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Entretien: Lutte contre l’érosion éolienne et l’ensablement (2ère partie)

ByDjillali C.

Juin 17, 2013

N Messen

BAI: Dites-nous Mr Messen, est ce que vous avez d’autres tours dans votre sac, je veux dire d’autres projets recherche-développement… ?
N.Messen : Oui, Un Projet Sur Le Collecteur d’Aérosols Tropical

C’est quoi encore cet appareil, pouvez-vous nous le décrire ?
 Un collecteur d’aérosols est constitué principalement d’un filtre fixé à une tête de prélèvement, d’une pompe d’aspiration, d’un compteur de volume et d’un compteur horaire. Les performances des instruments de mesure des paramètres de l’environnement sont souvent affectées par les conditions climatiques du milieu, ce qui constitue un problème handicapant pour les projets de recherche dans les milieux arides. D’autre part, ces instruments, dans le domaine de l’environnement, sont, à présent, fabriqués uniquement dans quelques pays situés principalement dans les régions à climat froid. Ils sont, par conséquent, inadaptés aux régions arides. Les défaillances dans les performances d’instruments non adaptés aux conditions climatiques entravent sérieusement l’avancement des travaux sur une bonne partie du territoire africain.

En quoi consiste votre invention ?
Dans le cadre de ce projet un système de refroidissement par évaporation d’eau est introduit dans le corps du porte filtre. Il assure le refroidissement de l’air avant son passage dans la pompe. En s’évaporant, l’eau présente dans la mèche mouillée entourant la conduit d’air d’aspiration du moteur prendra de l’énergie au conduit sous forme de chaleur, au sens physique du terme, appelée chaleur latente de vaporisation. Notons que lorsque l’air atmosphérique est loin de la saturation, l’évaporation augmente et le processus de refroidissement devient important. En s’évaporant, un gramme d’eau consomme 600 calories.

Où en êtes-vous avec ce projet, je veux dire son état d’avancement?
 Après avoir assuré la conception et l’étude du collecteur d’aérosols, il a été réalisé, installé et actuellement en phase d’exploitation sur site. A ce jour, deux collecteurs ont été installés au Sahara dans les régions d’Adrar par : latitude 26° 41’N ; longitude 00° 10’ E ; altitude 220m de Tamanrasset par : latitude 21° 41’ N ; longitude 07° 07’E ; altitude 633m.

Une notice d’exploitation accompagne le dispositif. Elle permet, selon le protocole décrit, le prélèvement des filtres et les renseignements à fournir sur les paramètres suivants :
– Description du temps d’échantillonnage.
– Relevé des données de mesure (durée de l’opération, volume d’air et poids du filtre).

Par la suite les analyses physico-chimiques des aérosols sont effectuées au laboratoire.

Quelle est l’originalité de votre projet ?
Dans la technique antérieure, le collecteur d’aérosols se présente comme une cabine compacte ne permettant aucune circulation d’air, et, dans certains cas le moteur à l’extérieur est exposé aux intempéries. Dans certains cas, il existe, un ventilateur installé avec la pompe pour assurer son refroidissement. L’efficacité de ce système de refroidissement par ventilation dans les zones arides où les températures sont très élevées est insignifiante. En effet, lorsque l’air extérieur avoisine les cinquante degrés, en passant à travers le filtre, sa température s’élève d’autant plus que le filtre est obstrué par des particules. A sa sortie de la pompe, l’air dépasse les soixante degrés. Cette température est en général supérieure à la limite de fonctionnement du dispositif…..Pour apporter une solution à ces problèmes et aux exigences des zones arides où la température sous abri pendant la saison chaude dépasse les 45°C, quatre facteurs ont été utilisés Une peinture blanche réfléchissante, pour éviter un échauffement lié à l’exposition aux rayons solaires.
· Les parois (en double persiennes) de la niche du moteur d’aspiration d’air bloquent les particules de sable, arrêtent le rayonnement direct du soleil, limitent le rayonnement indirect et favorisent les mouvements de convection de l’air. Le corps du porte-filtre est recouvert d’une gaze mouillée d’eau en permanence. L’évaporation de l’eau entraîne une perte de calories qui fait descendre la température de l’air passant dans la pompe d’aspiration.
· Un ventilateur avec la mèche mouillée renforce le système de refroidissement par évaporation.

Quel est son impact socio-économique ?
Dans la plupart des pays d’Afrique, l’exploitation des mines s’effectue à ciel ouvert, elles présentent, même à faible dose, des sources dangereuses d’éléments toxiques, radioactifs et chimiques ; une fois inhalés ou ingérés, ils peuvent augmenter les risques de cancer du poumon ou des os et de plusieurs autres maladies chroniques à cause des polluants.
Au cours de certaines campagnes telles que la lutte anti-acridienne, le recours à l’épandage des insecticides est d’usage, par conséquent la mesure de la concentration de ces produits dans l’air est très importante sur le plan économique et p

our la protection de la faune et de la flore de la région…..Dans tous les cas, la mesure de la concentration des polluants dans l’air est une donnée de base importante pour la prévention et la protection de la santé humaine et de l’environnement.
En plus, La maintenance de l’équipement peut être prise en charge par la main d’œuvre locale d’un pays à faibles ressources financières, avantage précieux pour les zones isolées et concernées par la pollution atmosphérique.

