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« LA PEUPLADE, LE SULTAN & LE VIZIR » (I)

ByRedaction

Jan 31, 2019
Djillali Cherrid 1951 – 2018

« LA PEUPLADE, LE SULTAN & LE VIZIR » (I) par Djillali C.

Il était une fois une Peuplade vivant au Sud réputé par ses chaleurs torrides, dans une contrée tranquille, avant qu’une autre Peuplade venant celle-là, du Lointain Nord, plus célèbre lui par son froid glacial, ne procéda à son occupation. Tout comme d’autres Peuplades du Nord occupèrent d’autres Peuplades du Sud.

Une légende vraie circulait sur ces Peuplades du Sud qui dit-on, avaient d’énormes trésors cachés sous leurs « huttes » et seules les Peuplades du Nord détenaient le secret de la découverte du trésor et son utilisation.

Ensuite, les Peuplades du Nord avaient percé le secret qui leur permit de disposer d’armes plus redoutables telles les «  bouches d’acier » qui crachaient des « boules de feu », et des « oiseaux de fer » qui déversaient des « pluies incandescentes ». Elles arrivèrent même lors des deux grandes guerres qui éclatèrent entre elles, à découvrir le secret de l’arme absolue. Il paraît qu’ils avaient lancé une arme contre leur ami de l’extrême Est, contrée tout près du lieu où se lève le Soleil, tellement redoutable qu’elle était capable de tuer en masse, juste avec l’air qu’elle provoquait. Une arme magique, quoi ; et tout le monde la redoutait, y compris les Rois des Peuplades du Nord.

Notre Peuplade du Sud qui était occupée par celle du Nord, se réveilla 32 ans et un siècle plus tard, pour décider grâce à quelques valeureux Guerriers, de se débarrasser des Occupants, car, ils avaient enfin compris à quoi servaient les pièces contenues dans les trésors cachés sous leurs « huttes » et notamment « l’étrange liquide boueux » appelé « or noir »

Grâce beaucoup plus à une détermination sans faille, qu’à une quelconque suprématie d’armes, les valeureux guerriers purent au bout de sept longues années, mettre dehors l’armée de la Peuplade du Nord.

La Peuplade du Sud libérée enfin pour profiter du trésor cachée sous ses huttes, fut provoquée en duel par la Peuplade voisine du Sud dont les habitants étaient pourtant issus des mêmes familles. Suite au fameux « hagrouna » lancé par le Guerrier qui prit le pouvoir, Il y eut quelques morts de part et d’autres avant que la Paix ne revint, et la hache de guerre enterrée.

Au même moment, la Peuplade de Sud qui recouvra sa liberté, se confronta à la question de savoir qui devait être le Sultan de La Peuplade. Après moult tergiversations entre les « Guerriers survivants », on convint malgré quelques réticences, à avoir un consensus, sur un parmi eux. Malheureusement, 3 années plus tard, un autre Guerrier se révolta et utilisa les armes qui crachent les « boules de feu » achetées chez le Roi de la Peuplade du Nord avec laquelle il entretient d’excellentes relations commerciales. Ces armes furent utilisées pour chasser le premier « Guerrier  » qui a été nommé Sultan.

Le deuxième Sultan qui prit le pouvoir ne sachant pas utiliser les pièces du trésor caché sous les huttes, fit appel aux « savants » de la Peuplade du Nord qu’il avait chassé pour exploiter le trésor et surtout le fameux précieux « liquide noir » que l’ancien occupant pompait et transportait chez lui au Nord, grâce à de « tuyaux géants » qui traversaient toute la contrée de la Peuplade du Sud mais aussi le « Grand Lac Bleu », qui séparait les Peuplades du Nord des Peuplades du Sud.

Le Guerrier qui prit le Sultanat après le premier guerrier, régna longtemps, longtemps, avec une main de fer sans gant de velours, sur les Membres de sa Peuplade. Il leur apprit à aller à l’École comme les Peuplades du nord, et à travailler dans des « Grands Hangars » qui fabriquaient des choses étranges, et importées de chez le Roi des Peuplades du Nord, grâce au liquide noir.

Bien plus tard, plus d’une dizaine d’années et demi, le Guerrier qui avait pris le Sultanat grâce aux armes que lui vendait le Roi des Peuplades du Nord, mourut. À sa mort, beaucoup de bruits circulaient sur les raisons de sa mort après une longue maladie. On parlait même d’un « rayon de lumière »ressemblant à l’éclair qui l’aurait empoisonné. En réalité, la Peuplade n’acceptait pas que son Héros de Sultan qui régnait d’une main de fer sans gant de velours, puisse un jour mourir.

