Le tribunal de Bir Mourad Rais a prononcé dans la soirée de jeudi 08 novembre la relaxe de notre collègue Abdou Semmar éditeur de Algérie Part et de l’administrateur du site Merouane Boudiab, avec complément d’enquête. Le procès a démontré que nos confrères ont été mis en détention préventive pour des publications de presse et pour rien d’autres contrairement à tout ce qui a pu se dire à ce sujet notamment par une des deux parties plaignantes, la télévision Ennahar. Le procès a révélé une grave atteinte à la constitution algérienne et à la loi qui protège la liberté de la presse et qui exclu l’emprisonnement des journalistes pour leurs écrits. Il a aussi montré que les plaintes des parties adverses sont intervenues après le début de la garde à vue chez la gendarmerie nationale. L’audience a même, circonstance révélatrice d’une volonté pure de réprimer, montré que Merouane Boudiab a été mis en mandat de dépôt sans qu’aucune plainte ne soit enregistrée contre lui, mais simplement parce qu’il travaille à Algérie Part.
– Le syndicat algérien des éditeurs de la presse électronique, SAEPE, se félicite de cette issue et appelle, comme il l’a fait depuis le début de cette affaire, à une enquête sereine de la justice face aux plaintes d’éventuelles parties contre des faits de presse. Les citoyens ont le droit d’être mécontent des publications de journalistes. Les professionnels de l’information ont, de leur coté, le droit d’exercer leur métier loin des pressions, notamment la menace de l’emprisonnement préventif abusivement utilisée ces dernières semaines contre notamment les web-journalistes dans une des dérives les plus graves contre la liberté de la presse.
– Le SAEPE salue la mobilisation décisive de ses membres, des confrères de la presse, et celle des associations de la société civile défenseuses des libertés en Algérie. Il remercie en particulier les robes noires pour l’engagement spectaculaire de 57 avocats au profit de nos collègues journalistes. Les plaidoiries d’une grande partie d’entre eux ont permis de mesurer combien l’affaire de Algérie Part était entachée par une série inquiétante d’atteintes à la loi et au code de procédure pénale.
– Le SAEPE se déclare mobiliser pour la remise en liberté des autres confrères toujours détenus dans des affaires liées à l’exercice de leur métier similaires à celle de Algérie Part. Nous demandons les libérations sans délais de Adlene Mellah (DzairPress), Lies Hadibi (Al Djazair24), Abdelkrim Zeghilache (Sarbacane), Said Chitour (Indépendant), et le retour à des procédures judiciaires sereines, respectueuses de la loi, du droit des accusés d’être instruit à charge et à décharge et au non recours à la prison dans les cas de délit de presse comme le prévoit le droit.
– Le SAEPE espère que cette très pénible situation par laquelle passe le web- journalisme et l’édition de presse électronique servira à faire prendre conscience à l’opinion combien il est aujourd’hui important, pour l’indépendance de l’information au profit du citoyen, de protéger nos métiers et nos médias. La presse électronique était marginalisée par les pouvoirs publics et c’était déjà inacceptable. Elle est aujourd’hui l’objet d’une campagne de répression sans limites à laquelle la justice peine à donner une couverture juridique. Nous espérons que les pouvoirs publics vont à leur tour se rendre compte de l’affaiblissement de la vie publique et de l’image de l’Algérie que provoque cette campagne comme les médias électroniques et plus généralement contre la liberté de la presse. Le SAEPE réitère son appel au dialogue avec le ministère de la communication pour organiser l’avenir de la filière.