Quels sont les organismes nationaux et/ou internationaux qui peuvent faire usage de cet appareil?
Ce dispositif est destiné aux universités, instituts, organisations et institutions nationales, régionales et internationales ayant des projets dans des zones arides et semi-arides dans le cadre de l’environnement, la santé, l’agriculture, l’aménagement, l’énergie, le transport etc. On peut citer :

– Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) ;
– Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ;
– Organisation mondiale de la santé (OMS) ;
– Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ;
– Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ;
– Organisation Météorologique Mondiale (OMM) ;
– Fonds international de développement agricole (FIDA) ;
– Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ;
– Organisation du Sahara et du Sahel (OSS) ;

– Organisation Arabe pour l’Education, la Culture et les Sciences (ALECSO) ;
– Organisation Arabe pour le Développement Agricole (AOAD).
– Les établissements de recherche nationaux travaillant dans le domaine de l’environnement et le développement durable des zones arides et semi-arides (enseignement, agriculture, météorologie, environnement, etc.).
– Les activités concernées par les problèmes de la pollution atmosphérique (bureaux d’études, santé, agriculture, transport, hydraulique, défense, aménagement, tourisme, énergie, etc.).

 Avez-vous quelque chose à ajouter?
La connaissance des particules mises en suspension dans l’atmosphère et collectées par les filtres, contribue à une meilleure caractérisation du forçage radiatif des poussières minérales particulièrement présentes dans les régions arides. Cette information est très importante dans le cadre des études sur les changements climatiques.

 Merci, Mr Messen d’avoir accepté l’invitation de BAI pour la réalisation de cet entretien « scientifique » au profit des lecteurs de BAI.

J’espère que les responsables des différents secteurs prennent notes aussi…

A vous le dernier mot !
Merci à vous ! Mes sincères amitiés à tous les Bel-abbésiens et particulièrement aux lecteurs de BAI, ce journal très intéressant que je viens de découvrir grâce à vous.  Je ne manquerai pas quand l’occasion se présente de faire une visite à Sidi Bel Abbés qui , je dois le rappeler, ne se situe pas très loin des zones menacées très sérieusement par le phénomène de l’ensablement Saïda, Naâma,Mechria !

 ENTRETIEN RÉALISÉ PAR "LE CYGNE"
6 thoughts on “Entretien: Lutte contre l’érosion éolienne et l’ensablement (2ère partie)”
  1. Sallamou alaykum Le Cygne
    Quoi que le mérite revient aussi à M Messen, J’apprécie fortement votre article, mais plus encore la richesse de votre culture générale. Ceci ne fait que conforter notre respect et justifier davantage notre jalousie à l’égard de nos femmes algériennes.
    Instruites ou pas, elles ont été et sont toujours à la hauteur.
    La fille Muslima fait entrer son père au paradis in chaa ALLAH.
    Sallamou Alaykum

  2. Bonsoir. Mme le Cygne
    Merci pour cette interview. j’apprécie sa spontanéité
    Sincèrement, j’aurai aimé poser une question verte à Mr Nacer MESSEN et noter ainsi son avis sur le « bilan » de la réalisation écologique du barrage vert en Algérie et l’avancée inexorable du désert!
    Merci.

    1. Mr Karim10 Salam et Merci….!!!!

      Mr Messen Nacer, vous salue et m’a chargée de vous donner sa réponse: L’espace vert est très utile pour l’homme et son environnement, mais le barrage vert n’est pas considéré par les spécialistes comme la seule solution contre la désertification. Pour la lutte contre ce phénomène, on doit prendre en considération plusieurs facteurs à savoir : L’érosion éolienne, l’érosion hydrique, les atteintes de l’homme (pression écologique) ,le climat……Et delà les techniques de lutte différent selon qu’on s’attaque à la source, à la zone de transport ou à celle du dépôt des sables………
      L’emplacement du barrage n’a pas pris en compte tout ces aspects, quand au bilan du projet, il n’y a pas mieux que les forestiers qui sont en mesure de mieux répondre à la question.

      Voilà, c’était la réponse de Mr Messen…!

  3. Un bel article qui nous fait découvrir , dans un domaine très pointu de la recherche scientifique et à travers les travaux d’un chercheur émérite, les mécanismes particuliers de l’érosion éolienne en milieu aride et semi-aride.

    Il met aussi l’accent sur ces phénomènes bien connus, mais encore mal maîtrisés, qui pointent aux portes de « l’Algérie utile » : ceux de la désertification rampante et des diverses pollutions qui menacent dangereusement l’agriculture , le couvert végétal, et de manière plus générale l’environnement naturel et sanitaire de la population.

    Il est heureux de découvrir et de constater que notre pays recèle des universitaires de très haut niveau scientifique et technique, à l’image de Monsieur Messen Nacer qui travaille ici, au pays, dans l’humilité , la modestie, l’anonymat et le silence ingrat des laboratoires , et malheureusement surtout…. dans l’indifférence qui couronne le plus souvent les efforts de nos chercheurs.
    Comme quoi, il n’y a pas à chercher bien loin pour trouver des chercheurs qui cherchent …et qui trouvent, malgré la condition peu reluisante de la recherche en Algérie .

    Merci d’avoir pensé à mettre dans la lumière un digne représentant de nos chercheurs qu’il faut continuer à encourager ne serait-ce qu’en leur témoignant à tous respect et grande estime.

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