HADJ MEHDI BENSAID, LATERAL GAUCHE DE L’USMBA (1945-1949)

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Il est né en 1926. Dans une semaine, le 2 Août, il bouclera ses 85 ans. El Hadj Mehdi BENSAID a fait partie de la Glorieuse et Historique USMBA de 1945 à 1949. Latéral gauche, titulaire en juniors et séniors. A l’époque déjà, on « trafiquait »  les licences. Par manque de joueurs, il n’y avait pas d’équipes juniors. Pour toute l’Oranie, il n’y avait que deux équipes : L’USMBA et Hammam Bou Hadjar. El Hadj BENSAID, jouait en juniors, jusqu’à un âge avancé, avec la licence de son jeune frère Hamza, grâce au doigté de BENDELLA. L’équipe jouera…. Deux matches par saison (aller/retour contre Hammam Bouhadjar) pour être Champion d’Oranie deux saisons consécutives.

Durant les saisons 45 – 49, il aura côtoyé les BENCHEIKH, BENDIMERED, BOUSSAID, MEKAMENE, KADA, HAMID GAMBETTA, SALLAT, PETIT POUCET, DERRAR, POULAIN (frère de Said MAKOUDI) les frères BENYOUNES, BENBAREK et l’autre Marocain  MUSTAPHA. Il y avait FALCONE comme membre du Comité, un Corse pas comme les autres.  De mémoire, il pense que seuls trois sont toujours vivants : MEKAMENE, SALLAT et lui.

El Hadj MEHDI nous raconte avec une grande émotion, les grands moments qu’il aura vécu avec cette glorieuse et non moins héroïque équipe qu’était l’USMBA. Parfois, la mémoire lui fait défaut, d’autres fois, c’est toute la nostalgie qui l’enveloppe. Les mots sortent difficilement. Il se souvient encore de son « recrutement » alors qu’il jouait en inter quartier dans le mythique « Fillage Errih »   « C’est SEKKAL Chaïb et Nori BENDIMERED qui sont venus me voir et proposer d’intégrer l’équipe » dit-il ; « J’ai dit oui spontanément. J’avais 19 ans. »

Quand Si El Hadj  MEHDI parle, on ne peut que boire ses paroles. Elles mettent en exergue tout le militantisme, le patriotisme qu’incarnait le foot-ball qui aura grâce à ce genre d’hommes, apporté énormément à la Révolution ! L’impact de l’équipe FLN composée de stars de l’époque qui ont tout abandonné pour représenter l’Algérie est édifiant !

Jouer pour une équipe musulmane, ne se faisait pas contre un juteux contrat, mais juste par appartenance à un Pays qui se voulait libre !

El Hadj nous raconta comment a été conclu le transfert de BENBAREK de l’OMarseille vers l’USMBA. « C’est Saïd MAKOUDI, CHIKHI (Trésorier) et un troisième dont j’ai oublié le nom qui sont partis à Marseille pour négocier et conclure son transfert. C’était en 1949. Le montant de contrat était de 1.500 000 Francs. (1) Il y avait un problème qui avait surgi en dernière minute qui a failli faire capoter la transaction. Une recette de 800.000 francs d’un match contre l’USMO, avait été laissée dans la malle. Alors que les personnes, sont parties prendre un café, l’argent avait disparu. Il devait financer le contrat de BENBAREK ! »

Le jour où BENBAREK est venu, il s’est prosterné et embrassé le sol Algérien par deux fois !

Il a habité à l’extrémité de Village Abbou, avec sa femme Espagnole et ses deux enfants. Il est parti en 1956 pour revenir après l’indépendance, ramené par Feu D. HASSANI, comme entraîneur-joueur. « Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de jouer avec BENBAREK » dit-il amèrement. « En 1949, alors que lui intégrait l’équipe, moi je la quittais pour le WAC de Mercier-Lacombe (Sfisef). Suite à une mésentente au sein du Comité de l’USMBA, SEKKAL Chaïb l’a quittée pour aller au WACML et nous a pris avec lui, 4 joueurs dont BENCHEIKH, KOUIDER et moi-même. Nous y sommes restés jusqu’en 1951 où j’ai arrêté définitivement le foot-ball, avant d’aller en prison pour trois ans, pour mes activités militantes.

Si El Hadj MEHDI tient à rappeler avec insistance que la talonnade de MADJER n’est pas sa propriété. Il précise que cette talonnade (pratiquement la même !) a été réalisée par MUSTAPHA le Marocain de Casablanca lors d’un match USMBA/USMO au stade Montréal (Bouakeul) contre le meilleur gardien de l’Oranie, BAGHDAD.

