BENISAF : LA RUE DE LA RÉPUBLIQUE………BANANIÈRE !!

I – Le concept :
La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée tant qu’il reste des progrès à accomplir.”
La république est une dénomination idyllique qui avait fait rêver bien des révolutionnaires par la « plume » et par « l’épée »(V. Hugo- Voltaire-J. Jaurès- P-M-France….. ) Depuis les premiers érudits datant de la civilisation grecque, Cicéron avait rédigé certains concepts et des notions élémentaires portant sur la république, édités dans son fameux livre « De la République des lois ». Le mot et l’idée « République » s’est propagé par diverses manifestations de tout type à travers l’ensemble des pays de la planète.
Au fait la « République » est défini par « Larousse » comme étant un « Etat dans lequel la souveraineté appartient au peuple par l’intermédiaire de représentants élus ».La République peut être démocratique, parlementaire, sociale, conservatrice mais aussi « bananière »….
Par ailleurs, La République est devenue un nouveau concept concret de la chose publique. La République représente l’ensemble, des droits, des biens, des obligations, des attributions de la puissance publique et des services publics relevant d’un Etat.

La république est aussi considérée comme une forme de système politique et par conséquent, l’accessibilité à ce système est ouverte à tous les citoyens et est la propriété collective de tous.
Quant on parle de la chose publique, il faut comprendre par delà :
*tout ce qui est public dans un territoire donné comme par exemple : les services et les fonctions publiques.
-le domaine public (routes, fleuves, les ouvrages d’art, forêts domaniales, nappes phréatiques, ports, domaine maritime, espace aérien, bâtiments publics, patrimoine des établissements publics, des wilayas et des communes…),
-la monnaie, les marques, sceaux, mesures et poids publics,
-les registres (greffes, hypothèques, marques, sociétés, association…)
-et les dépôts publics (archives, musées, conservatoires, bibliothèques, réserves d’or…),
– La langue nationale, le gouvernement, le parlement, les académies, la force publique (gendarmerie, police, armée),
La République est propre à un État national donné, elle est aussi ancienne que lui, elle est indépendante du régime politique du gouvernement.

II – le passé récent :
La République c’est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, à avoir sa part de la souveraineté
Cependant, pour aller tout droit au sujet, dans chaque ville du monde, on retrouve une rue, une ruelle, un boulevard ou une avenue baptisée au nom de la « République » , ce joli mot et nom dont sa valeur intrinsèque fait rêver les révolutionnaires, les poètes, les scientifiques, les …. . Pour que la paix, la justice et l’égalité mènent une cadence fraternelle de la vie.
Cependant, dans la ville de Benisaf , ce nom comme partout ailleurs, a été affecté à la grande « Rue principale de Benisaf » en reconnaissance aux valeurs que peut comporter le concept de ce nom et la rue dans sa composante sociale économique, culturelle .Cette « baptisation » de la Rue avait une signification particulière se rapportant à tout les points de vues développés dans ce concept.
La Rue de la République de Benisaf était en soi la belle vitrine de la ville pour ses enfants et pour tout visiteur, elle était aussi la devanture de la commune, elle était la montre des Benisafiens.

Dans un passé récent, La Rue de la République était équipée de commerces multiples très bien achalandés, de bistrots et de cafés pour des rencontres de détentes et de jeux de cartes, le cinéma avait sa place dans des moments bien précis. Ses espaces culturels, sportifs et environnementales étaient l’apanage de la jeunesse, l’animation quotidienne faisait naitre une vitalité au parfum juvénile, de petites « charrettes services » offraient à des prix acceptables « des amuses gueules » comme des « pépitas »( graines de citrouille salées), des poids chiches grillés ( Téraou), des cacahouètes, des bonbons… .
Le commerce était très diversifié et se faisait au gré des gouts de ses habitants et ceux d’ailleurs .L’ordre, la discipline et la morale sociale donnaient une assurance, suivie d’une quiétude et enfin d’une sérénité qui collait dans la peau du lambda Benisafien d’hier. La Rue de la République de Benisaf annexée dans son territoire sous un synchronisme de tous les composantes du concept de la « République », elle avait l’œil sur le vrai et le bien, par sa raison d’être et sa volonté de bien faire, elle détestait le médiocre, l’erreur, le mensonge, la corruption , le laxisme et la misère la citation suivante résume bien cette notion « La République, c’est la liberté, plus la raison. L’État de droit, plus la justice. La tolérance, plus la volonté. La démocratie, dirons-nous, c’est ce qui reste d’une république quand on éteint les Lumières.”.

