«MAURICE ET L’ALGERIE!»

Appelons-le Maurice.

Maurice est un Français que j’ai rencontré ces jours-ci. Il est marié à une Allemande qui lui a  donné un garçon âgé aujourd’hui de 6ans.

Maurice m’a appris qu’il vit en Algérie depuis trois ans et qu’il a l’intention d’y rester.  Il est venu la première fois avec une Multinationale qui avait acquis 49% d’une Société. Le contrat n’ayant pas marché comme le voulait l’entreprise étrangère, elle abandonna le projet et le contrat de Maurice fut donc rompu et il devait suivre son Employeur. Mais Maurice a fortement apprécié son séjour en Algérie. «Je ne me suis jamais senti aussi bien » aime-t-il à répéter.

Il décide alors de rester et a pu obtenir un Emploi auprès d’une entreprise privée Algérienne en qualité de Directeur Général. Tout marche bien pour lui.

Quand je l’ai rencontré, il était à la recherche d’un autre emploi. Non pas qu’il ne se sentait pas bien là où il est, mais parce que les conditions présentes ne permettent pas une scolarisation adéquate de son enfant. L’entreprise qu’il dirige est enclavée dans un petit village d’une région du Pays et trouver une école qui enseigne également le Français, n’est pas chose aisée.

«Si vous trouvez un emploi qui réponde à vos préoccupations familiales, y resterez-vous longtemps ? »

« Non pas que je resterais  longtemps, mais s’il m’était possible j’y terminerais ma carrière»

Il faut signaler que Maurice est encore jeune, relativement. Moins de la quarantaine.

Qu’est-ce qui fait que ce Français, formé, ayant déjà travaillé dans des multinationales, décide de travailler et résider en Algérie.

« Cela fait une dizaine d’années que j’ai vu la crise arriver en Europe. La vie devient de plus en plus difficile et va en s’accentuant. Ce n’est pas une affaire de crash comme en 29, mais une « déchéance » Les économies occidentales ont atteint le point de retour. C’est le déclin. L’avenir est dans les Pays comme l’Algérie où les opportunités sont nombreuses et les capacités de développement existantes. Tout est à faire en Algérie. Il y a également les conditions de vie et la beauté du Pays, sans compter le soleil, la mer et le désert. »

« Et votre famille, elle pense comme vous ? »

« Bien évidemment ! Encore plus. Ma femme est Allemande, mais également anglophone. Elle s’est totalement adaptée et refuse même de travailler. Je respecte son choix. Elle donne des cours d’anglais bénévolement à l’école de mon fils, avec l’accord des parents d’élèves

« Et comment vous faites avec vos familles en France et en Allemagne? »

« Ma famille est presque totalement localisée à Toulouse. Cela fait deux heures. Mais je n’y vais que pour ne pas couper mon enfant de sa famille. En ce qui me concerne, ce sont mes parents qui viennent chez moi souvent. Des vacances en Tunisie ou au Maroc coutent vingt fois moins chères qu’en France. Pour ma femme, on s’organise pour qu’elle parte une fois par an voir ses parents »

« Mon fils apprend l’arabe. Car si l’anglais demeure la langue internationale, la clé de la réussite pour l’avenir, c’est le Chinois et… l’arabe. J’ai été au Golfe, j’ai trouvé  des emplois largement rémunérés, mais ayant répondu par la négative à la question : « Parlez-vous arabe? » je fus recalé à chaque fois!» C’est dire que cette langue comptera dans l’avenir et c’est pourquoi, je suis ravi que mon fils l’apprenne »

Si je vous raconte ça, c’est pour dire que vivre en Algérie, malgré les grands problèmes, n’est pas une corvée. Bien  au contraire !  Ce qui a fait fuir tous nos cadres et nos compétences, c’est beaucoup plus le mode malsain de gouvernance. Mais le Pays est en train de changer et les premiers  qui l’ont remarqué, ceux sont les étrangers. L’arrivée des multinationales, mais également le développement et la modernisation du secteur économique privé ont entamé la « réhabilitation » des compétences nationales. Cela doit donner à réfléchir à nos concitoyens qui voient en « el harga » comme seule solution.

djillali@bel-abbes.info