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FINIE LA COMÉDIE

ByAL HANIF

Nov 28, 2016

Dante Alighieri, auteur de « La Divine Comédie » est crédité à travers cette œuvre, d’avoir enfanté la langue italienne moderne.Cela est vrai, toute comme le génie de Chaucer avait permis le même miracle avec « Les Contes de Canterbury » qui allaient donner naissance à l’anglais moderne et annoncer Shakespeare.Le poème de Dante, commis entre 1303 et 1304 en parler populaire toscan, accéda au statut d’œuvre la plus connue de l’Europe médiévale, et de texte fondateur de l’italien moderne ainsi que de l’exégèse poétique religieuse. » Au milieu de mes jours, je m’en irai aux portes de l’enfer », écrit Dante en reprenant ces mots mystérieux prononcés par Achaz de Juda et cette filiation est promptement relevée par les érudits italiens.

Tout cela peut être pris pour argent comptant, jusqu’au moment où l’on relève la tromperie et le désir d’occulter la vraie source d’inspiration pour ne rien devoir à l’aire culturelle islamique.Maxime Rodinson, orientaliste et arabisant accompli relève dans un ouvrage paru en 1951 que l’œuvre de Dante était calquée sur l’Isra ou voyage nocturne du prophète de l’islam (saw) au masjid El Aqsa « Gloire à Celui qui de nuit,fit voyager Son Serviteur du Lieu Sacré d’Adoration au Lieu d’Adoration le plus éloigné. »
La parenté de « La Divine Comédie » avec le récit prophétique ne fait aucun doute même si le point de départ de Dante semble être une forêt inextricable et son imagination le produit d’une conscience inquiète.La luxure, l’orgueil et l’avidité empêchent le voyageur de « La Divine Comédie » de marcher vers la lumière.Ne pas reconnaître la dette de Dante, et plus largement celle de l’Occident procède une fois de plus de cette volonté de s’opposer au monde musulman en le niant.L’islamophobie savante ne fera qu’accentuer ce biais.

Tout croyant et récitant du Texte coranique, familier des notions de « isra wa mi3raj », au delà des épitomés d’histoire et de géographie,reconnaîtra également l’utilisation des nombres arabes fondés sur la position des chiffres.Je connais cet Occident qui a pris l’habitude d’entrer en douce dans des maisons qui ne lui appartiennent pas,pour s’approprier des trésors qu’il déclarera faire siens uniquement.Nous n’instruirons pas le progrès de Dante comme celui d’un vulgaire voleur amateur qui avait réussi à convaincre ses thuriféraires d’être un maître spirituel que tous attendaient.Son génie poétique est souffle et inspiration.Nous nous contenterons de relever l’emprunt. À qui demande t-on pour savoir?
Et de relever que « La Divine Comédie » était un produit idéologique de premier plan,œuvre écrite pour racheter le monde chrétien, une sorte de croisade combattue en Europe par la magie du Verbe.Dans son poème, Dante part du centre du monde habité ( la vieille Europe) pour rejoindre le centre de la terre (Jérusalem).

La forêt obscure dans laquelle le poète se perd est une allégorie du Mont des Oliviers où le Christ fut tenté par des démons. Avant de passer par la traversée du purgatoire, Dante terrifiera le lecteur avec les affres de l’Enfer en promettant de ramener les chrétiens vers la ville sainte.En ce sens, « La Divine Comédie » est projet politique et il devient clair qu’elle soit cheval de Troie pour l’ordre templier. Je connais cet Orient désorienté déboussolé par un monde plus complexe qu’il ne le disait.Les musulmans furent de fins politiques et très tolérants.Ils avaient, dans la foulée de Salah Eddine , ouvert les portes de l’hospitalité après la reconquête de Jérusalem quand les croisades
ramenaient en Palestine des aventuriers fanatiques en quête de martyre.Et que juifs et arabes étaient bannis.
L’historiographie rapporte que tous les croisés n’avaient pas le même zèle religieux et que Lombards, Francs paillards,Ombriens,Tusques, charlatans et rebuts de galère dont les riches villes d’Europe ne voulaient pas, devenaient l’avant-poste chrétien en terre de Palestine.

Un historien chrétien de l’époque rapporte: « Ces canailles désorganisées erraient dans Saint jean d’Acre,en quête d’ennemis à tuer ». Loin de l’image dépréciée que l’on veut donner d’eux, il faudra convenir que les arabes ont été de formidables inspirateurs et des passeurs de savoir.Dans l’empire musulman, des bibliothèques immenses abritaient un patrimoine précieux de savoir oublié, la philosophie des grecs,la mathématique indienne, l’astronomie babylonienne et égyptienne.
Ce Savoir, ils s’en déclaraient volontiers héritiers, ne spoliant aucun droit historique et il était cultivé et accru avec un dévouement religieux.IQRA intimait leur doctrine. Honore la mosquée d’El Asqa prescrit leur mémoire religieuse.Abandonnons la guerre et cultivons la Science car la science n’a pas de patrie. Elle est la patrie de tous les hommes.La Science donne l’amitié de Dieu et renonce au massacre et au martyre.Mais la vigilance recommande de reconnaître un ennemi si on le croise.
Finie la comédie!

AL-HANIF