Merci Farid DAZ. Grâce à toi, nous avons pu découvrir ces jeunots – devenus vieux – qui ont dignement représenté l’Algérie indépendante. Grâce à ton association BASMA, nous avons découvert que des jeunots de 16 ans, peintres en herbe sous la houlette de Carlos Alberto (pas celui du Foot ball de 70, mais d’un autre art, la peinture !) un exilé politique du régime de Franco.
BENAISSA, EL HASSAR, HASSAINE et HAMDAD étaient parmi une quinzaine de jeunes lycéens d’El Djala (actuel Azza Abdelkader) qui ont été conviés par Ben Bella à exposer à Alger pour ensuite être invités à déjeuner au Palais du Peuple et partager les fêtes de l’Aïd avec le premier Président de l’Algérie indépendante.
Alors que le docteur BENAISSA, cheveux et moustaches blanches, le visage plein de rides, nous racontait son histoire comme si cela était hier, je voyais le jeunot qu’il était, l’effronté, le lycéen plein d’ambition et de volonté de sortir de la mouise dans laquelle on vivait tous. Il nous disait avec l’innocence puérile toute la tendresse que leur vouait ce professeur de dessin venu de la lointaine contrée basque «chassé» par la dictature de Franco vers un Alger déjà Mecque des révolutionnaires. Il y a précédé Che Guevara, Carlos et Mandela. Il nous racontait, alors que ses yeux pétillaient de joie infantile, toutes les anecdotes liées à cette épopée que la mémoire et l’âge ne sauraient occulter.
Il nous apprit entre autres, que Ben Bella qui les recevait chez lui autour du mechoui de l’Aïd, lui « apprit » comment manger. Il nous apprit que lorsque le Président lui demanda s’il allait bien, l’effronté qu’il était, répondit par la négative. A la question « Pourquoi ? » Il réplique : « parce notre proviseur n’a pas voulu laisser notre chauffeur venir avec nous » Alors, le Président sort et commence à héler de loin le chauffeur qui finit par les rejoindre. Une fois installé, le Président se tourne vers le jeune Benaissa et demande : «Es-tu satisfait, maintenant?»
Il faut dire que tout cela a marqué nos jeunes de l’époque au point où le moindre détail n’a pas été oublié.
L’autre anecdote, aussi succulente, est celle où le Président alors qu’il était en voyage à Oran pour le match Algérie-Brésil, s’imposa une halte au village Lauriers roses (Makedra) alors qu’il n’était pas attendu. Il demande « Où est la demeure des Benaissa ? » Il rendit visite à la famille et pénétra dans la cuisine pour préparer du café. « J’ai tenu à venir voir ce lycéen chez lui, pour le remercier du portrait qu’il a fait de moi ! »
Avouons que c’est des évènements que notre vieux docteur n’est pas prêt d’oublier.
La cerise sur le gâteau, c’est la désignation de ces mêmes lycéens pour représenter l’Algérie à la semaine « Algéro-Suisse » Une dizaine de jours passés dans ce Pays à l’âge de 16 ans pour des jeunes qui n’ont connu que quelques kilomètres plus loin que chez eux, c’est simplement fabuleux. Alors parler du faste qu’ils y trouvent, du protocole (ils avaient des gardes du corps !) serait déplacé un peu. Le docteur Benaissa n’a retenu que le chocolat dont ils se sont gavés.
Voici pour l’anecdote. Mais pour le reste ? Pour la culture ? Pour Sidi-Bel-Abbès ? Laissons le docteur Benaissa dire ses impressions : « C’est la première fois qu’on nous honore. Et ce la nous procure beaucoup de fierté. »
Sidi-Bel-Abbès était le fief du théâtre surtout depuis l’arrivée de Kateb Yacine. C’était la ville de la musique avec les Aigles noirs, les Basil’s et les frères Zargui, précurseur du Raï et le conservatoire. C’était la ville de la danse avec Feue Rachida Reguieg et son école, d’où émergea entre autres, Hakim Salhi.
Ce n’est pas Alger, ni Oran, ni même Constantine qui ont été choisies pour représenter l’Algérie en Suisse; mais sidi-Bel-Abbès.
Aujourd’hui, j’apprends qu’elle a été aussi la ville des arts plastiques avec ces jeunes qui ont dignement représenté l’Algérie et Miloud Boukerche, brillant artiste peintre, élève de Nasreddine Dinet, au riche palmarès qui après un riche parcours artistique, mourut en 1979. Il a été copiste au musée du Louvre de Paris et pour pouvoir vendre ses toiles, il a du s’appeler « Emile Boukerche »
Parmi les jeunes lycéens, seul HAMDAD est resté dans le domaine des arts plastiques puisqu’il continue à fricoter avec la peinture et a même fait sa carrière à l’ENAG.
Il est malheureux de constater que tout cela puisse être aisément oublié. Il est dramatique que les jeunes de Sidi-Bel-Abbès ne connaissent pas l’épopée de ces jeunes, alors que leur cas devait faire l’objet de travaux dirigés dans la matière « dessin » au lycée Azza Abdelkader notamment.