Il se souvient également de cette année 1956 où la finale du Championnat de l’Afrique du Nord devait opposer l’USMBA au Sporting (SCBA). Une finale 100% Bel Abbesienne, qui n’eut jamais lieu ! Elle fut domiciliée à Oran, mais le Préfet a refusé pour raison de sécurité. Il est vrai que la Guerre faisait rage et les conséquences d’un match de foot-ball opposant Algériens aux Français de surcroît de la même ville, présentaient de grands risques ! 

Maigre consolation, la Coupe était restée à Bel-Abbès.

El Hadj MEHDI a accepté de nous livrer les secrets de quelques anecdotes insolites qu’il aura personnellement vécues et que sa mémoire garde toujours, malgré le poids des ans.

–          Il se souvient de la « trahison » de MUSTAPHA qui en déplacement avec l’USMBA à Casablanca pour un match de coupe d’Afrique du Nord, leva le pied et nous fit perdre le match. Il resta directement à Casablanca et n’a plus rejoint l’équipe depuis ce jour.

–          Il se souvient également de ce match «arrangé» avec Témouchent. Il se rappelle qu’à leur arrivée, un copieux couscous fut servi à toute l’équipe. A la mi-temps, on menait 2 à 0. Les dirigeants de Temouchent sont venus nous voir aux vestiaires pour nous dire : «Vous avez mangé le couscous, alors que nous sommes dans «l’année du bon» et vous ne nous laissez pas vous battre?» Le score final était de 4 à 2 en faveur de l’équipe locale!

–          Il ne peut pas oublier ce match où en sauvant un but sur la ligne, il alla cogner le montant des buts avant de tomber dans les pommes. L’arbitre siffla la mi-temps. Quand je lui demandais s’il avait été remplacé, il m’apprit que les lois de foot-ball de l’époque ne le permettaient pas encore. On jouait à onze seulement et pas de remplaçants. Ce n’est que quelques années plus tard, que fut introduite la disposition de recourir aux remplaçants. Il dut donc terminer la partie même s’il « voyait les joueurs des deux équipes porter la même tenue !!! »

–          Il se souvient également de cette année 1946, où devaient avoir lieu deux matches contre l’USMO en 15 jours, coupe et championnat. Lors du premier match, l’USMO nous battit facilement (2 à 0), BENYOUNES étant comme une passoire et ne cessez pas de me crier chaque fois «Laisse!» pour laisser le ballon lui filer sous le ventre ! Il avait arrangé le match à l’approche de l’Aïd contre un sac de semoule et un mouton ! Le second match fut remporté facilement 4 à 0 par l’USMBA!

–          Il se souvient également que durant toute sa carrière, il a eu une seule fois l’occasion de manger dans un « restaurant » où il devait utiliser la fourchette pour manger le poisson !

Mais avec l’évocation de tous ses souvenirs, une seule chose lui reste au travers de la gorge : On n’a pas pensé l’inviter au Mémorial organisé récemment pour Nori BENDIMERED, alors qu’il était  « comme un frère pour lui. »

L’Histoire se répète dit-on. Ainsi l’ailier BelAbbesien TLEMCANI alors qu’il était à Casablanca, a habité, ironie du hasard, le même immeuble que BENBAREK. Ils eurent l’occasion de se rencontrer et sympathiser, quand ils surent que les deux ont porté les couleurs de l’USMBA.  Beaucoup d’anecdotes on été racontées par l’un et l’autre, peut-être qu’un jour, Tlemçani nous racontera tout cela…..

Si El Hadj Mehdi BENSAID vit actuellement dans sa demeure de toujours où il nous a reçu, à Cité Mimoun.

(1)   Pour avoir une idée de ce que représente le montant nous avons demandé quelques repères à Hadj MEHDI. Il nous apprit que le salaire moyen de l’époque était de 18 000 francs. Le Montant de la transaction de BENBAREK, représente donc près de 100 fois le salaire moyen .Une maison de maître qui coûte actuellement u n milliard de cts, coûtait à l’époque 900 000 francs. Cela veut dire que le contrat de BENBAREK aura coûté 1, 5 Milliard de cts d’aujourd’hui. Même pas le coût de contrat d’un Chaouchi ou Hadj Aïssa. C’est comme si aujourd’hui, on “achète” MESSI à 1,5 Milliard de cts.

 

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