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JIHANE MADOUNI LA-PEYRE : Linguiste, spécialiste de l’arabe dialectal Bel-Abbésien

ByDjillali C.

Août 1, 2011

 «Cher Djillali, essayes d’écrire quelque chose sur Jihane. C’est une Bel-abbésienne qui mérite qu’on parle d’elle» Ces mots sont de mon ami Slim.

Mais s’il est vrai que Slim m’a communiqué quelques données la concernant, il n’en demeure pas moins que les recherches entreprises sont demeurées globalement infructueuses. Je n’ai même pas pu  avoir accès à sa biographie.

C’est pourquoi, nous mettons à la disposition du lecteur au moins quelques informations relatives à son ouvrage publié en 2003 et intitulé  » Dictionnaire algérien – français. Algérie de l’ouest Paris, L’Asiathèque, 2003

 C’est un dictionnaire élaboré à partir d’un dialecte de Sidi-Bel-Abbès, parler de l’Ouest algérien
Jihane Madouni-La Peyre est   maître de conférences d’arabe algérien à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO).

Elle est l’auteure d’une thèse soutenue à Paris III en 1996, intitulée Lexique et description d’éléments grammaticaux d’un parler de l’Ouest algérien (région de Sidi-Bel Abbés).

La région oranaise a connu un développement économique important, notamment depuis l’Indépendance. Cet essor explique les différents transferts vers Sidi-Bel-Abbès de populations urbaines, comme celles de Tlemcen, et rurales, comme celles de villages agricoles avoisinants. D’où le caractère mixte de la langue des Bel-Abbésiens, où se retrouvent à la fois des traits bédouins et citadins. L’élaboration du lexique correspond à un double objectif : contribuer à enrichir les travaux lexicographiques peu nombreux consacrés à l’arabe algérien; réaliser un dictionnaire comportant de multiples informations complémentaires (catégories grammaticales, emplois particuliers, indications d’ordre sociolinguistique, notation sur les niveaux et les registres de langue).

Marie-Claude Simeone-Senelle Llacan du  Cnrs – Villejuif a apporté une lecture critique de l’ouvrage de Jihane MADOUNI, dont nous publions ci-dessous quelques extraits, laissant le soin aux lecteurs et à notre Ami SENNI mohammed le soin d’approfondir les recherches pour mieux faire connaître cette Bel-abbésienne.

« Ce dictionnaire est constitué de 1 875 entrées; 1 505 apparaissent d’abord sous la forme de leur racine, les 370 restantes (prépositions et emprunts au français, espagnol…) sous leur forme lexématique. Chaque racine est d’abord suivie du lexème verbal (à la forme de l’accompli puis de l’inaccompli 3e pers. du masculin singulier), forme simple et formes dérivées; viennent ensuite les substantifs. La transcription est celle adoptée traditionnellement par les arabisants. L’ordre alphabétique est celui de l’arabe, excepté pour les racines dont deux radicales sont identiques (les racines dites «sourdes»), dans ce cas, c’est l’ordre de l’alphabet latin qui est adopté, sans que la raison de cette alternance soit donnée. Chaque terme est illustré par des exemples empruntés à la fois à la langue quotidienne et à un registre plus littéraire (des aphorismes, des proverbes). Il arrive que le classement de certains exemples soit déroutant. Pourquoi la locution (p. 192) dîr hajra fî serwæl-ek «mets un caillou dans ton pantalon! (se dit à qqn pour le calmer et le faire renoncer à une chose irréalisable)», sert-elle d’illustration au sens de «faire, accomplir»,   Quand cela est nécessaire, le mot à mot est précisé entre parenthèses et une glose explicite les conditions d’emploi des expressions figées. Ces explications, fort utiles dans beaucoup de cas, peuvent s’avérer quelque peu superflues dans d’autres.  J. Madouni-La Peyre nous précise effectivement (p. 8) que son dictionnaire a pour but de contribuer à l’enrichissement des «travaux lexicographiques, peu nombreux, consacrés à l’arabe algérien»   Si le titre du dictionnaire de J. Madouni-La Peyre laisse supposer que toute l’Algérie de l’Ouest est concernée, l’auteur précise, dès la première ligne de l’Introduction (p. 7), que l’ouvrage «a été élaboré à partir d’un  dialecte de Sidi-Bel-Abbès». Il est malheureusement impossible de savoir exactement de quel dialecte il s’agit, puisque rien n’est dit quant à la méthodologie suivie, aux conditions d’enquête, au choix des informateurs et à l’élaboration du corpus. On ignore si ses données sont représentatives d’un quartier, d’un groupe social, de l’ensemble de la ville, avec ou sans les faubourgs. Dans une région qui est composée d’une «mosaïque de groupes sociaux d’origines diverses», le parler est classé comme «mixte» (p. 7), car il possède des traits relevant à la fois du parler des bédouins et de celui des citadins; on apprend aussi qu’il diffère des parlers des vieilles cités de l’ouest algérien et de leurs villages environnants (p. 8). D’un point de vue linguistique, les quelques traits (neuf au total), jugés caractéristiques sur le plan de la phonétique, de la morphologie et du lexique, sont brièvement présentés (p. 7-8), mais ils ne suffisent pas à délimiter le dialecte. Les annotations d’ordre sociolinguistique annoncées (p. 8) restent insuffisantes pour évaluer les variantes et localiser le parler    excepté pour ce qui est de quelques emprunts du type midîti «humidité»). C’était pourtant là ce que se proposait aussi de faire l’auteur (p. 9). »