Afin de répondre à des préoccupations d’ordre statutaire, et de là à éclaircir les esprits de ceux à qui la notion de pouvoir est exagérée vis-à-vis d’une organisation humanitaire non gouvernementale, autonome, indépendante, auxiliaire des pouvoirs publics dans les programmes humanitaires, j’oriente mon analyse vers la consultation des statuts de la fédération internationale, révisés et adoptés lors de la 16é session de l’assemblée générale tenue à Genève du 20 au 22 novembre 2007, où on peut lire dans le préambule : « Nous, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui formons l’assise et constituons la force vitale du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avons fondé en 1919 la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge en tant qu’« organisation privée, sans caractère politique, gouvernemental ou confessionnel pour, en un effort systématique, prévenir, diminuer et secourir les misères causées par la maladie et les grandes catastrophes ». Nous sommes déterminées à protéger la dignité humaine et à améliorer les conditions d’existence des personnes vulnérables en mobilisant le pouvoir de l’humanité. Nous menons nos activités humanitaires conformément aux Principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge: Humanité, Impartialité, Neutralité, Indépendance, Volontariat, Unité et Universalité. Pour alléger les souffrances humaines, nous travaillons en tant qu’auxiliaires de nos pouvoirs publics dans le domaine humanitaire et par le biais de notre réseau mondial de Sociétés nationales et du Mouvement.
Cette approche bien matérialisée dans le préambule, nous amène à définir avec exactitude la notion d’auxiliaire des pouvoirs publics, qui ne veut en aucun cas signifier une dépendance d’ordre organique, financière ou politique, mais seulement une complémentarité dans les actions humanitaires au moment des catastrophes d’ordre naturel ou liées à des épidémies. En outre, les statuts du CRA, notamment l’article 18, donne la latitude aux représentants des pouvoirs publics au niveau du conseil d’administration( un article qui ne fait pas l’unanimité tant à l’échelle nationale qu’internationale), et en cas de litige ou une carence de gouvernance qui empêchent la convocation de l’assemblée générale nationale dans les délais requis par les statuts, ils peuvent convoquer sa tenue. Bien sûr dans le strict respect des statuts. Malheureusement, les statuts ont été piétinés à tous les niveaux.
« Le Mouvement international de la croix et du croissant rouge, s’accorde à prémunir l’indépendance des sociétés nationales du rôle politique qui peut intervenir à travers les gouvernements ou les partis politiques. Considéré comme un vaste espace, les tentations insidieuses de récupération politique sont avérées.Tout adhérent au CRA, élu au nom d’un parti politique dans une assemblée dirigeante, ne peut prétendre se présenter aux élections des instances dirigeantes de l’organisation.
La question de l' »indépendance » de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge relève-t-elle uniquement de la relation entre ses composantes et les États ?
Réponse (FICCR) : Non, c’est un problème bien plus vaste. L’indépendance de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge relève également de leur indépendance vis-à-vis d’autres formes de pouvoir, qu’il soit religieux, politique, économique, etc. La Croix-Rouge et le Croissant-Rouge se doivent donc d’être indépendants de toute religion, de tout parti politique, de toute société et autres. »(1)
Le croissant Rouge Algérien, société nationale affiliée à la fédération, ses statuts ont été mis en conformité lors de l’assemblée générale de 2007. Ainsi dans son article 2, il est bien stipulé que le CRA conserve une autonomie qui lui permet d’agir toujours selon les principes fondamentaux du mouvement conforté à travers les statuts de la fédération internationale-Section II-Sociétés Nationales-Article 8-S/titre B :Devoirs-alinéa-a- :Les sociétés nationales acceptent d’agir en tout temps, conformément aux principes fondamentaux du mouvement international de la croix rouge et du croissant rouge.C’est dans cet état d’esprit que le conseil national du croissant rouge Algérien a adressé une correspondance le 02 janvier 2008 (réf : 1546/cra/pre) ou il insiste : « C’est avec un grand plaisir que j’ai appris qu’un bon nombre de nos cadres, candidats aux élections locales du 29 novembre 2007, ont été élus à des postes de responsabilités dans les assemblées communales et wilayales….Si les responsabilités que vous venez de prendre sont incompatibles avec celles que vous aviez au sein du croissant rouge, continuer a y adhérer pour vous est toujours possible.» Une circulaire qui a mis fin à « l’incompréhension » soutenue dans l’esprit de la prétention. Malheureusement, la précipitation dans l’application de l’article 18 des statuts du CRA par des parties qui n’ont rien a voir avec le mouvement humanitaire, engendre des situations anachroniques qui empêchent la société nationale ou de wilaya à la promotion de ses idéaux liés promptement à l’humanitaire, en s’éloignant de la fatalité politique.
Dr. Driss REFFAS ( ex : membre élu du conseil d’administration)
Sources :
Statuts de la Fédération internationale Croix et croissant rouge.
Statuts Du CRA.Assemblée générale Août 2007.
(1)Mouvement internationale Croix et croissant rouge.