La situation chaotique que vit l’ex parti unique, le FLN, ne semble pas inquiéter ses responsables, surtout pas ses honorables députés.
Alors que l’opinion s’interroge à juste titre sur la position de stand by qu’observent les structures de ce parti, en attendant qu’on veuille bien quelque part, désigner quelqu’un pour mener la barque à la dérive du FLN, les préoccupations de ses élus semblent ailleurs…
L’heure est en effet à la course aux missions à l’étranger…
Notre confrère Al Khabar vient d’ébruiter une correspondance interne qui ne devrait pas couvrir de gloire les députés du vieux front.
Son contenu ? Le bureau du groupe parlementaire du FLN informe les 212 députés du parti qu’il a décidé de recourir…au tirage au sort pour le choix des députés devant faire partie des délégations parlementaires de l’assemblée qui effectueront des missions à l’étranger !
Cette opération spectaculaire qu’on ne trouve dans aucun parti au monde prouve qu’au FLN, la mission d’élu est autre chose que de militer pour un projet de société et évidemment prendre le pouvoir grâce à la pertinence de idées qu’on défend.
Que les honorables députés du FLN inscrivent leurs noms sur une longue liste dans l’espoir d’être tiré au sort pour des voyages aux frais de la république est quelque chose de tristement détestable. C’est du «Hok tarbah» pour reprendre la sagesse tirée du génie populaire algérien pour se payer la tête de ceux qui nous gouvernent.
Mission Shopping…
Aucun parmi ces députés n’a osé proposer un débat sur la situation du parti qui est sans tête depuis plus d’un mois. Aucun autre ne se soit soucié des menaces qui guettent le pays avec ces graves instabilités à ses frontières. Nul n’a aussi jugé utile de lancer une initiative sur ces déballages indignes d’anciens hauts responsables qui ont transformé la Sonatrach en société privée.
Mais ils sont des centaines à participer à cette «Zerda» interne et piaffent d’impatience de pouvoir décrocher un siège dans l’avion du tourisme parlementaire payé par la collectivité nationale.
C’est une pitoyable façon de faire de la politique en Algérie à fortiori de la part de la première force politique censée être le parangon de la vertu. Remarquons d’abord qu’au FLN, le choix des représentants pour des missions à l’étranger ne se fait pas en fonction du talent particulier d’un député ou sa maîtrise des sujets objet d’une mission quelconque.
Paris, Berlin Londres loin du Douar…
Le fait de recourir à un tirage au sort prouve que l’accomplissement pratique de la mission importe moins que le doux privilège de pouvoir s’offrir un beau voyage à paris, Berlin, Londres ou Washington pour faire du shopping grâce au pécule, sans doute appréciable, attaché à ce genre de missions.
Les honorables députés du FLN n’auraient certainement pas joué des coudes pour une «place au soleil», si leur mission était de défendre les intérêts du pays ou de faire de la véritable diplomatie parlementaire.
Sans doute que ce genre de pratiques se vérifie aussi chez d’autres partis politiques invités à la mangeoire officielle y compris ceux de l’opposition. Ils oublient l’espace d’un voyage leur conviction flottantes pour apprécier comme il se doit les beaux paysages et les salons feutrés qui s’offrent à eux en occident, loin du douar d’origine.
Au-delà du caractère choquant de ce genre de pratique de la part de députés chichement payés, on comprend mieux pourquoi le député en Algérie traîne l’image caricaturale d’un béni oui, oui qui se sert et oublie de servir sa circonscription et encore moins son pays.
Par Hakim Merabet