Si le paysage mexicain au-delà de la frontière U.S. est caractérisé par la couleur ocre imprégnée par un désert impitoyable, mais agrémentée de tâches verdâtres de quelques cactus accrocheurs, sous la symphonie des sifflements de crotales ; si le paysage écossais est ensorceleur par son tout vert, tant en hauteur par les arbres, que dans son horizon par les herbes, bercé par la mélodie d’un smog éternel ; le paysage à Sidi-Bel-Abbès a étrangement une dominance bleue générée par la profusion de sachets en plastique que nous nous évertuons à jeter dans la nature et que le sirocco se charge de placer dans les décors n’omettant ni arbres, ni rares buissons, le tout – tel un film d’horreur – caressé par le crissement des grillons.
Pourtant, le mardi soir, en parcourant l’autoroute je fus surpris par le nombre impressionnant d’ouvriers, d’orange vêtus, s’affairant au nettoyage de la plus petite parcelle du tronçon reliant Oran à Sidi-Bel-Abbès. Ma surprise fut d’autant plus grande, au niveau du périphérique nord, nord –ouest et Sud, où pratiquement depuis la pénétrante de l’autoroute jusqu’au rond point de la route de Sidi-Ali Benyoub, le paysage est devenu verdoyant. Comme par enchantement ! Des fleurs ornaient les ronds-points, des arbres sont nés du néant, de magnifiques palmiers complétaient le décor. Des peintures fraîches sur les trottoirs et les lignes continues et discontinues nous rendaient euphoriques et nous évitaient le stress que l’on développe à chaque fois, au vu des paysages offusquant et agressifs. Décidément, celui qui avait dit que les Algériens étaient capables de miracles, ne s’est donc pas trompé et la visite de M. SELLAL vient nous rappeler que quand on veut, on peut.
La visite de M. SELLAL a Sidi-Bel-Abbès, aura été une réussite pour les Bel-abbésiens beaucoup plus que pour lui, même si cela avait l’air d’une complainte d’«el atlal» pour ce personnage un peu porté sur la nostalgie, lui qui a passé une bonne partie de sa carrière à Sidi-Bel-Abbès.
Elle aura été une réussite d’abord par l’enveloppe accordée pour le développement (plus de 23 milliards de DA), par la contribution qu’il a bien voulu offrir à l’équipe fanion (2,5 milliards de cts) en promettant une rallonge. Elle aura été une réussite par la déclaration de M. le Ministre de l’enseignement supérieur qui annonce qu’une commission d’enquête a été mise en place pour les examens de résidanat de médecine qui ont fait couler beaucoup d’encre et a déjà entamé ses travaux.
Elle aura été une réussite par la décision prise par M. SELLAL de donner instruction aux représentations diplomatiques algériennes à l’étranger pour faciliter les visas aux experts étrangers, en réponse à la préoccupation d’un opérateur agricole privé.
Elle aura été aussi une réussite pour M. Le Wali qui s’est vu conforté dans sa démarche par le Premier responsable de l’exécutif. Le fait de s’inquiéter du sort de l’USMBA en remettant publiquement les chèques au Wali, peut-être vu comme une reconnaissance d’être le « patron » de l’équipe et une «bénédiction» aux actes qu’entreprendrait le wali pour aider le club. M. Hattab qui a fait preuve jusque-là d’une volonté affichée d’accélérer le développement de la Wilaya qu’il dirige, ne peut que se sentir rassuré et aller au-delà.
Mais c’est au cours de la réunion avec les représentants de la société civile que M. SELLAL aura été le plus prolixe. Alliant humour au sérieux, le premier Ministre a pour la première fois parlé de bilan pour la présidentielle. En effet, les différentes structures du Gouvernement, les EPE, les Banques…, ont été toutes instruites et s’attèlent à préparer un bilan des réalisations de 1999 à ce jour. Pour orientation, M. SELLAL rappellera que le Président, à sa première prise de pouvoir, s’est fixé trois objectifs essentiels : La paix ; retrouver le concert des nations et relance économique.
Pour M. SELLAL, les deux premiers objectifs ont été réalisés et le troisième entamé. Et c’est justement ce troisième objectif qui constitue le handicap majeur du développement du Pays. L’Algérie qui connaît depuis longtemps déjà des résultats macro-économiques très performants dus essentiellement à la manne pétrolière, subit paradoxalement une crise sur le plan micro-économique. En effet, le chômage ne veut pas reculer, le taux de croissance reste faible et du essentiellement aux recettes de la fiscalité pétrolière, la production demeure extrêmement faible, l’investissement quasi-nul malgré les multiples opérations de charme et d’encouragement, la culture est non-grata. L’Algérie malgré sa santé financière qui rendrait jalouses les places financières suisses, reste dépendante de l’étranger en tout et notamment pour les matières stratégiques tels l’alimentation et le médicament.
