Aujourd’hui, une heure à discuter avec deux importants opérateurs économiques de la ville de Sidi Bel. Ils connaissent la vie économique de cette ville, ses besoins et ses soucis. Leur discours fut pragmatique et leurs questions précises, ce qui change du monde universitaire où l’on aime théoriser, et du monde judiciaire où l’on s’égare parfois inutilement dans les mots. Une heure de dépaysement.
Leur souci du jour, celui de tout leur secteur : une mesure réglementaire qui date de 1985, vielle de 35 ans, née, comme tant d’autres, dans une ère révolue, pourtant toujours en vigueur, applicable à un monde économique qui a évolué et muté. Une mesure devenue désuète. Et parceque désuète, elle constitue un obstacle à l’activité économique.
La constitution de 1989, survenue à la suite de la crise économique de 1986 et les conséquences politiques et sociales qui l’ont suivi, fut des plus importantes, au sens où elle a imposé au pays un ordre politique, social et économique nouveau, tournant la page du socialisme qui a échoué, plus libéral et introduisant en matière économique la primauté du marché sur l’administration. Mes hôtes avaient raison de remarquer que si la constitution de 1989 avait bouleversé les dogmes, les lois subséquentes, surtout celles qui régissent leur domaine, n’ont pas suivi et que les mentalités des dirigeants n’arrivent pas à se mettre au diapason et à se débarrasser d’une culture de gestion des affaires publiques héritée de cette ère révolue.
La constitution de 2020 connaîtra t-elle un meilleur sort ou, comme pour toutes les autres, on n’appliquera de ses dispositions que celles qui intéressent les hommes du pouvoir et l’exercice dudit pouvoir, oubliant de mettre en conformité l’essentiel des lois et règlements qui intéressent la vie économique et sociale, c’est-à-dire la vie de gens?