NOTION ET LEÇON DE PATRIOTISME

Depuis  le temps, deux concepts fondamentaux – je n’aime pas du tout le terme usité de «constante nationale,» – j’ai nommé la religion et le patriotisme, sont devenus chez nous, chasse gardée de quelques récipiendaires qui se sont autoproclamés «gardiens du Temple.» Les quelques ignares hirsutes de la barbiche et se tortillant dans des Qamis, prétendent avoir réinventé l’Islam et s’être investi par décision divine de le faire rayonner au glaive, alors que des “Marsiens” en mal de gloire se sont appropriés Front, Drapeau et Hymne national, s’arrogeant le droit de distribuer des satisfecits et qualité de Patriote à qui “brosse” le mieux.

À l’occasion de la Fête du 1er Novembre 2016, il y a eu soudain, quelqu’un qui a osé nous rappeler que la notion de Patriotisme est loin de pouvoir être galvaudée par de vulgaires opportunistes prétentieux, et nous gratifie et eux d’une leçon magistrale, en très peu de temps.
Nous sommes en 1964, à Sidi-Brahim. Le jeune BELDJA Mohammed plus connu sous le nom de  HAMMA   avait la chance d’être ouvrier  chez un colon d’obédience communiste et donc favorable à l’indépendance de l’Algérie. Cette année, le colon avait décidé de rentrer chez lui en France, mais a tout fait pour ramener dans ses bagages Mohammed. Ce qui fut fait. Mohamed se maria en France et s’établit – ironie du sort, – à Evian, ville  qui a servi aux  négociations et à la conclusion des fameux Accords pré-indépendance.
Cependant, Mohamed s’adonnait régulièrement et chaque année depuis 1964, à un rituel sacré. Pour n’importe quoi au monde, il ne saurait le rater. Il aime beaucoup ses enfants et surtout ses filles et petits-enfants, auxquels il satisfait tous les caprices, mais que quelqu’un ose s’aventurer à vouloir interférer dans son rituel, cela devient inacceptable. Personne, ni dans sa famille, ni au village ne comprenait cet acharnement à vouloir réaliser ce rituel avec les mêmes réflexes, les mêmes «ingrédients» chaque année. Mohamed réserve son billet d’avion une semaine au moins avant, soit entre le 20 et le 25 Octobre. Il rejoint sa maison à Sidi Brahim et procède aux préparatifs. Il passe ses journées à Sidi-Bel-Abbès pour les divers achats, alors que sa maison commence à être enguirlandée aux couleurs nationales. Les fleurs ne sont pas absentes. Il met beaucoup de cœur à fixer fermement l’emblème national au fronton de la porte d’entrée de sa demeure. Il est tout neuf et propre. Il a été, paraît-il, déjà honoré par l’APC et le chef de Daira de son village. Rien que ça ! Une fois le rituel réalisé, il peut rentrer tranquille chez lui à Evian en attendant….. l’année prochaine.
Plus de 30 ans que ce rituel est reproduit chaque année ! Sans aucune omission!  Fêter le 1er Novembre, comme il se doit, comme il le mérite!

Laissons Nadia – sa fille aînée – parler de son père et de son rituel:

«Je suis née le 19 janvier 1974 (j’ai donc 42 ans) à Evian les bains, ville où ont été signés les accords. Ironie du sort, non?
Je suis restée une longue période, 7 ans sans venir en Algérie car mon mari est libanais et nous devions aussi nous rendre là-bas.
Je ne vous cacherai pas que malgré la beauté de Beyrouth, mon cœur était en Algérie.
Nous avions l’habitude, quand j’étais enfant, de venir chaque été à Toba chez ma grand-mère et j’en ai gardé des souvenirs inestimables.
Le 19 octobre 2013, j’ai fait une jolie surprise à mes parents puisque je suis arrivée avec mes enfants à sidi Brahim sans les mettre au courant.
C’est vraiment là que j’ai compris l’énergie et la joie que mettait mon père à accrocher ces drapeaux car ce n’est pas seulement une décoration pour lui mais un reflet de toute l’histoire, qu’il aime d’ailleurs raconter à mes enfants.
En 2014 , je suis d’ailleurs revenue à l’occasion de chaque période des vacances scolaires sur le sol algérien
J’ai une sœur Yamina, qui elle par contre n’est pas revenue depuis 1991
Elle a 2 enfants et ces derniers commencent à lui demander d’aller en Algérie…» Voilà comment on apprend le patriotisme à nos binationaux que certains trouvent aisément matière à remettre en cause.
De ce que dit Nadia, j’ai surtout retenu ceci : «Ce n’est pas seulement une décoration pour lui mais un reflet de toute l’histoire, qu’il aime d’ailleurs raconter à mes enfants»

“Qu’il aime à raconter à mes enfants…..”  C’est sûrement ce qu’on fait les parents à Feghouli, Boudebouz, Brahimi, Ghoulam….   Alors ne croyons pas que nous sommes plus patriotes que les autres Algériens, dont le seul tort est d’être né à l’Étranger.

À ceux qui doutent encore, je mets à leur disposition, les derniers mots de Nadia: «Je vous souhaite une excellente journée à vous mais aussi à tous vos collaborateurs de BAI, qui nous donnent des nouvelles de cette si jolie ville du 22..»  J’adore me délecter de ce  patriotisme, sincère! Pas celui de Saïdani, de grâce!

djillali@bel-abbes.info