Crise ukrainienne et dilemme Algérien

La crise ukrainienne qui a entraîné une crise économique dérivée de l’inflation sur les produits énergétiques a conféré à l’Algérie (et à tous les autres pays producteurs d’hydrocarbures) une position stratégique.

Cet avantage a une conséquence régionale.

Il affaiblit de manière temporaire l’Europe et son soutien au Maroc.

L’Algérie est en position pour faire valoir son point de vue en Afrique et dans le monde sur la situation au Sahara Occidental.

La dépêche ci-dessous la met en évidence mais de manière incomplète. Et cela sur deux points.

1.- La crise énergétique qui a des retombées si avantageux sur le commerce extérieur algérien est provisoire.

Les autorités algériennes -j’ignore dans quelles proportions elles en tiennent compte- doivent absolument en profiter au plus vite tirer le meilleur parti pour l’économie algérienne et la faire sortir du piège des hydrocarbures en planifiant des investissements stratégiques dans d’autres secteurs. Et cela devrait commencer par un investissement dans les hommes et les qualifications avec deux précautions nécessaires :

            1.1.- Que ces compétences soient encadrées par des contrats en bonne et due formes afin d’éviter leur volatilité au profit des pays du nord.

            1.2.- Que les investissements soient articulés de manière étroite avec les compétences formées, sur des secteurs dans lesquels l’Algérie dispose d’un avantage comparatif.

Il y a de nombreuses autres conditions qu’il serait trop long à lister ici : développement du solaire, réduction du parc automobile individuel au profit du transport collectif électrifié, régulier, fiable, peu coûteux, confortable… gestion de l’eau (en commençant par le recyclage, le traitement, l’entretien des barrages, la réparation des infrastructures urbaines avant de multiplier les usines de dessalement) investissement dans les réseaux de base (éducation, santé, protection de l’environnement fragile notamment littoral et semi-aride…), gestion des villes engorgées et polluées…

2.- Quoi qu’on pense de la Russie et de sa politique, si elle était défaite, ce serait aussi notre défaite.

Il ne s’agit pas ici d’un alignement servile sur Moscou mais d’une intelligence politique dans la défense de nos intérêts.

Ce point de vue est évident si on en revient au premier point de mon message. Il est très clair.

Si les Etats-Unis sortaient vainqueurs de cette crise, les conséquences pour notre commerce extérieur et notre diplomatie seraient catastrophiques et encore plus si nos autorités n’en profitaient pas pour tirer le meilleur parti de l’avantage éphémère actuel.

Le Maroc est soutenu dans son expansion territoriale et sa politique étrangère par les Etats-Unis et Israël (avec une Europe complètement supplétive alignée derrière).

Ce soutien sera conforté et amplifié.

La chute du régime de Poutine va immédiatement avoir pour conséquences la chute des prix des hydrocarbures et, par conséquent, des revenus extérieurs algériens.

Inutile de souligner comment Madrid va négocier avec Alger les prochains contrats d’exportation du gaz algérien…

La rivalité que l’Algérie a exploitée avec la France et l’Italie va être très vite oubliée.

La solidarité européenne va reprendre ses droits au détriment de l’Algérie.

Les pays occidentaux se souviendront que l’Algérie n’a pas voté à l’ONU en mars la résolution contre la Russie et a voté contre l’exclusion en avril l’expulsion de Moscou du Conseil des Droits de l’Homme.

Habillement, les représentants marocains dans les deux cas sont allés aux fleurs en faisant comme s’ils n’étaient pas là…

La situation est dangereuse pour notre pays. Et sa position ne dépend pas seulement de ce que nous pensons, mais de l’analyse distanciée et rigoureuse de nos intérêts.

Et nos intérêts sont strictement liés au sort qu’aura cette crise russo-américaine. De nombreux autres pays sont d’ailleurs dans la même situation.

J’aimerai me tromper mais il en est ainsi.

Naturellement, si le vent tournait dans une direction défavorable, les Algériens pourront se saisir d’une brosse à reluire et faire le tour des capitales occidentales, mettre leurs richesses naturelles sur le marché, revenir sur des choix fondamentaux au Sahara Occidental ou en Palestine et prier Abraham. Il y a des Algériens qui y pensent sérieusement.

Il est à craindre que cette hypothèse n’a aucune chance d’aboutir.

Le Maroc a pris dans cette direction une longueur d’avance irrattrapable par les esclaves en herbe.

On peut toujours continuer à bricoler… un coup à gauche, un autre à droite.

Depuis Chadli, on a beaucoup appris à bricoler.

Qui se souvient de ce que ça nous a coûté?

Djeha, S. 24 septembre 2022

ONU: L’Algérie se replace

G. O., Le Quotidien d’Oran, S. 24 septembre 2022

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger mène depuis lundi dernier d’intenses activités «pour replacer l’Algérie au cœur des problématiques régionales et internationales», soutiennent des sources diplomatiques à partir de New York.

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Obsédé actuellement par la crise en Ukraine, l’on avoue que les Etats occidentaux ont transformé l’AG de l’ONU en une tribune pour soutenir le président ukrainien Zelensky et accuser la Russie et qualifier le président Vladimir Poutine d’ennemi impérialiste.

L’on indique concernant ce dossier que «la crise énergétique internationale et la contribution de l’Algérie pour alléger l’intensité et l’ampleur de la crise subie par les Occidentaux ont été au centre des intenses entretiens de Lamamra avec ses nombreux et différents homologues à New York».

Le ministre algérien prononcera le lundi 26 septembre un discours devant l’AG de l’ONU dont les travaux prendront fin le lendemain.

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