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Chronique du jeudi: DE BENGHAZI A GHARDAIA, PASSANT PAR ALEP.

ByDjillali C.

Juil 9, 2015

Le comble de l’ironie macabre, est qu’à Ghardaïa, c’est le «stade de la Fraternité» qui connaîtra le début des premiers affrontements et que la première victime ne tardera pas à tomber sous les balles d’un assassin dans les environs du célèbre institut «El Hayat» Drôle de manière de mettre en exergue la fraternité et la vie!
La fameuse formule «choc des civilisations» attribuée à Samuel Huntington que lui-même a emprunté à Bernard Lewis qui l’employa en 1957 sans en être l’inventeur, vient d’être reprise par Manuel Valls, le premier Ministre Français, soulevant un tollé dans l’Hexagone.
En réalité, c’est bien avant Huntington, soit en 1946, lors d’un débat à la Radio relatif au concept de «personnalité algérienne» qu’Albert Camus sera le premier à utiliser ce concept, lorsqu’il conclut : «Nous voyons dans le monde entier des civilisations colonisées surgir peu à peu et se dresser contre les civilisations colonisatrices. Peut-être que la France, avec son génie particulier aurait avantage à (…) devancer l’Histoire plutôt que d’être continuellement à sa remorque! »
N’en déplaise à l’auteur de l’Etranger, depuis longtemps la France est à la traîne et ce n’est ni sa guerre en Libye et l’assassinat de Gueddafi, ni sa médiation guerrière au Mali, encore moins ses tergiversations syriennes, qui feraient d’elle une « avant-gardiste« . Mais que son Premier ministre évoque la « guerre de civilisations« , voilà qui nous pousse à le renvoyer aux mots de son compatriote Camus, mais en le priant cette fois-ci de tenir compte de la nuance bien précisée par Samuel Huntington et qui affirme que « la croyance occidentale dans la vocation universelle de sa culture, a trois défauts majeurs : elle est fausse, elle est immorale et elle est dangereuse ».
Ce concept dont l’objectif n’est en définitive qu’une Stratégie de dislocation du monde arabe dont le projet date du fameux plan de Obed Yinon ex- fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères qui le résumait comme suit : «Le projet reproduit fidèlement les théories géopolitiques qui avaient cours en Allemagne dans les années 1890-1933, qui furent adoptées telles quelles par Hitler et le nazisme, et qui guidèrent leur politique en Europe de l’Est. Les objectifs fixés par ces théories, en particulier le démantèlement des Etats existants, reçurent un début de réalisation de 1939 à 1941, et seule une coalition à l’échelle mondiale en empêcha l’application à long terme.»
Cette référence historique nous renvoie bien à la théorie du chaos prônée par les stratèges de Daesh dont le manuel à l’usage du djihadiste lui édicte de créer, parmi les peuples soumis, un « état de sauvagerie ». D’où les exécutions spectaculaires, « La pratique de la violence doit être appliquée aux otages et autres prisonniers de manière à jeter crainte et terreur dans le cœur de l’ennemi« . C’est ce que Daesh appelle la gestion de la sauvagerie : (Idaratu attawahhuch), d’où le chaos (…), les massacres, l’effondrement des Etats.
L’opération secrète dénommée « Nid de frelons », montée par la CIA et le Mossad que vient de révéler Snowden, fut à l’origine de la création de Daesh en application de cette édifiante sentence : « La seule solution pour protéger l’État juif était de lui créer un ennemi à ses frontières, mais en le dirigeant contre les états islamiques qui s’opposent à sa présence »
Le silence complice et surtout l’égoïsme des Pays Arabes et Musulmans a fait ce lit de destruction et y a grandement contribué, chacun pensant qu’il sera épargné. Au moment où l’Algérie était à feu et à sang, Feu le Roi du Maroc, souhaitait «une expérimentation d’un pouvoir islamiste » et les prêches du vendredi en Arabie Saoudite priaient «pour la victoire des Moudjahidines contre les Laïcs» Mais voilà ce fut le tour de l’Irak, la Libye, la Tunisie, l’Egypte et la Syrie. Plusieurs tentatives furent entreprises en Algérie, y compris en ayant recours à des manipulations honteuses et scandaleuse, telles ces scènes d’émeutes tournées à Oudja par El Djazeera et supposées se passer en Algérie. Ce fut ensuite le gaz de Schiste et Ain Salah, et enfin, les tentatives récurrentes à Ghardaïa où le conflit ethnique pourrait être porteur. La nouvelle culture imposée par le Salafisme wahabbiste a développé une intolérance une haine de l’autre. Elle a développé un Islam ostentatoire au détriment d’un Islam tolérant et noble. Cette culture a développé le refus de toute idée contraire, de tout débat. Est illicite tout ce qui n’est pas comme moi. Une dictature individuelle. Cette culture a amené Ali Belhadj à appeler à tuer, toute personne qui ne jeûne pas. Elle a engendré la haine entre deux communautés qui ont vécu des siècles en parfaite harmonie. Dès lors que des pseudo-imams dans des chaînes pseudo-religieuses, déclarent licites le meurtre des «ibadites»
Alors, aujourd’hui, je fais mienne cette conclusion d’un journaliste Européen:
«Aujourd’hui, nous sommes tous condamnés à demander des comptes, et mieux vaut tard que jamais. Des comptes à qui? Non seulement aux parrains de Da’esh mais également aux raïs omnipotents, aux rois et roitelets ! Qu’ils s’engagent, qu’ils tempêtent, qu’ils s’enflamment, et que les « papes » d’Al-Azhar lancent fatwa sur fatwa contre ces négateurs d’humanité : qu’ils décrètent donc, dirons-nous pour user de leur rhétorique, qu’ils décrètent l’Etat islamique illicite devant Dieu et les hommes.

djillali@bel-abbes.info