Mais nous sommes dans un Pays où la culture est comme la confiture, moins on en a, plus étale. Dans un Pays, où « on restaure des salles de cinéma pour les refermer » pour paraphraser mon ami le docteur Reffas.
Plus de théâtre, plus de cinéma, plus d’arts plastiques. Même le poète n’a pas droit de cité. Juste un festival de Raï et un de danses une fois par an. Du folklore!
Alors, baptiser une salle du Lycée Azza, au nom du professeur Carlos Alberto comme l’a suggéré le Docteur Benaïssa, c’est le minimum de la foi.
djillali@bel-abbès. Info.
Je remercie l’association Basma et son president Farid Daz de nous avoir honorer, et en particulier le Dr Reffas qui nous a rappelė a la mėmoire Bel Abbesienne. C’est vrai nous ėtions, Benaissa Kaddour ,Hassaine Abderahmane,Hamdad Sid Ahmed,Boukheira Miloud,El Hassar Mostefa des jeunes adolescents ayant represente l’Algerie a la semaine culturelle en Suisse en 1965 pour l’art plastique ; nous etions fiėres de notre lycèe El Djala (Aek Azza) et de notre ville. Mais je tiens a rappelè a la memoire mes autres camarades qui ont participė avec nous a l’exposition du 8 au 15 Avril 1965 de nos tableaux a la salle Ibn Khaldoun d’Alger. Le president Ahmed Benbella nous a rendu visite a deux reprises ,la premiere avec son equipe ministerielle ,puis le lendemain il a convoquè tous le corps diplomatique accreditè a Alger pour » leur montrer ce que des jeunes Algeriens etaient capablles de faire » disait -il. Je rend hommage par cet ecrit a Bouhafs Djamel,Hakem Fethi,Chatt Lahcen,Medjahed Mohamed,Bouanani Ali,Issad Rachid et Mrabet Ahmed dit rafik.
Un grand plaisir de te lire mon ami Mostéfa. Je remercie monsieur Farid DAZ qui n’a ménagé aucun effort pour la réussite du café littéraire. Je vous prie de me croire qu’il a été très sensible à la proposition de vous inviter afin de vous positionner dans l’histoire de l’art plastique de notre pays. Vous méritez plus, car quand il s’agit de la mémoire collective, on a pas le droit de tricher. L’association BESSMA pense honorer à titre posthume notre ami Rafik Mrabet.
Bonne soirée mon ami.
Je ne savais pas tout ça!Mes respects et mille merci.
Ah ! Oui ! Mr Djilali. Ces détails comme vous dites ! Confirment aussi que BENBELLA savait utiliser et …. Depuis 1952 « l’art» et la manière d’investir dans ce pays ‘neutre’ des jeunots lycéens de l’Algérie indépendante dans « une semaine culturelle » et consolider ainsi une amitié réciproque.
La Suisse a joué un rôle actif et prépondérant dans l’indépendance de notre pays entre 1960 et jusqu’à 1969, même si l’historiographie est restée curieusement mince sur sujet.
Bravo Dr Reffas. Votre ouvrage est une consécration de votre engagement intellectuel salué par tous.
Bravo pour Mrs : BENAISSA, EL HASSAR, HASSAINE et Mr HAMAD pour ce premier hommage hautement mérité et Mr HAMDAD (Absent ) qui a été aussi lauréat du concours international d’art plastique « Artistes Magazines » à PARIS en 2003.
Je profite ici pour lancer l’idée d’impliquer toute la VILLE de SIDI BEL ABBES pour un GRAND HOMMAGE à TITRE POSTHUME pour le fils prodigue de Sidi-Yacine BOUKERCHE Miloud. Il est un des précurseurs de la peinture algérienne. Certaines de ses œuvres sont collectionnées dans les différents musées des Beaux-arts notamment ceux de France, Maroc, Usa…et celui d’Alger. Pourtant ! Décédé en 1979 dans un terrible anonymat !
Bonjour Djillali.
Extraordinaire, ton papier résume toute une moralité qui doit être entretenue comme leçon à conjuguer dans la gestion de la culture dans notre belle cité.
