L’on me présentait la personne, comme étant un artiste, et en l’observant, avec attention, je n’arrivais pas à situer sur une scène de cinéma ou de théâtre ce frêle individu, modestement habillé, au regard brillant de tristesse qui se dessinait au fond de ses orbites oculaires qui creusaient son visage.
Je poussais alors ma curiosité afin de savoir, quel type d’artiste, il pouvait être-Après m’avoir longuement dévisagé, il me lançait dans un profond soupir qui en disait long et un sourire quelque peux narquois, le nom d’une profession artistique à laquelle je ne m’attendais pas ; -Je suis « Clown, Illusionniste, Prestidigitateur, ou Magicien, comme vous le voudrez »- « Clown-Illusionniste » ? Lui répétais-je.- « Oui Monsieur, cela vous étonne, parce que je n’en donne pas l’impression ! » ajoutait-il – -« Non, ce n’est pas que vous pensez, Clown est une profession que je ne voyais que dans les cirques, et comme ces dernier sont inexistant, je n’arrivais pas à vous situer ! Lui ajoutais-je en un trait.
Je l’invitais alors à me parler de lui et du Clown-Illusionniste, qu’il est devenu- Il m’apprenait alors qu’il s’appelait Benkhettou Djelloul âgé de 66 ans, né le 01 Avril 1945 à Mezaourou, et qu’on connaissait à travers les institutions scolaires de la Wilaya, sous le pseudonyme de « Ami Djelloul » .Le secteur de l’éducation , lui assure depuis des années , une population de jeunes spectateur qu’il retrouvait au sein des écoliers
« AMI DJELLOUL » s’attelle à la perfection de divers personnages que permet le clown se trouvant en lui. , Il est aidée dans sa démarche par, se que rengorgent ses SOUVENIRS et par la qualité du jeu et le professionnalisme de certaines troupes théâtrales de la ville. Ces dernières se révèlent être, une source précieuse. Il se spécialise dans l’écriture clownesque et s’attache à mettre en scène le quotidien, en portant un regard lucide sur le monde.
Il m’ apprenait, que quotidiennement devant son miroir, en ces instants consacrés au maquillage , pour faire une répétition ou avant de donner son spectacle, « Ami Djelloul »,ne cesse de parler machinalement au reflet que son miroir lui offrait ; Un aspect qu’il vénère et déteste à la fois tout en s’agrippant sans jamais vouloir le quitter .Ce Clown, ce personnage auquel il tient, et qui affirma le début de sa carrière. Ce ridicule qui ose le faire pleurer et rire lorsqu’il le désire ou à tout moments, Ce loufoque indéchiffrable, lorsqu’il se présente la face cachée derrière ses maquillages et ses artifices. Cette chose, n’est tout autre que lui ! Lui pour les autres !
Et il se surprend à le questionner, à le bousculer afin de tenter d’en extraire quelque chose qu’il ne connait pas.-« Qui es tu donc, toi, le triste clown, qui charme de bonheur ?, quelle est la couleur de ton âme ? ». Et en s’adressant à moi, comme pour devancer la réponse de son reflet, il me dit « En effet cet individu qui se métamorphose en clown grâce à sa face maquillée, pour égayer, est une personne de notre société, qui représente, beaucoup d’autres personnes, se cachant derrière mes masques et mes tenues burlesques ». Puis avec orgueil et détermination, il continue« J’effectue cette fonction clownesque que j’assume dans la société, comme une prise de distance par rapport à ce que l’on vit -». « -Alors je suis devenu l’obligé de faire rêver ou faire mourir de rire mon public, et Lorsque les gens s’esclaffent sur mes malheurs, je le ressens au fond de mon cœur et le vivre, en mon fort intérieur r, comme la plus parfaites des satisfactions. »
Comme pour vouloir se justifier quelque part, , il m’ajoute –« Vous remarquerez que jamais je ne laisse transparaître mes peines ou mes chagrins, et demeure toujours en quête de distraire mes vis à vis, en me ridiculisant un maximum pourvu que l’effet obtenu soit le rire hilare. Je reste Toujours à l’écoute, prêt à encourager un malheureux par un sourire où une pirouette, même si, au fond de mon esprit, le désespoir règne. je fais tout ce que mon talent permet pour faire sourire le désespéré ».
