La deuxième république n’est pas un vain mot, mon général, ministre de la république.


Mon général, monsieur le ministre,

Je m’adresse à vous en tant que citoyen libre dans sa pensée (libre penseur), universitaire, écrivain, enfin intellectuel, si mes capacités me le permettent de l’affirmer. Aussi, enfant ayant aiguisé son amour pour la patrie dans le berceau de notre armée. Je n’ai  pas connu le classique collège du théorème de Pythagore, ni la cour et le dortoir du respectable lycée des années soixante dix. J’étais dans un monde où la rigueur faisait foi dans notre éducation multidimensionnelle. Je vivais dans l’espace du clairon qui annonçait l’extinction des feux et le réveil matinal en l’absence de la douce voix maternelle.

J’avais à peine neuf ans quand on m’a extirpé de  mon environnement parental  pour une éducation complémentaire et un rude apprentissage dans les salles de cours. J’étais le cadet de notre glorieuse révolution, le cadet de ceux qui ont défié la mort pour la liberté, le cadet de l’indépendance, héritier de ces valeureux hommes. Heureusement que cet héritage demeure un gène inextirpable, du fait qu’il n’est pas matériel.

J’appartiens au peuple auquel vous vous êtes adressé  du pupitre d’une caserne militaire .Du coup, vous avez accepté de vous soumettre à la critique citoyenne issue du mouvement de la liberté, celui du changement radical . Le discours de la « République démocratique et populaire » n’a pas plus sa place, et ce depuis la révolte citoyenne des jeunes du 22 février 2019.

La « RADP », un slogan vide de son réel contenu philosophique, ne pouvait enfanter un cadre juridique à travers lequel le peuple espérait mettre en œuvre les outils avérés dans la construction d’une société moderne. Un rappel historique est nécessaire pour vous rappeler que lors du congrès de Tripoli en 1962, et  devant le forcing instauré sur le GPRA par l’Etat Major Général présidé par feu colonel  Boumédiène, pour la désignation du bureau politique du FLN qui avait pour  tâche de préparer la phase de transition avec l’élection de l’assemblée constituante, et devant l’absence du consensus sur les personnalités qui devaient constituer le dit bureau politique, feu Seddik Benyahia, ne pouvant plus gérer la réunion,  suspend les travaux du congrès le 05 juin de la même année. La suite est connue pour arriver au 22 février 2019 et voir le peuple  s’extérioriser pacifiquement en lançant haut et fort : « Système dégage ». Ce système est né lors de ce congrès dont les travaux sont restés suspendus à ce jour.

Mon général, monsieur le ministre, cette lettre est destiné au vice ministre de la défense nationale, à l’homme politique, l’homme public, et non pas au chef d’état major. La distinction est de taille. C’est une réponse à vos discours destinés au peuple à partir de casernements militaires. Je refuse d’impliquer l’institution militaire populaire  dans le fond et la forme et qui est  en dehors de la « République » hégémoniste que le peuple subi depuis la disparition du GPRA. La première « RADP »n’est qu’un slogan imprégné du Baathisme, pour pérenniser  un pouvoir qui ne sort nullement du cadre de la « monarchie » archaïque habillée en costume de « république » dont le tissu est de très mauvaise qualité. D’une façon générale Quand la maturité politique fait défaut, l’erreur est omniprésente.

Mon Général, monsieur le ministre, vous avez rendu visite au « Président » Bouteflika lors de son hospitalisation à l’hôpital militaire français ‘Val De Grâce’ ,  et où vous avez constaté de visu l’état de santé  tout en prenant certainement acte  des  rapports médicaux inquiétants. C’était à ce moment précis que vous auriez du déposer  votre démission du gouvernement, refusant d’emblée le fait accompli. À cet instant, vous auriez du proposer comme vous venez de le faire tardivement, l’application de l’article 102 de la constitution. Malheureusement, votre attitude s’est confondue au silence du consentement jusqu’à vous taire sur le ridicule, à savoir garantir un quatrième mandat à un candidat invalide, éclipsé par son état de santé.

Mon général, monsieur le ministre,

Lors de votre dernière déclaration publique vous avez précisé que  l’institution militaire se limitera  à ses prérogatives constitutionnelles .Cela veut dire tout simplement que votre proposition sur l’application de l’article 102 de la constitution sortait  du cadre de vos prérogatives en tant que chef d’état major de l’ANP. Seulement, votre déclaration n’était pas fortuite je pense, car depuis l’avènement du congrès de Tripoli,  l’institution militaire est toujours garante dans  la désignation ou la destitution du président de la république.Tous les présidents qui ont géré le pays ont fait partie de l’institution militaire, mis à part le défunt Boudiaf.

Mon général, monsieur le ministre, le peuple est  fier de ses enfants qui garnissent les rangs de notre armée populaire, et  ne peut s’éloigner de cette dernière pour assurer la stabilité et la sécurité de notre pays. Il existe une véritable symbiose entre le peuple et son armée. Toutefois, l’institution militaire ne saurait être indifférente, lorsque l’instabilité politique est en mesure de déchiqueter les repères de la nation et provoquer un enlisement sans précèdent. Le mouvement du 22 février 2019 entame la marche pacifique pour aboutir à l’éradication du système mafieux qui a marginalisé les compétences au profit de la médiocrité source de dilapidations des richesses du peuple .

Une véritable mafia micro-régionaliste s’est emparée de l’appareil judiciaire pour faire taire les voix militantes au profit des mains sales. Même leurs enfants se sont gambadés sur le dos de la « République » devant les yeux meurtris d’une jeunesse accablée par la HOGRA, préférant et dans le désespoir,  offrir leur corps à la faune marine méditerranéenne que de disparaître à petit feu dans leur pays natal.

En conclusion, je dois vous assurer que la peur a changé de camp, et le peuple uni dans sa démarche pacifique, mettra fin à l’hégémonie de ce système qui agonise, qui étouffe et qui n’arrive plus à tenir debout. FAKHAMATOUHOU, « le roitelet » de la république écorchée n’existe plus. Enfin, la naissance de la deuxième république n’est pas un vain mot monsieur le ministre, car les articles 7 et 8 de la constitution sont les garants dans sa construction.Vive l’Algérie Horra Dimocratia, Allah yerham Echouhadas et GLOIRE à notre jeunesse, symbole du HIRAK du 22 février 2019.Que dieu tout puissant protège notre ANP.

                                                                                   Mes sincères respects.

Dr Driss Reffas , le 31 mars 2019