Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi un doublement des investissements français en Tunisie d’ici 2022 afin d’aider le pays, dont la France est le premier partenaire économique, à faire face aux défis économiques qui menacent de faire dérailler la transition démocratique.
Sachant que la France a peu de moyens, à peine de quoi faire croire aux Européens et à Berlin qu’elle est capable de payer sa dette et résorber ses déficits. Et ses partenaires savent en la matière ce que vaut la parole des autorités françaises.
Sachant, à supposer que ça lui est possible, que selon les Traités auxquels elle a souscrit, il lui est interdit d’intervenir dans l’économie réelle, en France et a fortiori à l’étranger.
Tout au plus, le secteur de la défense lui ouvre-t-il quelques possibilités dont Paris a déjà beaucoup abusé. Le reste, relève des contraintes libérales qui lui offre très peu de possibilités : créer les conditions pour que les opérateurs privés soient incités à investir en Tunisie (ou en France d’ailleurs)
Tout cela les autorités tunisiennes le savent. Tunis joue le jeu et fait mine de croire que l’ancienne puissance coloniale est devenue un chantre de la solidarité. Les classes aisées de la Marsa de Sidi Bou Saïd et d’ailleurs savent que leurs intérêts et ceux des entreprises françaises en quête d’avantages comparatifs (c’est-à-dire de sueur pas chère à exploiter) sont identiques.
La démocratie en Tunisie et dans les pays du sud n’est pas un avantage comparatif. C’est un handicap pour les investisseurs internationaux qui ne supportent pas le respect du droit, parce qu’il limite leurs marges bénéficiaires en obligeant le capital à respecter le travail : ses conditions d’exercice, sa santé, ses syndicats… et surtout la part des bénéfices réalisés qui lui revient.
Comment imaginer une seconde qu’on puisse accorder aux travailleurs tunisiens ce que l’on refuse de plus en plus aux travailleurs français (cf. l’évolution du code du travail à la suite de la « Réforme El Khomri ») ?
Il faut être malhonnête, incompétent ou con pour le croire.
« Doubler les investissements français en Tunisie » Le titre est alléchant. De quoi donc s’agit-il ? En fait de quelques dizaines de millions de malheureux euros. A peine le chiffre d’affaires d’une PME de taille très modeste. Et les Français, contrairement à leurs voisins teutons, en ont à satiété sans parvenir à leur donner la taille critique nécessaire pour trouver sa place sur les marchés internationaux impitoyables pour les petits.
Tout cela sous le regard suspicieux du FMI (et de sa matrone sarkozienne, condamnée en France et laissée en liberté sur ordre de Washington) qui prescrit -comme en Algérie dans les années 1990, ce qui a donné naissance à la classe de parasites qui pourrit notre économie, notre société et la gouvernance de notre pays – des « réformes structurelles » prônant déréglementations, privatisations des entreprises publiques, réduction des subventions aux catégories sociales les plus pauvres, ouverture des frontières aux produits étrangers qui exterminent la production nationale, privatisation des marchés de capitaux pour laisser partir toutes les fortunes illégalement accumulées au détriment du bien public…
Le peuple tunisien lui n’est pas idiot. Il se souvient qu’en décembre 2010, Mme Alliot-Marie, alors ministre des Affaires étrangères n’avait qu’une seule aide à apporter à la Tunisie de Ben Ali : des matraques pour mater la révolte populaire et même l’aide des forces françaises pour rétablir l’ordre.
Rien n’a changé, sauf le bavardage.
Et là les Français ont placé à l’Élysée un champion du baratin.
Le jour où ils commenceront à s’en rendre compte, tous ceux qui sont placés sur les actions françaises auraient intérêt à ne pas être en vacances à ce moment-là…
Djeha,
J. 1er février 2018