Chronique du jeudi : «LE PRINTEMPS ANGLO-SAXON»

Aujourd’hui, ce jeudi 18 septembre, on saura ce qu’adviendra, du printemps écossais. En effet, c’est ce jour historique, que les urnes rendront leur verdict implacable quant à l’indépendance ou non de la «République de l’Écosse» Il s’agit là d’un véritable évènement inattendu et portant un double coup et à la fameuse stabilité des Pays occidentaux d’une part et la très forte conservatrice Monarchie Anglaise de la Perfide Albion, d’autre part.
Fortement habitués à dicter leur politique et «haute stratégie» aux «indigènes», les Pays Occidentaux ont complètement oublié de s’occuper de leurs affaires et ce qui devait arriver, arriva.
L’Écosse, un Pays largement autosuffisant ne veut plus partager ses richesses pour combler le déficit des autres régions. Fort de son Histoire, il a vécu une longue période de résistance et de guerre contre les Anglais. Les guerres d’indépendance de l’Écosse furent une série de campagnes militaires qui opposèrent l’Écosse à l’Angleterre durant la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle.
La première guerre (1296-1328) débuta avec l’invasion anglaise de l’Écosse et se termina avec la signature du traité d’Édimbourg-Northampton en 1328. La deuxième guerre (1332-1357) éclata lors de l’invasion d’Édouard Balliol, soutenu par les Anglais, en 1332, et se termina en 1357 à la signature du traité de Berwick. Ces guerres firent partie d’une grande crise nationale pour l’Écosse et l’époque fut décisive pour l’histoire du pays. À la fin des deux guerres, l’Écosse maintient son statut de nation libre et indépendante, ce qui fut son objectif tout au long du conflit, jusqu’à 1707.
La férocité et la longueur des guerres ont même fortement inspiré Hollywood puisque de nombreux films sacralisent les luttes écossaises, dont les deux superproductions qui ont dominé le box-office, demeurent incontestablement : «Bravehart » et « Christian & Iseult »
Aujourd’hui, une forte propension de son Peuple, menée par une opposition farouche, revendique son indépendance et le référendum a été fixé à aujourd’hui.
Les sondages s’entrechoquent. Les premiers ont donné une large victoire au «oui» pour l’indépendance. Le lendemain, un autre sondage favorise plutôt les tenants du « non » et l’attachement à la Reine. Certainement commandé par les lobbies et les gouvernants de Sa Majesté.
D’ailleurs, les pressions ont immédiatement commencé à pleuvoir : Les entreprises d’abord ont menacé leurs travailleurs d’un chômage implacable, en cas de victoire du «oui». Les banques de leur coté, menacent de quitter le territoire. On est en démocratie, d’accord, mais n’exagérons pas ! Ont l’air de dire les gouvernants britanniques. De l’autre coté, on met en exergue la grande richesse de l’Écosse, l’adhésion à l’Union Européenne, la base stratégique sous-marine et surtout le Pétrole off-shore qui constituera un élément déterminant de l’évolution du prix  du baril, que l’Écosse soit indépendante ou non. La lutte est âpre est le suspense demeure.
Cette Union Européenne justement, redoutant une contagion, a du mal à cacher sa nervosité face à la perspective d’une indépendance de l’Écosse et agite la menace de rejeter Édimbourg hors de l’UE. Son président, José Manuel Barroso, s’était attiré les foudres des indépendantistes écossais en février lorsqu’il avait déclaré qu’il serait «extrêmement difficile, voire impossible» pour une Écosse indépendante de rejoindre l’UE. «Il sera bien sûr très difficile d’obtenir l’accord de tous les autres États membres de l’UE pour accepter un nouveau pays venant d’un autre État membre», avait-il déclaré. Il avait cité l’Espagne, confrontée aux revendications séparatistes, qui a refusé de reconnaître le Kosovo. «C’est d’une certaine façon une situation similaire, car il s’agit d’un pays nouveau », avait-il ajouté. Une maladresse, que les indépendantistes écossais s’étaient empressés de dénoncer en distinguant leur référendum, consenti par Londres, à la déclaration d’indépendance du Kosovo unilatérale et contestée par la Serbie.
Alors qu’ils aient été prompts à désunir le Yémen et le Soudan; après avoir complètement démembré l’Irak, la Syrie et la Libye, après toutes les leçons civilisatrices inculquées au «indigènes,» voilà que leurs Peuples se réveillent.
La pilule est dure à avaler ! Le branle-bas est quasi-permanent au Palais de Sa Majesté. Cameron, a été dépêché en catastrophe à Glasgow pour contrecarrer la victoire du «oui» par n’importe quel moyen, à n’importe quel prix.
Ce n’est pas tant le sort de l’Écosse seulement qui fait peur, en cas de victoire de l’indépendance, mais le fait accompli et la contamination. D’abord pour les autres Pays de la Grande-Bretagne et en particulier l’Irlande, l’Eire et le Pays de Galles.
Ensuite en Espagne, le Gouvernement et le Roi fraichement intronisé, commencent à avoir des insomnies, la Catalogne s’agite. Elle est dans la même situation que l’Écosse. Elle est la «vache à traire» pour les autres régions, c’est pourquoi, cela fait longtemps que cette région revendique son indépendance. A chaque occasion, le drapeau Catalan est brandi. Cette région Ibérique jouit d’un atout supplémentaire sur l’Écosse, la langue. Elle a sa propre langue à la différence des Écossais qui ont l’Anglais en commun avec la l’Angleterre.
Alors, quel que soit le résultat du référendum d’aujourd’hui, l’Histoire est en marche. L’Écosse sera un jour ou l’autre indépendante, si ce n’est pas Mars prochain, façon de fêter le printemps (date prévue en cas de victoire du «oui»)
Le tour de la Catalogne et des Pays Basques pour l’Espagne ; de la Corse et Monaco pour la France, de la Sardaigne pour l’Italie, les Flamands et le Wallons en Belgique et le Tibet pour la Chine…. viendra inéluctablement.
Alors là, peut-être que les Pays Occidentaux s’occuperont plus de leurs affaires que de vouloir « civiliser les indigènes »
En attendant que le peu d’Indiens de l’Amérique se réveillent, on assistera certainement à un « printemps occidental » tout à fait inédit. L’Algérie aura l’occasion de défendre son sempiternel principe du « droit des peuples à l’autodétermination » Le pourra-t-elle ?
djillali@bel-abbes.info