Chronique du jeudi : «RIFIFI AU SEIN DE L’UGTA!»

«Avec l’ugta, 18 mois, 3 mois  sans l’ugta » écrivait la Société chinoise pour estimer le délai de réalisation d’un projet pour lequel elle venait de soumissionner. Du moins c’est ce que raconte la blague. Une autre raconte, qu’un Chinois est tombé d’un échafaudage, s’est relevé et s’est remis au travail, alors que l’Algérien qui a été témoin de la scène prit un congé de maladie de 15 jours parce que choqué par l’accident.
L’UGTA fidèle à son Parrain légitime le FLN, reste ancrée dans sa gestion stalinienne. Ainsi, l’inamovible SIDI SAID, septuagénaire décide d’un énième mandat à la tête de l’organisation syndicale. Celui qui est venu par accident et concours de circonstance suite à l‘assassinat du respectueux BENHAMOUDA, ne fait plus l’unanimité et une fronde sans précédent envahit l’UGTA et son Conseil exécutif, bien avant le congrès. SIDI SAID dut sévir et trier sur le volet les congressistes. Une fois plébiscité, il dut reporter sine die la composition du conseil pour cause de divergence au sommet, y comprit dans son entourage. Fidèle à la pratique stalinienne au mépris de toutes les règles démocratiques clamées ici et là, il se met à punir et sanctionner tout ce qui bouge contre sa volonté. Plusieurs secrétaires généraux de Wilaya sont suspendus immédiatement. Il suspend même des candidats au Conseil exécutif, au motif qu’ils ont refusé de retirer leurs candidatures au profit des protégés. Cette pratique ni courtoise, ni démocratique, commence à soulever les prémices d’une tempête. Le premier orage a démarré – comme par hasard – de Sidi-Bel-Abbès, ce qui motive le choix du sujet pour la chronique.
SIDI SAID s’attaque à un Secrétaire national c’est-à-dire à son niveau N-1. Et quel Secrétaire National, celui des Travailleurs de la Fonction Publique, la fédération la plus « peuplée » Ce Secrétaire national a été auparavant à la tête de la Fédération de l’éducation. La seconde la plus importante en termes de population ? Ceci veut dire que si ce Secrétaire Général est représentatif de la branche qu’il dirige, il pèse alors plus lourd que SIDI-SAID, finalement. Mais est-ce le cas ?
Car DJEBBAR Brahim – c’est de lui qu’il s’agit – est un pur produit du système. Il est rompu aux luttes des arcanes. Si SIDI SAID peut compter sur son pouvoir et du soutien du Sommet de l’Etat, DJEBBAR a des atouts à faire valoir et notamment ses capacités à manipuler et à utiliser toutes les ruses des pratiques maffieuses usitées au sein de l’organisation depuis l’indépendance. DJEBBAR est né à l’UGTA, y a grandi et y vieillit. Il y mourra, certainement, mais abandonné aussi facilement la rente nourricière dont il bénéficie depuis les années 70, cela est inacceptable.

Celui qui a été Secrétaire de Wilaya de l’UGTA durant les années 70-80, celui qui a tenu tête à GHRIB ce chef de projet de l’ENIE devenu PDG puis Ministre, a gravi les échelons un à un avant d’arriver là où il est. Celui qui faisait et défaisait les ATU et ATU des Sociétés Nationales. Celui qui a construit cette carrière – eh oui chez nous le syndicalisme est un métier ! – durant de longues années, n’abdiquera pas aussi facilement, n’en déplaise à SIDI-SAID!
La malice de DJEBBAR, son expérience avérée dans la manipulation et la propagande, le pousse à agir d’abord localement. Ainsi, la quasi-totalité des structures de l’UGTA tous secteurs confondus de la Wilaya de Sidi-Bel-Abbès, lancent (spontanément ?) des motions de soutien à DJEBBAR. N’est-ce pas là une tentative de l’intéressé de mener son ennemi SIDI SAID sur le terrain marécageux du régionalisme ? Un terrain où l’organisation elle-même y a longtemps joué et où elle joue encore, ne serait- que par le quota par région pour octroyer les postes supérieurs.

DJEBBAR, qui sait très bien, au vu des positions de son Parti et de l’APW dans laquelle il est membre, que le Système « votera » SIDI-SAID dans ce bras de fer, tente dans un ultime soubresaut de faire pression pour sauvegarder l’essentiel, la rente. Sinon, il risque de disparaitre totalement de la scène à un âge où il n’a plus les moyens ni le temps de rebondir.
Ainsi donc, le mouvement orchestré par ce cacique, nous rappelle à travers la mobilisation sans précédent de l’ensemble de structures locales autour de lui, alors qu’il n’a jamais fait l’unanimité et où il ne compte pourtant pas beaucoup d’amis, les pratiques anciennes telle celle qui poussait « la Kasma de Souk Ahras à sommer les USA à quitter immédiatement et sans délai, le Viet Nam ! » (sic) Or, ces pratiques révolues n’ont plus de teneur de nos jours, puisque l’UGTA au même titre que l’ensemble des organisations de masse et même les partis satellites, sont désormais gérés de manière administrative. C’est pour cela que SIDI-SAID apparait plus comme un « Directeur Général”   de l’UGTA que son Secrétaire Général élu; ce qui lui permet d’émettre des décisions administratives au mépris et en violation du règlement intérieur et des textes régissant la première Organisation Syndicale du Pays.
Cette pratique, DJEBBAR a eu l’occasion de l’utiliser à une échelle plutôt locale.
Dans cette bataille plutôt clanique que politique, le gagnant certain est le système à travers SIDI-SAID. Les agitations des “groupes de molécules” 0insignifiants autour de DJEBBAR se tairont bientôt, soit par calcul, soit par menace de retrait de la rente. DJEBBAR sera sacrifié pour avoir osé défier non pas SIDI-SAID, mais le Système qu’il représente.
Ainsi va l’UGTA, ainsi, va le Système. Ainsi va la Rente ainsi va la corruption. Ainsi va la gabegie. Ce n’est qu’un aperçu du Tout où les luttes sont toujours menées par des Septuagénaires inassouvis dans un Pays où l’écrasante majorité de la population a moins de 30 ans.
djillali@bel-abbes.info