« Et à la fin du spectacle, tout un chacun rentre chez lui, l’esprit léger, le moral au beau fixe, tandis que moi, replié sur moi même, je remémore la séance en me demandant si j’ai été à la hauteur, de mon public, et me sera t’il fidèle, demain ! Et en me ressourçant dans cette angoisse, je peaufine mes prochaines répliques, mes prochaines grimaces qui feront, que mon entourage sera radieux et épanoui, ma vie de clown, cette face maquillée, de clowns surtout avec un gros nez, pour rire, car on a besoin de rire. Je désire rester le reflet d’un enfant qui a grandi trop vite et a gardé le cœur d’un enfant et arrive à garder un masque de joie à travers les tristesses de la vie ». « J’aime beaucoup mon métier, ça fait rêver… » Un métier qui me permets d’avoir des contacts privilégiés avec les enfants malades par exemple. Me rendre, dans les hôpitaux et autre endroits ou ils se trouvent et les faire rire »
« Ami Djelloul », parlait, parlait comme pour vouloir, pour la première fois vider un trop plein jamais écouté et expliquer à une bonne Ouïe, combien que son métier était devenu une passion . Oui je suis arrivé au début des questions auxquelles je tenais, celles qui devaient me faire connaitre, le comment, il est parvenu au monde du cirque
Il commence alors à me raconter, comment il devint clown :
Son histoire commençait en cette période ou le désir d’émigrer était, une issue de secours, qui pouvait commencer par la campagne de vendange qui sollicitait de la main d’œuvre et notre ami optait pour l’Espagne. Et c’est dans ce pays à Barcelone, en 1968, alors qu’il fut recruté au sein du cirque Berliner Circus, comme agent de service polyvalent. Puis un jour de Janvier de la nouvelle 1969, alors qu’il se retrouvait parmi les seuls des employés obligé de rester et que grand nombre des autres étaient partis passer les fêtes de fins d’années chez eux, cette sorte de providence, dans l’absence des autres, allait le faire assister à la métamorphose progressive de sa situation socioprofessionnelle. Un changement qui le hissait au banc des Clown professionnel. Il devenait le clown qui possède la poésie et l’humour du désespoir. Celui qui émergea de l’ironie du silence et cela jusqu’en 1984
Il devenait témoin d’une absence miraculeuse qui allait être en sa faveur. En effet le second Clown Rodriguez partenaire du Clown –vedette Stéphane, était partie en congé de fête de fin d’année et n’était pas rentré dans les délais. Cette absence, causa une perturbation dans la programmation de Stéphane, et cela ne plaisait nullement à la Direction du cirque-Stéphane tenait a faire une répétition du spectacle, avant cette première à Barcelone -Djelloul qui faisait le nettoyage des cages, surprenait le Clown Stéphane troublé et mal à l’aise,-Comme les ragots du cirque ne se cachaient pas dans le cirque Djelloul, avait compris que Stéphane risquait son contrat, mais ce dernier ne savait pas que Djelloul, pouvait être sa providence,.Djelloul qui aimait rire, se dérobait à chaque fois, pour aller voir le numéro de Stéphane et de Rodriguez et avec le temps, il avait appris par cœur les numéros exécutés. Personne ne savait ni ne se doutait que Djelloul possédait un don à faire rire-Il décida alors de proposer à Stéphane de remplacer Rodriguez- Stéphane n’en croyait pas ses oreilles, et sur le champ reprenait confiance. Djelloul maitrisait, les rôles parfaitement et possédait une interprétation super excellente. Stéphane fut stupéfait en remarquant que l’agent à tout faire était plutôt un artiste.
Alors que le patron du cirque était inquiet par le changement palliatif dans la programmation, les applaudissements et les éclats de rire, l’obligèrent à aller voir se qui se passait sur scène et à sa grande surprise, le tour des clowns faisait un tabac. Le patron qui ne comprenait rien, se rabattait sur la supposition que Rodriguez était surement revenu, sans qu’il ne le sache. Il attendait impatiemment la fin du numéro pour demander des explications à Stéphane. Comme chaque soir les spectateurs marquait la fin du numéro de Stéphane et de son partenaire avec un très grand applaudissement. Le patron à la fois content et étonné s’impatientait pour savoir. Stéphane se rapprochait de lui et ensemble il allait vers la roulote du patron – Quelques minutes après le patron se dirigeait vers Djelloul habillé en clown et le félicitait, tout en lui avançant de le nommer comme clown pour une durée de 6 mois et c’est comme cela que débutait la carrière de Djelloul en qualité de clown..Il demeura alors, de 1969 à 1984 soit 15 ans comme clown au lieu des 6 mois du début.