Si l’investissement tarde à venir s’est parce que les opérateurs sont confrontés à des problèmes majeurs qui les dissuadent : D’abord la bureaucratie et la corruption, ensuite le problème du foncier qui tarde à trouver une solution malgré les diverses tentatives, mais aussi et surtout le dictat des importateurs qui voient en l’investissement le tarissement du filon du gain facile. Ce lobby dirigé par des personnes influentes, sait pertinemment que chaque investissement dirigé vers une production d’un bien localement, supprimerait son importation et donc une source d’enrichissement. C’est l équation à résoudre, M. SELLAL. Sinon, la relance économique ne saurait être pensée et ce n’est certainement pas l’injection de sommes astronomiques à des EPE moribondes, ni le rachat d’entreprises privatisées auparavant, qui va régler le problème. La solution ne peut venir que d’un entrepreneuriat privé.
Cet entrepreneuriat peut venir des «Siciliens» qui n’ont jusqu’à ce jour investit que dans les services et le commerce, ignorant superbement le secteur productif générant emplois et valeur ajoutée.
Sur ce plan, Sidi-Bel-Abbès est très en retard. Région à vocation agricole, elle s’est voulue dès le début des années 80 être le Silicon Valley Algérien, mais vite détrônée par Bordj Bouareridj. Le matériel agricole dont elle a voulu être le porte-drapeau est en train d’être subtilisé par Constantine.
Or, quelque soit l’enveloppe accordée, si elle permet de développer l’infrastructure et les équipements, elle n’assure pas la régulation économique qui ne peut venir que d’une industrie productive et surtout créatrice d’emplois, le pool universitaire étant un des plus importants du Pays, fournissant chaque année une fournée importante de nouveaux diplômés aux horizons bloqués.
M. Sellal a avoué avoir, durant son mandat à Sidi-Bel-Abbès, surnommé les habitants de Sfisef les «Siciliens». Cette région était jadis réputée par sa sucrerie éternisée par un tube musical qui a régné au top des hits de l’époque et qui a rendu célèbre le développement de la culture betteravière ; par son unité de fabrication d’anisette et surtout son « bleu de Mercier » le roquefort à l’époque recherché dans toute l’Europe.
Aujourd’hui, à l’instar de l’ensemble des régions de la Wilaya, les Siciliens végètent entre le choix d’un travail saisonnier et archaïque dans le domaine agricole et l’exil interne par la recherche d’un emploi dans les grandes villes, ou externe par l’émigration, quand il ne se rappelle pas leur savoir-faire en distillerie, à temps perdus.
En espérant que tout ce qui a été réalisé grâce à votre visite et notamment sur le plan environnemental, survive à votre retour à Alger, les Siciliens vous saluent bien, Monsieur le Premier Ministre.
djillali@bel-abbes.info
Un bel article qui résume toute la situation..!! Je crois qu’en fin de compte nos points de vue se ressemblent et se recoupent, mais nous les exprimons différemment….!!! Vous avez dit: « mais aussi et surtout le dictat des importateurs qui voient en l’investissement le tarissement du filon du gain facile. Ce lobby dirigé par des personnes influentes, sait pertinemment que chaque investissement dirigé vers une production d’un bien localement, supprimerait son importation et donc une source d’enrichissement. C’est l’équation à résoudre, M. SELLAL. »….! Vous avez touché à l’œil du cyclone..de tous les maux et les mots…..! Eh bien! Moi personnellement, je résume ce paragraphe en trois termes: Connivence, Main étrangère et Sleeping partner….!!! Car le lobby que vous avez cité ne travaille pas seul, il a des relais, des antennes et des satellites, sur place et à distance..Les firmes qui nous envoient ou plutôt se débarrassent de sa racaille, ses chiffons, ses produits périmés et sous dosés, ne voudront jamais perdre leurs parts du marché florissant en Algérie…surtout en ces périodes de crises…il faut bien avoir une cerise…c’est encore mieux quand elle est sur le gâteau….!?
Puisque vous avez parlé de médicaments, pourquoi d’après vous SAÏDAL a été cassée…???
Quant aux ‘siciliens’, je crois, qu’ils se trouvent sur une autre plaque tectonique…!!!
Bonjour.
Je n’ai pas saisi l’approche de monsieur Sellal en comparant les Sfisefis aux Siciliens.Est ce que la comparaison est d’ordre historique , cinématographique, ou simplement humoristique?
Bonne soirée.
………………ET Elle aura été une réussite si :
M. le Ministre de l’enseignement supérieur aurait annoncé que la commission d’enquête qui s’est déplacée à SBA et qui a constaté et reconnu les faux et usage faux de trois doctorats en chimie de l’UDL, qui a demandé aux responsables de l’UDL de procéder aux sanctions et que rien n’a encore été fait et que ces fraudeurs activent encore à l’université comme si de rien n’était.