III – le présent :
Une république n’est point fondée sur la vertu ; elle l’est sur l’ambition de chaque citoyen, qui contient l’ambition des autres.”
Le contexte présent ,tant géographique, social, économique et culturel se rapportant à la Rue n’est pas du tout au gout, ni de la saveur de la République , la ville dans son ensemble s’est clochardisée, et s’est ruralisée pour devenir une sorte de « dachra ».La Rue de la République à perdu son âme pour devenir une Rue de la « République Bananière » Expression inventée par O. Henry en 1904, qui signifie qu’un Etat peu développé, dont l’économie repose sur les richesses naturelles, géré par un pouvoir autoritaire et corrompu soumis à des intérêts étrangers.
La Rue de la République devenue « Bananière » parce quelle n’est plus fondée sur la vertu, il s’agit de voir, de discerner et d’examiner tous les composantes de la Rue pour mieux apprécier à savoir : les trottoirs lieux privilégiés des piétons, sont quasiment squattés par des rôtisseries, par des vendeurs de fruits et légumes et de poissons informelles. Les commerçants en profitent de même pour étaler leurs marchandises sur le trottoir et les gargotes font leur cuisine sur le trottoir en plein air.

La saleté engendre l’affreux décor de la Rue et le comble des combles une partie de la route de la république est squattée impunément pour son utilisation de terrasse de café. Le stationnement n’obéi plus aux règles que les plaques indiquent.
Le carrelage pour tout le trottoir de la Rue vient récemment d’être refait de façon exécrable à tel point que l’ancien était meilleurs que le nouveau, l’Eclairage Public reste insuffisant pour mieux éclairé la Rue, les arbres (ficus) sont mal soignés, ni coiffés, ni badigeonnés, ni désinfectés. Cette situation fait défaut et pousse l’état des choses, des lieux et des personnes à l’anarchie avec plus de désordre, et plus d’indiscipline ; la règle de droit ne fait plus usage de la coutume au quotidien.
Du passé récent, au présent en passant par un passé riche en histoire qu’a vécu principalement et spécialement la Rue de la République et c’est peut être le plus important faisant allusion à d’autres événements.

IV – le passé historique :
La liberté de conscience est fondée sur l’autonomie de jugement grâce à l’école de la République, la seule école vraiment libre, car elle s’ouvre gratuitement à tous les enfants du peuple, et n’a d’autre souci que de libérer les consciences humaines grâce à une culture universelle.”
C’était en 1957, à travers tout le pays, la révolution armée algérienne battait son plein, et plus particulièrement la  «Rue de la République » de Benisaf était occupée territorialement( habitations) ,économiquement( commerces) culturellement( cinémas), militairement( SAS section administrative spéciale) par les colons venus d’Espagne, de Malte, de la Serbie, d’Italie, et bien d’autre contrées d’ailleurs .
Une opération préparée et planifiée par le FLN au niveau du « Hammam de Ould Hammou » Q.G (quartier général) de la cellule FLN de Benisaf située au Plan 2 .Cette opération a été, exécutée par des « fédayins » en l’occurrence Monsieur Khaldi Boucif membre du renseignement du FLN en compagnie de son collègue Djalti. Cette opération était programmée pour le réveillon qui devait se dérouler et se fêter au niveau de l’Eglise de Benisaf. Boucif khaldi était chargé de la dite mission, à savoir déposer une bombe à l’intérieur même de l’église de Benisaf .Khaldi Boucif n’avait sur lui qu’un pull qui ne lui permettait pas de pouvoir dissimuler la bombe, il a de ce fait ,emprunter la veste de son cousin Khaldi Mohamed pour effectuer la mission .La veste contenait les pièces d’identité de Khaldi Mohamed ( elle était le prétexte et la cause qui a poussé Khaldi Mohamed recherché de rejoindre les moudjahidines). Malheureusement, le défaut de la mauvaise programmation de l’explosion de la bombe , s’était manifesté au niveau du haut de la Rue de la République ,elle avait explosé sur le porteur même et Boucif fut déchiqueté en pièces et petits morceaux.

