la source en question n’a jamais mis en relief les ustensiles d’emmagasinement de l’eau , sinon la « Guerba »en peau de chèvre aurait été la mieux indiquée car elle fut par excellence le meilleur récipiendaire de l’eau en question utilisée par nos alleux.Pour en revenir à la source « Ba Daho », son emplacement le plus approprié demeure celui du fameux puits des assoiffés,dont la bâtisse en style Arabo-mauresque existe de nos jours .sinon celle-ci était située en amont de la mythique cascade naturelle du jardin public qui elle aussi a été mutilée avec un ensemble de quincaillerie dénaturant le charme naturel de celle ci. Quand au nom de Daho , on le retrouve un peut partout dans la région outre la particularité de ce nom donné à la dite source, il serait intéressant d’établir une recherche comparative avec Hassi Daho (ex:Boutin)un lieu dit situé à 15 kms au sud de Sidi bel abbes qui lui aussi a cette mystérieuse relation entre le même nom , et l’eau . Cette fois ci il s’agit d’un puits . Nos historiens à travers la mémoire populaire devront déchiffrer ces énigmes de l’histoire locale, les vestiges ont disparus avec le temps et il ne demeure que le patrimoine immatériel qui devra livrer ses secrets afin de barrer la route aux devoyeurs de nos repères historiques Quand aux douches publiques communale, la ville en avait deux , l’une à la rue du soleil , et la seconde au faubourg Perrin chauffées jadis au bois. Ce patrimoine à lui aussi disparu pour laisser place au béton , du moins en ce qui concerne celui de la « caya del sol ».

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