Le Président décide d’envoyer des émissaires chez les Pays producteurs de pétrole, membre et non membre de l’OPEP. Même le lointain Azerbaïdjan n’a pas été oublié. Devant le refus entêté de certains membres influents du Cartel d’organiser une réunion pour revoir la stratégie de prix, à la demande de l’Algérie, le Président n’a d’autres recours que faire appel à l’ancienne méthode. Faire du lobbying et essayer de jouer sur la fibre nostalgique. Peut-être que…. Mais, resté ancré dans les croyances qui ont fait le Monde bipolaire des années 70, notre cher Président oublie que les choses ont fondamentalement changé. Elles ont pour nom, marché, offre, demande. Il n’est plus question de «nif», d’appartenance à tel ou tel bloc. Le Monde n’est plus cette scène de confrontation «Bloc Est vs Bloc ouest » dirigés par les ex-puissants USA et ex-URSS. Le temps où Boumediene se permettait de signer un chèque à blanc pour la fourniture d’armes pour les armées arabes engagées dans la guerre d’Octobre contre Israël, est révolue ; même si Bouteflika continue de s’y croire en décidant régulièrement d’éponger des dettes de certains Pays, alors que la situation économique et sociale exigeait plutôt de la rigueur et de l’austérité.
Mais que peuvent faire ces émissaires devant l’intransigeance de la stratégie développée par l’axe Riad-Washington et animée par les banques américaines et notamment la FED. Que peut faire le pauvre Louh devant Sa Majesté Wahhabite?
Car, la décision ayant abouti à la chute du prix de pétrole n’est pas due exclusivement à une forte offre par rapport à la demande, ce qui aurait du générer une inflation, ce qui n’est pas le cas. En effet, si les prix ont périclité de plus de leur moitié en l’espace de 6 mois, l’inflation continuait à voguer autour de 2% dans les Pays occidentaux. Conséquence, ce n’est point le gaz de schiste – qui soit dit en passant, crée du bonheur au USA et du malheur chez nous – qui a boosté la demande et provoqué l’effondrement des prix, mais plutôt, une stratégie financière en rapport avec le dollar, monnaie d’échange exclusive dans le commerce du pétrole. L’Arabie Saoudite premier producteur mondial, donc premier bénéficiaire de la manne monétaire est l’un des plus grands bénéficiaires, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, même si elle contribue à affaiblir des Pays comme la Russie pour la punir des évènements de l’Ukraine et l’Iran pour son programme nucléaire.
Parler de souveraineté quand il s’agit de la venue d’Enrico Macias en Algérie (ce n’est qu’un exemple arbitraire!) et se compromettre ridiculement dans des situations inextricables qui remettent en cause la sécurité du Pays de par les effets qu’elles peuvent générer, est à notre avis une aberration saugrenue. D’autant plus que cela devient une habitude qu’à chaque fois que l’on exhibe ce principe de souveraineté, c’est par la bouche et la plume de ceux qui tous bénéficient de la double nationalité, de résidence en France et dont la progéniture vit en France. Cela n’est-il pas scandaleusement odieux ?
Alors, quid de cette «souveraineté» quand, à force d’avoir raté la diversification de son économie pour se mettre à l’abri de la dépendance de la rente pétrolière, l’Algérie se trouve contrainte de quémander le soutien de Pays lilliputiens mais producteurs de Pétrole, pour juste une remontée des prix, permettant de maintenir la rente et perpétuer le système! Ce système, qui pendant plus d’un demi-siècle n’a pas été en mesure de développer une économie à même de le libérer de la dépendance des hydrocarbures, continue dans ses perversions et dérives puisqu’au lieu de se ressaisir, il persévère en voulant à tout prix, y compris celui de l’aliénation des populations du Sud, substituer une autre rente, celle du gaz de schiste, confirmant la théorie du crash, lancé par le Ministre des travaux publics à propos du maintien tel quel des projets retenus par le plan quinquennal, où par exemple, celui affecté uniquement aux routes, est égal au PIB de la Tunisie ! Voilà pourquoi, on milite pour la rente. Juste pour pouvoir gonfler le nombre des 440 algériens qui détiennent des comptes bancaires dans cette Banque Suisse – la HSBC – révélés dans un « Swissleakes » et dont le principal jouit de la mirobolante somme de 34 millions d’Euros ! Si l’on constate que ces informations ont été « volées » durant la période des scandales de « Sonatrach1, 2 et 3 » et de l’autoroute est-ouest, il y a de quoi comprendre, pourquoi que le Système insiste pour ne pas toucher aux programmes fixés par le plan quinquennal, alors que la justice en Tunisie a immédiatement ouvert une enquête pour blanchissement d’argent!
Alors, de grâce, ne nous saouler plus avec votre air hypocrite cachant mal un passeport grenat et des dialogues à la Molière dans vos cuisines le soir, avec des leçons de « souveraineté » mal placées, parce qu’ubuesques.
Tant que la rente coule à flot, le Système perdurera et l’ANSEJ corrompra. Le temps est loin où nous pourrons avoir notre travailleur – à l’image de cet Américain – qui fera 33 kms à pied quotidiennement pour rejoindre son travail à l’heure. Mais, les gens qui le gouvernent sont avant lui à leur poste, même s’ils utilisent leur voiture et leur jet, ils payent leurs impôts et créent de l’emploi.
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