À sa mort, les autres Guerriers vestiges de la lutte contre l’occupant de la peuplade du Nord, malgré qu’ils aient vieilli, continuèrent leur bataille pour prendre le Sultanat. Alors que deux parmi eux se battaient à mort, un troisième surgit et s’installa à la tête du Sultanat grâce à l’intervention des chefs de tribus relevant de l’armée des Guerriers. L’un des deux autres se fit oublier, alors que le second alla en ermitage chez les lointains cousins Bédouins du Désert Oriental. Son voyage durant lequel il devait « traverser le Désert », dura vingt ans.

Le Troisième Sultan de la Peuplade du Sud qui chassa l’armée de la Peuplade du nord venant du Froid, régna donc 13 longues années.

Durant ses années il gâta sa Peuplade en lui offrant tous les fruits et surtout cette boisson noire qui fait roter à chaque gorgée et venant de lointains Pays où vivent les Peuplades qui portent des plumes sur leur tête et adorent Manitou. Il offrit également à sa Peuplade une panoplie de « caisses »métalliques et plastiques qui permettaient notamment – par je ne sais quelle magie – de garder les aliments toujours froids, et rendaient « dure » l’eau de l’oued. Il leur offrit également une multitude de «  fenêtres  » qui, posées n’importe où permettaient grâce à la magie des savants des Peuplades du Nord, de voir les images des gens importants et des animaux directement dans sa hutte.

Pendant ce temps, les Peuplades du Nord se réunissaient et s’unissaient. Elles étaient jalouses de la Peuplade amie qui se trouve de l’autre côté du « Lac Géant Atlantique ». Le Roi de cette Peuplade était très puissant et possédait non seulement les armes magiques les plus importantes, mais aussi les « Hangars  » les plus grands du monde qui servaient à créer toutes les « choses miraculeuses  » : des « charrettes » qui roulent à une vitesse inouïe sans chevaux, jusqu’aux « oiseaux d’acier » passant par les « fenêtres magiques ». Les Peuplades du Nord se regroupèrent en une seule Peuplade et firent en sorte que le prix du précieux liquide noir soit dérisoire. Alors, le Troisième Sultan de la Peuplade du Sud qui gâtait les Membres de sa Peuplade grâce à l’argent du liquide noir, se trouva fort dépourvu suite à la baisse de son prix, et le Sultan ne put plus acheter toutes les « machines miraculeuses  ». Alors les Membres de la Peuplade se fâchèrent et se révoltèrent contre le Sultan qui fait intervenir les Guerriers qui, après avoir chassé l’armée de la Peuplade du Nord, tuèrent les «  gamins  » de leur Peuplade qui «  faisait un chahut ». Après les émeutes qui eurent lieu un certain mois d’octobre de la onzième année du règne, le Sultan décida d’autoriser la création des « jmaâ ». Ainsi n’importe quel membre de la Peuplade pouvait, s’il réunissait 40 amis de la même Peuplade, créer une «  jmaâ  » et prétendre être le futur Sultan.

Malheureusement, utilisant la «  fenêtre magique » la «  jmaâ  » constituée par des Membres de la Peuplade s’ « appropria » la religion et le Saint Coran pour mobiliser et se battre pour prendre le Sultanat aux «  Guerriers » Mais les « Guerriers » n’étaient pas prêts à abandonner le Sultanat. Alors la Guerre entre les Membres de la Peuplade éclata. Elle dura dix longues années et coûta plus d’une centaine de millier de morts parmi les Membres de la Peuplade !

Entre temps le Troisième Sultan démissionna et les « Guerriers » firent appel à un très ancien « Guerrier » qui les avait quittés dès l’installation du Premier Sultanat. Mal lui en pris, car il fut assassiné par un Guerrier sous les ordres des Chefs des Guerriers. La Peuplade entière assista à l’assassinat grâce à la « fenêtre magique ». On traita le Guerrier Assassin de fou et on classa l’affaire.

Face à cette situation, alors que l’armée des Guerriers gagnait du terrain sur l’armée de la « Jmaâ  » utilisant le prétexte du Saint Coran,la contrée transita par un autre Sultan qui ne dura que quelques années avant de se désolidariser.

Les Chefs des guerriers firent alors appel à celui qui fut en ermitage, le nombre d’années passées à traverser le désert étant épuisées. Celui-ci s’installa. Il commença par marquer son allégeance au Chef de la Tribu dominante qui se trouve au-delà du Grand Lac Atlantique. Il réquisitionna la «  fenêtre magique »pour lui tout seul et décida d’offrir le Siège de Vizir à deux Zouaves qui l’occupaient en alternance pendant déjà 12 ans. Tout cela, après la Paix engagée avec les restes des Guerriers de la « Jmaâ » qui utilisait la religion.