Ce témoignage vivant est attesté et confirmé par tous les Benisafiens de sa génération et il nous a été déclaré par son proche cousin Khaldi Miloud actuellement écrivain public .Ce dernier nous a prodigué également quand il avait 15 ans, comment il faisait passer sans être contrôlé ,ni fouillé à travers les barrages militaires français ; des messages ,des médicaments et autres choses d’utilité destiné aux fédayins. Khaldi Miloud était encore écolier et son cartable lui donnait cette carte blanche de passage comme pour tous les écoliers.
Une seconde bombe (deuxième opération) avait explosé tout prés du cinéma Rex, il avait fait plus de peur que de mal , pas de dégâts , et pas de victimes, le « fidayîn » était Mr.Benaicha Lakhdar habitant du quartier « El Match » suivie quelque temps par une autre explosion exécutée en plein jour par Djemai Mohamed dit « Felousse » qui avait carrément jeté la bombe à l’intérieur du Bar mitoyen de la boucherie Benguigui toujours au niveau de la Rue de la République ;des blessés et des dégâts ont été constatés.

Par ailleurs, d’autres événements de grande importance se rapportant à la lutte de la révolution, se sont déroulés dans cette Rue de la République ; cette fois-ci, il s’agissait d’opérations « kidnapping » de personnalité influente.
Le premier enlèvement opérait par des « fédayins » en juin 1957 était le Médecin « George Benoille » une opération réussite. Une semaine après, un second « kidnapping » d’une grande envergure, il s’agissait cette fois ci du capitaine « RIVO »de l’armée Française, premier responsable de la S.A.S( Section Administrative Spéciale) située au milieu de la Rue de la République .Cette opération fut préparé minutieusement par la cellule combattante du FLN dans le Q.G au plan2 et fut exécutée en plein jour par groupe de « fédayins » à savoir Ahmed Yemma- Mohamed Salam- Zenasni Benzoro( encore en vie mais très malade) et Zenasni Mohamed dit « Skarfas » ce dernier encore en vie modeste mais garde sa vitalité , il est l’auteur de l’événement et de ce témoignage vivant.
C’était dans une voiture « 203 Peugeot » de l’époque que fut kidnappé le capitaine « Rivo » de l’armée française par « Skarfas » et ses collègues, en face même de son bureau de la SAS. Il a été emmené en direction du plan 2 à l’intérieur la maison de Ould Salam et de Zeroual ( cellule du FLN) face au Q.G (Hamam Hamou ).
Cet enlèvement a provoqué une grande panique au niveau de l’armée française et même au niveau de toute la population de Benisaf . Le lendemain, c’était toute l’infanterie d’El Maleh (Rio Salado) ou plus de 40 chars et autant de blindés prenaient la direction sur Benisaf . Cette infanterie avait procédé à encerclement de tout le quartier « plan 2 » dans le but de le raser au cas où le capitaine « Rivo » n’était pas libéré dans l’immédiat. Des négociations se sont établit entre l’armée française et la cellule combattante du FLN ou Abid dit « Radwan » faisait partie et en fin de compte le capitaine « Rivo » a été libéré sain et sauf. C’était un moment très fort, et un événement de grande importance.

La ville de Benisaf est riche en événements de la lutte armée, chaque quartier de la ville possède une série d’événements extraordinaires.
Ces valeureux « fédayins » qui ont fait l’histoire de la ville de Benisaf et de l’Algérie, ceux qui sont encore en vie, refusent la matière (par le biais de la fiche communale) et ne sont pas à ce jour symbolisés pour le mérite et pour le bien .Bien qu’ils ont apporté par un grand sacrifice inimaginable pour que nous vivions aujourd’hui tant bien que mal. Un jeune Khaldi Boucif qui s’est fait déchiqueter par une bombe pour que vive l’Algérie libre et indépendant, cette action devrait nous donner ce sens et cette chaleur pour que la Rue de la République soit le fleuron de la ville alors regarder devant vous Messieurs les premiers responsables, et citoyens de la ville…….les endroits ( stèle du jardin public- Maqam Echahid …)qui symbolisent la mémoire de ces valeureux sont galvauder, souiller et déshonorer par votre complicité flagrante.

BENALLAL MOHAMED
• Les Noms su-cités dans le paragraphe IV le passé historique sont des chouhadas et d’autres encore en vie , de véritables anciens moujahids