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: «LES GÉRIATRES ET LES CACIQUES: JUSQU’À QUAND?»

ByDjillali C.

Jan 23, 2014

L’âge pour gouverner est un thème récurrent dans les débats d’actualité. Le contribuable s’émeut souvent de la vieillesse et la sénilité de ses gouvernants et de l’absence de jeunesse qui ne demande qu’à participer au développement du Pays. Le parti unique d’abord, la rente, le clientélisme et le népotisme ensuite, ont fait que la nomination aux postes supérieurs de l’État est désormais squattée par les forces au pouvoir, qui recourent souvent à des permutations en veillant à maintenir les mêmes. Ainsi, on arrive à dénombrer plusieurs personnes qui restent pendant des périodes de près de 20 ans comme Ministre, Ambassadeur, Wali…..
Je me suis amusé à voir les âges de nos différents Ministres dans les différents gouvernements qu’à connu notre Pays. La surprise fut éloquente. En effet, l’âge moyen des membres du premier gouvernement de l’Algérie indépendante était de 40 ans, alors que celui de l’actuel est de 63ans.
Le cadet des Ministres du premier gouvernement de Benbella était âgé de 26 ans et le doyen avait 55 ans, alors qu’aujourd’hui, le cadet a 50 ans et le doyen 78 ans.
Donc, l’Algérie ne fut pas toujours dirigée par des gériatres caciques. Ceux-là ne se sont constitués que par la suite, à la faveur du parti unique et de la rente.
Si l’on examine de près le Gouvernement de Benbella, il était composé comme suit :
Bentoumi, Ministre de la Justice, 40 ans ; Medeghri Ministre de l’intérieur, 29 ans ; Boumédiène Ministre de la Défense, 31 ans, Khemisti ; Ministre des AE, 33 ans ; A. Francis, Ministre des finances, 51 ans ; Ouzeggane, Ministre de l’agriculture, 53 ans ; Khobzi, Ministre du commerce, 36 ans ; Khalifa (père de Rafik Moumen) Ministre de l’énergie, 46ans ; Boumendjel, Ministre des travaux publics, 55 ans ; Boumaza, Ministre du travail, 36 ans; Benhamida, Ministre de l’éducation, 32 ans ; Nekkache, Ministre de la Santé, 45 ans ; Zaïbek, Ministre des postes et télécommunications, 40 ans ; Mohammedi, Ministre des Moudjahidines, 51 ans, Bouteflika, Ministre de la jeunesse et du tourisme 26 ans ; Boulaouane, Ministre de l’information, 35 ans ; alors que Benbella était Président à 47 ans.
Alors que si l’on prend au hasard, le dernier gouvernement, la deuxième version de Sellal, on retrouve : Gaid Salah, à la défense, 72 ans ; Belaiz à l’intérieur, 64 ans ; Lamamra aux AE, 60 ans, Louh à la justice, 61 ans ; Djoudi aux finances, 54 ans ; Yousfi à l’énergie, 71 ans ; Necib à l’hydraulique, 56 ans ; Ghoulamallah à la religion, 78 ans ; Abbas aux Moudjahidines, 76 ans ; Benyounes à l’industrie, 54 ans ; Ghoul au transport, 51 ans ; Baba Ahmed à l’éducation, 61 ans ; Toumi à la culture, 54 ans ; Benbada au commerce, 50 ans ; Mebarki à MESRS, 59 ans ; Tebboun à l’habitat, 67 ans ; Benmeradi au travail, 58 ans ; Derdour aux telecom, 57 ans et El Ghazi 63 ans.
C’est pratiquement la crèche contre le centre de repos de retraités.
Ces Ministres dont la majorité avaient le même âge que ceux qui ont occupé les postes à l’indépendance, n’avaient certainement pas les capacités nécessaires en ce moment, à l’image d’un Louh qui n’a eu sa licence en droit qu’en …. 1978, pour être instituteur avant d’embrasser la carrière de magistrat.
Il est donc farfelu de ressasser l’éternel « le peuple n’est pas mâture, pour occuper des postes névralgiques » récurrente dose populiste et démagogique destinée beaucoup plus à pérenniser la rente et les privilèges qui vont avec. Car, en 1963, il y avait le même peuple et l’Algérie avait certainement un des Gouvernements les plus jeunes de la planète, sinon le plus jeune. Le président de la République avait 47 ans à un moment où aux Etats-Unis et en Europe, on était encore à désigner des gériatres pour diriger les Pays. Aujourd’hui, malheureusement, la tendance s’est inversée. Le plus jeune Président -même s’il n’a pas été élu – fut Boumédiène à l’âge de 33 ans. Seul l’actuel dictateur de la Corée du Nord peut l’égaler.
Pour ce qui est des chefs de Gouvernements, le plus jeune de l’histoire aura été sans conteste Ouyahia qui le fut à l’âge de 43 ans suivi de Hamrouche, 46 ans. Le fauteuil du doyen est partagé par Belaïd Abdeslam et Sellal 64 ans.
Bouteflika, seul rescapé du 1er gouvernement de l’Algérie indépendante, continue à gouverner.
Moi, j’aimerais bien que le Président eût trouvé le temps et la force de lire ma lettre de jeudi dernier et d’y répondre favorablement. Il veillera peut-être s’il pourra lire cette chronique, à réaliser l’exploit de contribuer à l’élection d’un nouveau président de moins de 30 ans! Mais la Constitution -également sur mesure? – ne le permet pas. Alors disons, 40 ans pour être en conformité. Il est permis de rêver, même si les signes avant-coureurs d’un quatrième mandat se font fortement sentir……

djillali@bel-abbes.info

2 thoughts on “: «LES GÉRIATRES ET LES CACIQUES: JUSQU’À QUAND?»”
  1. Et que peut-on dire alors des sénateurs (Majlis el-ouma). On dit toujours que le Sénat est un repère pour vieillards même s’ils peuvent apporter un éclairage en libre. Mais là ! Leurs collègues ministres du Palais du gouvernement ne pourraient guère les traiter de papys de la politique. C’est carrément l’hospice. Bon ! C’est vrai ! Etre vieux en politique ce n’est pas un crime. Seulement, la politique « au fil » de l’âge a toujours été une relation de cause à effet. Révolutionnaire à 20 ans, conservateur à 60 ans ! Et voilà pourquoi l’Histoire de CASTRO étonne les Américains.

    Si l’on observe bien l’époque ou plutôt la « Période » de 1962 à 2014(52 ans,après !).On remarquera certes que : Mr le Président a annoncé vouloir passer la main. Mais au fait, lui était « ministre » dans le premier gouvernement, c’est dire qu’on peut commencer ministre et finir président dans une « haute période » où disant dans une même « génération ».
    Si en Socio-démographie, l’âge d’une génération est de 20 à 30 ans. En politique l’âge social et biologique ou encore l’appartenance générationnelle sont « décisifs ».

    La politique en Algérie, est elle devenue un truc de vieux ? Oui ! Si encore ces mêmes ministres nous inventent un autre truc, sous sa fameuse désignation conceptuelle de « période de transition ».
    Parce que tout simplement, l’arithmétique ne peut plus jouer en leur faveur.

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