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Le premier journal électronique de la wilaya de Sidi Bel-Abbes

Charles Baudelaire

ByBenKhelouf K.

Août 7, 2011

 

 C’est parce que mon ami et confrère  Mehaoudi Ahmed est  étrangement silencieux ces derniers temps, soit  qu’il se trouve  en  manque d’inspiration, comme cela nous arrive à tous, soit que  tout simplement il est en vacance, et  lorsque on est en vacance, l’on a besoin de repos, de beaucoup de repos afin de  recharger les batteries.

Alors avant mon  absence de quelques temps, que tu sais, je  tiens à lui dire, que je n’ai pas oublié  ses auteurs préférés qui s’entassaient sur son chevet  et ceux  qu’il adorait lire  tel que  Charles Baudelaire. Donc Cher Ahmed, un petit rappel de cet auteur  ne serait qu’utile à grand nombre de nos lecteurs : Charles Baudelaire  est un écrivain français né en 1821 et décédé en 1867 malade et miséreux. Parti très trop du foyer, il se consacre alors à sa carrière d’écrivain qu’il commence par des critiques littéraires et d’art. Plus tard, il publie le Spleen de Paris, Les paradis artificiels et les Fleurs du Mal en 1857, recueil, dont je vais vous présenter un poème intitulé A une malabaraise. Ce poème est extrait de la partie ” Pièces diverses “ de l’œuvre. Afin de mieux comprendre le sens de ce poème, il faut préciser que Baudelaire a séjourné quelque temps à l’île de la Réunion en 1841.

 A une malabaraise

Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et la hanche
Est large à faire envie à la plus belle blanche ;
A l’artiste pensif ton corps est doux et cher ;
Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair.
Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t’a fait naître,
Ta tâche est d’allumer la pipe de ton maître,
De pourvoir les flacons d’eaux fraîches et d’odeurs,
De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs,
Et, dès que le matin fait chanter les platanes,
D’acheter au bazar ananas et bananes.
Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus,

 

Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus ;
Et quand descend le soir au manteau d’écarlate,
Tu poses doucement ton corps sur une natte,
Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,
Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris.
Pourquoi, l’heureuse enfant, veux-tu voir notre France,
Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,
Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,
Faire de grands adieux à tes chers tamarins ?
Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,
Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,
Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs,
Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs,
Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges
Et vendre le parfum de tes charmes étranges,
L’œil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards,
Des cocotiers absents les fantômes épars !