Chronique par Djillali Cherrid
J’étais vraiment tranquille et en mal d’inspiration, avant ce coup de fil émanant de ce jeune parent. Mais quelle mouche l’a piqué pour m’appeler tard ce soir et venir me parler d’un « proverbe » de Garcia Marquez ; le Nobel Colombien. Je lui rétorque –tel le maître d’école outragé- que c’est une « citation » et non un « proverbe » Et celle-ci disait à peu près ceci : « Ne court pas, les belles choses arrivent là où tu t’attends le moins, comme une révolution »
Je me suis donc retrouvé en train de lui expliquer la différence entre les deux concepts, puis lui parler, pour mieux illustrer mes propos, des Fables de la fontaine. Elles sont caractérisées –lui dis-je- par la morale qu’elles comportent dans leur dernier vers ; et que ces morales étaient tellement significatives qu’elles atteignaient souvent le niveau de « proverbes » Je lui appris que le génie de la Fontaine était tellement grandiose qu’on suspecta un plagiat ; les Fables auraient appartenu à Esope.
La discussion nous emmena à parler de la littérature révolutionnaire sud Américaine, ce qui fatalement nous contraint à aborder Pablo Neruda le Chilien et son fameux « El Pueblo unido, jama sera vincido » (1) ainsi que sa complicité avec la Révolution et tard dans sa vie politique à soutenir Allende.
Par ricochet, je me suis senti obligé de lui parler de ce jeune Chilien, abreuvé à la littérature de Vasquez et Neruda qui ouvre sa chemise et offre son torse à la junte militaire de Pinochet et clame : « Dieu Tout Puissant, avec l’infinité d’étoiles qui constellent Son Ciel, bénit Ses Créatures, toi (Pinochet NDLR) avec seulement quelques étoiles sur tes deux épaules, tu veux asservir le Peuple. Le Peuple ne te craint pas, il craint Dieu ! »
C’était le temps des Dictateurs adorés par leur Peuple ! Il y eut beaucoup de révolutions en Amérique latine, en Afrique en Asie. Elles générèrent des Dictateurs charismatiques et imposants ; tous adorés par leur Peuple. Nasser, Boumédiène, Saddam, Franco, Mao Tse Toung…..
L’enterrement de Boumédiène mobilisa tellement le Peuple Algérien, que Feu Boudiaf qui était dans l’opposition clandestine décida de dissoudre son Parti le PRS, car disait-il « Je ne peux faire de l’opposition à un Dirigeant autant aimé par son Peuple ! »
Les Héros meurent aussi, même si au fond, ils ne restent que des Dictateurs ! Ils sont morts pour être remplacés par de piètres Dictateurs, le non alignement a disparu à la faveur de la disparition des blocs Est/Ouest. Un nouvel ordre économique et politique mondial est né. L’idéalisme socialiste a succombé à l’avancée des « fédérations » régionales : l’Amérique, l’Europe, le Sud Est Asiatique et la Chine. Et bientôt les Pays du Golfe, à leur tête le Qatar ! Pauvre Maghreb ! Pauvre Afrique !
Les Héros meurent ; La révolution renaît, ressuscite !
Elle ressuscite non plus contre l’impérialisme, ni le colonialisme. Elle ressuscite par la grâce des peuples contre leurs Dirigeants !
Mais où sont les fruits de toutes ses révolutions ? Cette question est d’autant plus d’actualité, de par la frustration que j’ai sentie depuis que j’ai commis un article la semaine dernière sur justement les fruits de la révolution du lotus(2) qui n’a suscité aucune réaction !! J’ai été frustré que ni Moudjahed l’Idéaliste, ni le Pessimiste Adil et encore moins l’Optimiste Freeman, l’Amazigh, ni Hakim le binaire, ni aucun autre de mes habituels lecteurs n’ont jugé utile de réagir ! Même pas mon Ami et complice Driss le battant !
Ceci m’emmène à reposer la question : « Quels fruits sommes-nous en droit d’attendre de ces révolutions ? »
Car s’il s’agit de collectionner les Révolutions, autant laisser OUYAHIA se préparer à prendre le relais -il le fait si bien – et perpétuer le système. Un système où les partis se mettent en valeur en se chamaillant publiquement, où le militantisme s’exprime par des échauffourées et des batailles rangées, où l’allégeance devient le programme.
(1) Peuple uni, ne sera jamais vaincu
(2) « Les premiers fruits de la révolution » in BAI
P.S. Que mes amis cités dans le texte ne s’offusquent pas des qualificatifs. Il ne s’agit que de mon point de vue personnel tiré de la lecture de leurs comm. et j’estime avoir le droit d’avoir un point de vue. Alors de grâce, accordez-moi une faveur : focalisez vos comm sur l’article et non sur les qualificatifs. Quant à Driss, il est possible que je fasse une recherche dans l’intérêt des familles.
Chronique parue le 07 Avril 2011
republiée post-mortem le 04 Avril 2019