Le clown cet homme, de la scène, du rire et du voyage, dont rêvait Djelloul est en lui et se retrouve dans le voyage immobile pour toute les journées du futur… Un clown un peu nostalgique qui répètera souvent la même chose, mais il s’efforcera de faire des efforts qui le feront sortir du lot, en, faisant des choses toujours encore plus amusantes. Cet état de chose qui change un peu de la vie, « L’un de mes rêves, celui d’être clown un jour s’est exaucé », ne cessait de se répéter Djelloul..
Cette profession du spectacle greffée au cirque, permettait à Ami Djelloul de visiter plusieurs pays du monde, et à travers ces nombreux voyages, il eu la chance d’apprendre plusieurs langues dont le français, l’espagnol, et l’allemand. Au cours de ces traversées, combien riches en expérience humaines et professionnelle, Ami Djelloul, eu la chance de se faire énormément d’amis à travers le monde et sa bibliothèque mémorial ne manqua pas d’enregistrer énormément de faits et d’histoires que si elles venaient à être recensée, serait la possibilité d’écrire une riche bibliographie personnelle et professionnelle, avec de nombreuses aventures, à faire endormir debout.
Je voudrais ajouter également que son champ d’action était vaste et ne se limitait pas uniquement au clown, sa nature de magicien, faisait partie des secrets de son boulot. En effet pour faire plaisir et rêver les spectateurs, il leur offrait des tours de magie que croient. En fait, il ne fait que de l’Illusion d’optique qui est L’image physique formée au fond de l’œil sur la rétine, analysée point par point, elle est transmise fidèlement au cerveau sous forme de messages codés. Ceci est en principe pareil pour tous. Mais ce sont les zones visuelles du cerveau qui analysent ces signaux et nous donnent une représentation de l’objet perçu. Les illusions sont les témoins des mécanismes de la vision. Elles confirment que notre perception du monde est assez éloignée de la photographie.
Il se propose être le clown et le magicien capable de faire de grandes scènes pour animer des soirées, pour illusionner un moment unique, avec des tours d’une haute qualité visuelle et technique. Son plaisir serait d’aboutir à étonner les spectateurs avec des tours originaux et de l’humour approprié. « Ami Djelloul », désire faire voir de grands tours de manipulation et des « miracles » se réaliser, ainsi que de très grandes expériences de télépathie, ou deviner les pensées
« Il est possible actuellement, dans certain pays européen d’effectuer des études universitaires de clown, et cela est une grande chance pour ceux qui seraient passionnés par une telle activité des arts du cirque, avançait « Ami Djellou » « Si j’étais en âge et que l’on venait à me donner certaines possibilités, j’aurais pu lancer cette formation aux jeunes, parce que mon, expérience de longue année est à elle seule une école dont en profiteraient grand nombre de jeunes en apprentissage, des arts de clown.et du spectacle »
Aujourd’hui, le sens est tout autre mais la pertinence est la même, dans son rôle d’éclairage d’une époque trouble, dont les souvenirs s’effacent petit à petit Ami Djelloul, vit entre le passé ou le clown prenait naissance et son présent difficile, ou personne, à part sa volonté de se maintenir, n’a pensé à lui socialement.
Pour survivre, il est contraint de ne s’attacher qu’à servir les populations qui aime le voire, à travers la simplicité de ses texte, et de sa mimique avec la justesse qu’il faut dans ses tours de magie,, dans l’ambiance de son réalisme, fort d’une gravité, pour se maintenir et la préservation de son humour, pour éviter de sombrer dans la tristesse de ses moments de repos.
Tout en jouant, il attend impatiemment la fin du spectacle, pour diagnostiquer à travers les spectateurs et leurs applaudissements si sa représentation est méritantes de ces acclamations, ou si elle devrait être revue..
Donc autant que les spectateurs sont sa raison de vivre, ils demeurent sa grande source de crainte.