Existe-t-il une direction de la culture dans la wilaya de Sidi Bel Abbès? En scrutant le quotidien, je dirai NON. Quand tu constates que le camion « bibliothèque », et le tracteur de la scène mobile garées dans la cour de la direction de la culture , subissant les aléas des intempéries, au lieu d’être utilisés à bon escient, tu conclus automatiquement « que la culture est dure à promouvoir, quand elle est administrée. » Aucun travail de prospection n’est effectué pour la mise en place d’un fichier sur le patrimoine culturel matériel et immatériel de la wilaya de Sidi Bel Abbès. On se contente de l’information « bouche à oreille » pour distinguer des faits. La restauration des deux salles de cinéma s’est faite sans aucune feuille de route.Elles resteront fermées. Le seul point positif, leurs façades ont été nettoyées.Peut-être qu’elles seront utilisées lors du prochain passage du cirque AMAR. Déjà la cinémathèque commence à vieillir par l’absence du public intéressé. Rien qu’à travers le tableau d’affichage proposé à l’entrée, tu rebrousses chemin pour ne plus revenir. Et pourtant Kateb Yacine, avec le peu de moyens, entretenait une activité qui est arrivée à s’infiltrer dans le monde du travail, au lycée et au niveau des quartiers. Aujourd’hui, les marches de l’entrée du théâtre sont utilisées par les retraités, comme endroit à consommer le temps dans la lecture des journaux et le bavardage « chaotique ». Appendice de la place « Carnot ». Concernant les bibliothèques communales et le fameux programme de la direction de la culture, je préfère laisser le soin aux habitants des localités d’étaler leurs sentiments.Qui contrôle qui? That is a question. Ne désespérons pas, l’USMBA, comble le déficit culturel.
Fraternellement.
je pense avoir dévisager un des jeunots celui qui se trouve sur le meme rang du president et à sa gauche c’est bien je crois el mahoum MRABET RAFIK ingenieur en genie civil c’est lui qui a fait en 1988 l’amenagement interieur de la coupole toujours aussi sympatique avec ce sourire radieux
salam:je suis très ravi de lire et de savoir un peu plus sur ces « jeunots » qui ont sacrifiè avec leur savoir faire une partie de leur vie au service de la culture et du savoir!
Bonjour si Abdelkader
Je suis très content d’avoir participé à la réhabilitation de mes confrères les docteurs K.Benaissa et M. Hassar pionniers de l’Union Médicale Algérienne à Sidi Bel Abbès. J’ai appris beaucoup de choses à leurs côtés. Aussi, mon ami A .Hassaine demeure une icône dans la pratique des arts plastiques.En ce qui concerne les générations, l’environnement joue un rôle primordiale dans l’émancipation de l’individu, surtout l’école et la cellule familiale.L’école prise dans la tourmente du fanatisme religieux a déchiré la société pour la plonger dans un marasme vecteur d’une décennie noire. Aujourd’hui, elle est prise en otage par le tâtonnement , amplifié par la cupidité qui gagné le corps enseignant. Cette situation au niveau de l’école, s’est répercutée dans la formation universitaire qui ne compte plus dans le gotha mondial comme auparavant.Oui, nous sommes fiers de notre école républicaine, celle de la craie blanche , du tableau vert, et du livre aux trois collections. Je termine par une de mes citations universelles que tu peux consulter sur le site evene.fr:« En éducation, l’exclusion en littérature est un signe précurseur de l’obscurantisme, et si ce dernier envahit l’école, la nation perd ses repères. »
Amicalement.
Bonjour Doc Reffas
je tiens tout d’abord à vous feliciter pour cette rencontre à Beni Talla aussi j’aimerais savoir si Mr K.Benaissa dont on parle sur l’article est le specialiste en psychanalyse aux 4 horloges car c’est un ami Fakir ,tres pieux tres franc mais je ne savais pas qu’il avait de tels dons.
Aussi pour votre information le 18 juin 1965 Ahmed Benbella a fait une escale à Sidi bel abbes pour ce rendre en fin de journée à Oran pour assister au match Algerie Bresil.Je me souviens de ce cortege de voitures ,une file de voiture contre voiture pendant les 80kms il a fallu plus de 2 h pour rejoindre oran
Bonjour si Kadi
Le Dr K.Benaissa est psychologue et non psychanalyste. Il est aussi Médecin généraliste. Le président défunt Ben Bella est venu inaugurer le relais de télécommunication de Sidi Hamadouche pour ensuite se diriger sur Oran en faisant une halte chez les parents du doc Benaissa. Le 19 juin, il a assisté au match de football Algérie-Brésil et la suite…..vous la connaissez.
Bonne Soirée
Belle initiative que d’avoir pensé à cette génération post indépendance qui a nourri tous les espoirs d’une Algérie reconquise pour jouir pleinement de sa liberté confisquée et faire valoir sa propre identité.Malheureusement la corruption du système et la cupidité des hommes a perverti les comportements et dénaturé l’essence même de la personnalité algérienne.En ce sens que les gens ne vivent plus pour un idéal mais pour un estomac insatiable.La démonstration en est faite que les élèves des premières années d’indépendance,bien que démunis matériellement,surent dépasser cette contrainte et faire exercer leur génie,non seulement pour compenser ce manque,mais pour expliquer que c’est l’esprit qui commande le corps et non l’inverse ( une maturité acquise par l’endurance et le combat ).Faites une petite comparaison avec la génération d’aujourd’hui et vous comprendrez pourquoi ,nous sommes fiers de notre passé qui a contribué sainement à la construction de notre présent.Sire CHOT Lahcène doit être content,lui qui a contribué à cette épopée.