T’étais où? À Tataouine ! Il est parti où ? À Tataouine ! Pourquoi as-tu mis tout ce temps ? Tu étais à Tataouine ? C’est cette expression populaire qui nous fait croire que Tataouine est ce Lieu-dit perdu aux confins du désert ou enseveli dans la banquise, si ce n’est un lieu qui n’existe nulle part ailleurs, juste fruit de notre imagination qui, à force du temps, est devenu même «Tataouine-Les-Bains» Cette expression est liée au fait que cette bourgade est connue par son bâtiment le plus célèbre dans son histoire : «Le bagne de Tataouine » que la France colonisatrice a construit pour éloigner ses criminels de droit commun loin des yeux de l’aristocratie de la métropole qui se construisait.
Cachez-moi ces pestiférés que la bourgeoisie ne saurait voir ! Les conditions de détention étaient tellement atroces et inhumaines qu’elles ont généré cette «citation». Heureusement, à la fin du protectorat Français, le bagne fut transformé en caserne pour l’armée Tunisienne. Prédestiné.
Pourtant, Tataouine est une petite Bourgade, juste à côté de notre frontière sud à l’est. C’est le Sud torride de la Tunisie. C’est en somme, un petit Hassi-Messaoud en miniature. Elle est en effet, caractérisée par le champ pétrolifère qu’elle détient. Mais bizarrement, les populations autochtones souffrent le martyre, la misère, la mouise. Les habitants réclament une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières. Sinon, ils veulent refaire le coup de Sidi-Bousaïd, même si à la place de l’immolé au feu, il y a un tué par les forces de l’ordre. Écrasé par un véhicule de la Garde Nationale. Accidentellement précise-t-on. On a jamais cherché à connaître qu’elle est la différence entre le tué accidentellement et celui tué disons, volontairement. Pourtant les deux sont morts, alors que quelques minutes avant, ils étaient vivants, aurait dit Lapalisse.
Quant à la bourgade, j’ai noté grâce à Wikipédia qu’auparavant, elle s’appelait «Foum Tataouine». Nom composé d’arabe et de Tamazigh qui veut dire : « La bouche de la source» En effet, son nom vient du mot berbère «Tittawen» qui veut dire «source d’eau». C’est en somme une porte du désert entre Gabès et le Fezzan Egyptien ou le Soudan, ignorant la Libye qui n’était que tribus itinérantes.
Mais il n’y a pas que ça: Tataouine abrite également deux instituts supérieurs rattachés à l’Université Tunisienne : Les Arts & Métiers et la Technologie. Comme quoi, la science va avec le tourisme puisque la bourgade est une escale indispensable pour le tourisme au désert. Le pouvoir de Bourguiba voulait humaniser la région.
Tout cela n’a pas empêché les manifestations et le Pouvoir n’exclue nullement la fameuse «main étrangère». On revit la même situation connue à Ghardaïa en Algérie et celle plus proche temporellement à El Hoceïma du Rif Marocain, puisque la population locale se revendique totalement berbère, sans aucun lien avec l’arabité. Le célébrissime printemps arabe continue en Tunisie. «Cette main étrangère » que personne n’a pu couper à ce jour, flirte dangereusement avec l’Algérie. Quand ce n’est pas à l’intérieur, c’est juste aux frontières. Peut-être que… Sait-on jamais !
Le problème avec les Pays arabes – ou ceux qualifiés ainsi – c’est leur impatience. Après avoir vécu une éternité sous la dictature, les populations veulent passer immédiatement à la démocratie. Chose impossible. Si l’on prend la France, il aura fallu une révolution, des allers et retours du Royaume à La République et près d’un siècle pour asseoir une démocratie, jusqu’à Mai 68 pour les rudiments.
Quant aux Etats-Unis, il a fallu une guerre de sécession avec des millions de morts pour accoucher d’une Constitution consacrant l’unité et la démocratie.
Une démocratie cela s’apprend. Cela se construit. La démocratie ce n’est ni l’égalitarisme, ni la rente…… C’est le travail d’abord.
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