Former le 048551133 puis ajouter 15 après la sonnerie. C’est le message indiqué sur une affiche à l’intérieur de la daïra service biométrie pour un ultime rendez-vous. L’intention est bonne tant qu’elle permet aux citoyens demandeurs de passeport ou permis de conduire de prendre rendez-vous sans peiner à se déplacer et encombrer les guichets pour rien.
L’intention est aussi plus large de vision, elle permet de concrétiser l’efficacité de la technologie au service de la société. Un simple appel de quelque secondes permet de satisfaire une demande, et de la sorte réaliser l’objectif de rapprocher l’administration du citoyen et créer ce lien de rapprochement.
C’est là, des objectifs tracés par le gouvernement, traduits par le premier ministre Mr Abdelmalek Sellal lui-même, affichés par un souci majeur de Mr le wali lors de ses visites dans les différents secteurs. Seulement, entre la parole est l’exécution, c’est la fameuse réalité qui se dresse comme une orbe, ou le citoyen n’aura désormais ni porte ni fenêtre pour manifester sa réaction de crier son infini secours.
Fumisterie
L’action n’est pas sérieuse du tout. La naïveté d’y croire toujours à un changement que chacun espère de son plus profond vous tord la main même devant le mensonge. 50 années d’indépendance sans fruits de liberté, et pourtant croire à un demain meilleur reste invaincu devant une résignation qui colle à la peau de tout un chacun.
Reste à savoir, si la patience à des limite, combien peut tenir cette croyance positive devant un interminable vent de mensonge garni par une indifférence meurtrière d’un personnel qui ne répond pas à cet objectif de conciliation avec la société en général, ni une planification qui facilite l’aboutissement au résultat espéré.
Demander un passeport ces derniers jours, depuis presque 3 mois déjà, est devenu pire que de trouver des témoins pour une pension de moudjahid. Une véritable punition qui vous ferait par unique bonheur d’apprendre par cœur le numéro 048551133 qui serait plus tard un veritable cauchemar. Une cassette est mise à la disposition du citoyen qui vous demanderait de choisir entre la langue arabe ou française en tapant le 1 ou le 2 selon le choix, et puis c’est le merdier, silence total même pas votre tonalité qui revient pour vous réconforté d’une présence.
Des victimes comme vous, vous apprennent qu’il faut faire plusieurs essais, cela pourrait être du à un encombrement, à la forte demande et un peu d’autres illusions que vous vous forcez d’admettre pour votre bien être de crainte de perdre les pédales avant même de décrocher un misérable rendez-vous. Cet état dure incroyablement. Une jeune doctorante dans le besoin urgent d’un passeport pour des séminaires à l’étranger notamment en France, nous fait ces révélations après avoir resté à former ce fameux numéro jour et nuit pendant plus de 02 mois, depuis octobre. Cela parait de l’absurde à première vue, voire incroyable.
La seule façon de le savoir c’est d’essayer par soi même.
Un saut au siège de la biométrie
La salle déjà étroite de son état faisait le trop plein, des gens tout sexe et tout âge assis à même le sol. Un paysage qui étonne, y’a-t-il quelque chose qui nous aurait échappé, pourquoi d’un seul coup on veut tous partir de ce pays? C’est l’idée qui vous frappe tout d’un coup. On apprend encore que ces gens ne sont que ceux qui ont déjà l’accord….tient c’est bon, pourquoi ne pas leur demander le comment de leur réussite dans cette épreuve ?….les réponses étaient de toutes les couleurs : par téléphone organisé (tu m’appelle et tu me fais un signe), par recommandation et par toutes les ruses du mondes. Un usager parmi les présent nous dit qu’il faut former le 5 après le numéro pas le 15 comme c’est écrit sur l’affiche « j’ai essayé et ça à bien marché » a-t-il dit. C’est drôle, s’il faut former le 5 pourquoi alors on recommande à l’usager de former le 15 qui n’aboutit à aucune suite.
Une chef de service à la cerise de ce merdier
Dans un but d’apporter un éclaircissement au citoyen afin de le rassurer sur les différentes mesures entreprises par ces services sur une prise en charge de ce mystère, on a demandé à voir un responsable. Une Damme chef de service nous a reçue au couloir téléphone portable à l’oreille, front ridé et sourcils foncés d’un air aguerri qui repousse de bien loin cet objectif que trace péniblement le gouvernement pour le seul but d’être à l’écoute du citoyen et apaiser ses douleurs d’une bureaucratie écrasante.
Ici, le constat était plus qu’épouvantable. Derrière la porte qui sépare la salle publique qui rassemblait le citoyen lambda, un autre monde apparemment plus fortuné du moment qu’il n’avait pas à entreprendre le même parcours de combattant à demeurer derrière un téléphone qui fait plus monté la tension que de rassurer d’une mesure illusionniste. Des indiscrétions ont rapporté que cette frange plus privilégiée pour différentes raisons n’avait pas à utiliser le téléphone pour décrocher un rendez-vous.
Télépho-cratie
La bureaucratie avait son impacte sur le citoyen et la société en générale, un impacte douloureux qui a alimenté certains vices et créneaux notamment la corruption, assommé l’économie du pays et fragilisé la structure sociétale. De grandes mesures ont été tracées par le gouvernement par l’élaboration de toute une stratégie afin de combattre cet obstacle qui constituait un frein pour le développement, mais voilà qu’une nouvelle forme d’entrave vient cassée cette volonté : ‘’télépho-cratie’’.
On a voulu réduire les bureaux pour abréger les attentes, on a introduit une autre forme d’attente, un téléphone avec une cassette puis un vide qui vous replonge de nouveau dans de nouvelles attentes interminables et surtout indescriptibles. Comme si on a plus envi d’entendre ni de voir le citoyen.
Djillali T