Quand le génie s’amorce au désespoir, le ridicule devient idyllique. Un tronc d’arbre mort planté en plein rue gênant la circulation et proposant un danger permanent ne devient plus un geste d’incivisme. Au contraire, il reflète et met en exergue cette forêt mystérieuse qui se cache derrière cet arbre qui exprime beaucoup plus un ultime recours à une absence affreuse de l’autorité. L’étrange, ces insuffisances, même si elles sont signalées, même si elles offrent une image de grande désolation, même si elles constituent quotidiennement un danger réel pour le citoyen et ses biens, l’autorité ne prête aucune attention ni moindre intention, et l’aberrant persiste comme s’il ne dépend d’aucune compétence.
Ce trou date depuis plus de 04 longues années. Il a fait le tour des réseaux sociaux, signalé à qui de droit à maintes reprises par les habitants de la cité Enasr, d’El Fourssen à Sidi Djilali et ceux limitrophes aux rails jonchant la rue d’Oran à proximité de la police judiciaire. Et comme personne n’a voulu entendre raison, le citoyen a répondu à sa manière et selon ses moyens. Ainsi qu’est né cet arbre, fruit de son génie mêlé à son désespoir pour dénoncer cette forêt administrative complexe. D’autres trouvailles ont précédé : pneus, pierres, cartons. Ces avertisseurs traditionnels ont tous fini au fond du trou après avoir occasionné des dégâts multiples et surpassés aux voitures qui s’y aventurent et les heurtent involontairement. Un trou pareil se trouve devant le cafétéria d’Oujda à la cité Ennasr à Sidi Djilali sur la même rue, prônant une même image de désolation.
Djillali Toumi