Mais durant le Troisième cycle de son Sultanat obtenu grâce à la bénédiction des différentes « Jmaâtes » y compris ce qui reste de la « Jmaâ » se revendiquant à tort du Saint Coran, le sultan vieillissant et souffrant, se tut. Il se tut pendant longtemps y compris quand un fort vent ressemblant à ces vents dont on dit qu’ils détruisent tout dans les Peuplades Impies, damnés par Dieu, et qui se trouvent tout près de lieu où se lève le Soleil. Il paraît d’ailleurs que c’est pour ça qu’ils vénèrent le Soleil au lieu d’adorer Dieu. Il se tut donc, pendant que ces vents traversaient une grande partie des Peuplades du Sud. Subitement, les Membres de ces Peuplades se révoltaient pour demander le départ de leurs Sultans qui régnaient sur eux sans problèmes depuis de longues, très longues années. Les Sultans ne comprenaient rien du tout. Même les Rois des Peuplades du Nord, anciens occupants des Peuplades du Sud et de l’Orient, qui sont devenus amis inséparables, ne comprenaient rien du tout.

Pendant ce temps, alors que deux Sultans sont déjà partis, et que les Membres de leurs Peuplades n’ayant pas pu trouver de nouveaux Sultans, s’entretuent, alors que les autres Peuplades du Sud s’entretuent également parce que leurs Sultans ne veulent pas partir ; le Sultan de notre Peuplade, Lui, qui revint de son voyage passé à traverser le Désert, continue à se taire.

Les Membres de la Peuplade continuent à se poser des questions et tous les « Papyrus » de la contrée posent quotidiennement la même question : « Où est-il ? » Il apparaissait pourtant quelquefois par an à travers la «  fenêtre magique  » comme la dernière fois où il a gentiment apporté de l’eau douce à ses sujets des confins du Sud en plein désert qu’il affectionne particulièrement. Mais toujours, sans rien dire !

Son Vizir par contre, a parlé cette fois, après une absence qui aura longuement duré. Mais quand il a commencé à reparler, il n’a plus voulu se taire. Et lorsqu’il a parlé c’était pour dire qu’il allait prendre la place du Sultan.

Les Membres de la Peuplade sont dubitatifs : Ils ne comprennent pas pourquoi que depuis le Premier Sultan ; c’est toujours à la dernière minute que les Chefs Guerriers décident de dire qui doit prendre la place du Sultan. Comment se fait-il que maintenant le Vizir qui est nommé par le Sultan dise ouvertement aux Membres de la Peuplade qu’il va prendre la place du Sultan, commettant un crime de lèse-majesté et que ni les Chefs Guerriers, ni le Sultan lui-même, ne réagissent ? Même l’autre Vizir par alternance et sa « jmaâ » n’ont pas réagi ! Dilemme !

Les Membres de la Peuplade n’ont rien compris. Comme toujours.

Ceci me rappelle l’autre conte : « Il était une fois une Peuplade médiévale qui vivait dans une contrée non moins médiévale et qui souffrait de l’absence d’un Sultan, n’ayant pas pu désigner un parmi eux. Cette contrée était connue par le nombre impressionnant de pigeons qui y vivaient. Alors, les Sages de la Peuplade se réunissent dans le centre de leur contrée et décidèrent d’introniser le premier étranger qui traverse le village et reçoit de la fiente de pigeon sur la tête.

Deux étrangers : un « Bon » et un « Cruel  » traversaient un jour la contrée. Arrivés au centre, les Membres de la Peuplade remarquaient de la fiente de pigeon sur la tête du « Cruel » Ils le prirent et l’installèrent comme Sultan. Celui-ci, intronisé se fera remarqué par un comportement outrancier et injuste vis-à-vis de l’ensemble de ses sujets. Il fut cruel et impitoyable. Son ami le Bon vient et lui dit : « comment peux-tu te comporter ainsi alors qu’ils t’ont donné tous leurs biens et ont accepté d’être tes sujets et te servir ! Tu ne crains pas Dieu ? »

Alors le « Cruel  » lui répond : « Si Dieu voulait du Bien pour cette Peuplade et si elle le méritait, le pigeon t’aurait choisi toi pas moi ! »

Moralité ?…………………..

Bonne nuit, Cher Lecteur !

Chronique de Djillali Cherrid parue le 14/04/2011

Republiée post mortem le 31 Janvier 2019

One thought on “« LA PEUPLADE, LE SULTAN & LE VIZIR » (I)”
  1. Hommage posthume à un visionnaire !
    Allah yarahmek Si Djillali CHERRID ! Je regrette de n’avoir pu répondre à votre invitation quelques temps avant votre décès ,moi qui ne vous connaissais pas de visu « والله يعلم ما لاتعلمون »

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