La conférence de presse « improvisée » par M. A. OUYAHIA , Premier Ministre, à l’issue de la tripartite nécessite qu’on y revienne « à tête reposée ».
- M. OUYAHIA a été fidèle à sa tradition de « fin diplomate » de « magique orateur » doué de répliques persuasives destinées à « alléger l’ambiance ». Paternaliste affirmé, fin démagogue, un tantinet humoristique, il a l’art de transmettre le message, tel qu’il veut qu’il soit perçu par le récepteur. Tout l’art de la communication. Dans ce chapitre, M. OUYAHIA aura remporté la bataille.
- Dans le chapitre «social» M. OUYAHIA aura placé la seule mesure prise -l’augmentation du SNMG – comme une prouesse, un exploit. Un acquis jamais réalisé. Il a le don de faire d’une souris, une montagne. Car, en fin de compte, l’augmentation du SNMG de 3 000 dinars risque de ne pas toucher beaucoup de monde avec les implications induites. Qu’on en juge : un travailleur qui percevait 15 000 DA/mois bénéficiait de 600 DA d’allocations familiales par enfant. A 18 000 DA, il ne bénéficiera que de 300 DA. S’il a 4 enfants, il va perdre donc 1200 DA déjà. Si l’on tient compte que, dépassant le seuil d’abattement de l’IRG (15000), il va désormais payer l’IRG, puisqu’il perçoit 18 000 DA. Alors, ce qui a été donné d’une main, est retiré de l’autre. Le travailleur n’aura rien gagné. Par contre ceux qui ont leurs mirobolantes pensions et émoluments calculés sur le SNMG, le gain est substantiel. Qu’en est-il des retraites ? Elles doivent patienter. La fiscalité pétrolière n’est pas durable, la preuve ? Le problème des retraites est planétaire (allusion à la France et tout ce qu’a généré la dernière loi ?)
L’augmentation des salaires des autres catégories ? C’est déjà fait, d’abord pour lever les incohérences, et il cite –toute honte bue -, celle des Secrétaires Généraux des Ministères sous-payés par rapport aux Directeurs des Agences de Régulation qui leur sont inférieurs, en terme de statut social. Les premiers perçoivent 100 000, 00 Da/ mois, alors que les seconds perçoivent un salaire 2 fois et demi supérieur, soit 250 000, 00 DA. Donc pour corriger l’incohérence, le salaire des Secrétaires Généraux doit passer à au moins 350 000, 00 DA/mois.
Sur le plan syndical, la tripartite ne peut réunir une armada de syndicats. Il faut du temps pour mettre en place une véritable représentativité. Mais cela n’est évidement pas valable pour l’UGTA. En attendant, les nombreux syndicats autonomes doivent se contenter de négocier avec leurs partenaires sectoriels, et faire des grèves à longueur d’années. Quant à l’IRG, on n’en parle pas, car c’est le véritable pourvoyeur du Trésor. Personne ne paye d’impôts hormis les salariés. Réduire l’IRG reviendrait à réduire le budget de l’État, donc des salaires de ses cadres.
3. Dans le chapitre « économique », il faut à tout prix booster les investissements pour créer de l’emploi. La continuation de la mise sous perfusion des entreprises publiques est une nécessité selon M. OUYAHIA car, selon lui, il n’y a pas eu d’acheteurs. Personne n’a voulu les acquérir. C’est suffisant pour continuer à leur consacrer une partie de la rente pétrolière. Mais attention! M. OUYAHIA, vous dîtes que la rente pétrolière n’est pas éternelle. Il suffit d’une crise pour revoir le prix du baril redescendre à 10 $ US. On a attendu les IDE, ils ne sont jamais venus, dîtes-vous? Alors que faire ? Il ne nous reste qu’à encourager l’investissement privé national, seul capable de développer le tissu industriel et créer de l’emploi.
4. C’est dans le chapitre « politique » où M. OUYAHIA aura réussi à passer le message le plus important. «Je démens formellement l’existence d’une quelconque amnistie générale!» a-t-il dit. M. KSENTINI a dû se frotter les yeux et curer ses oreilles longuement. Il a dû se pincer à plusieurs reprises pour vérifier s’il ne rêvait pas, lui qui faisait de cet élément son fonds de commerce et le criait à tous les coins du Pays. Mais le message s’adressait-il exclusivement à KSENTINI ? Quand on sait que ce dernier puise ses orientations là où vous savez, le message est-il également adressé à ce niveau -là ? Cela voudrait dire que la bataille électorale est déjà engagée.
Conclusion : L’UGTA continue de croire à la rente et à en profiter. Les « professionnels » de la Centrale payés comme des Ministres et bénéficiant d’avantages souvent supérieurs à ceux des cadres de la Nation, assurent leur avenir et celui de leurs enfants. Quant aux travailleurs,qui bénéficient d’une augmentation virtuelle du SNMG , ils doivent se contenter de voter pour eux, même pas, juste souvent d’accepter leur désignation. Quant aux retraités, ils doivent attendre l’action de solidarité promise.
M. OUYAHIA continue de manipuler le Peuple, le Pouvoir, l’UGTA, les partis donc tout le Système.
Ceci lui permet de préparer sa campagne électorale en toute quiétude.
Si le patronat est composé de gens «honnêtes», d’industriels émérites et investisseurs importants, il n’en demeure pas moins que des «beznassi» en son sein, continuent à profiter des avantages octroyés dans le cadre de la promotion des investissements.
Finalité : On n’est pas encore sorti de l’auberge que ce soit pour le Social, l’économique ou le politique. Le système a de beaux jours devant lui.