Le Dr Halaili Hanifi professeur à l’université Djilali Liabes a animé une conférence débat, ce mercredi 31 octobre dans la nouvelle bibliothèque de la ville de Sidi Bel abbes et dont le thème s’articulait autour de la période allant de 1875 à 1925 qui a été caractérisée par l’amorce d’un mouvement nationaliste dirigé, à l’époque, par l’Émir Khaled. Le Dr Halaili qui n’est pas à sa première conférence dans le domaine en coordination avec la section de Sidi Bel abbes de la fondation Émir Abdelkader , semblait maitriser parfaitement le sujet fort intéressant qui coïncidait avec la double commémoration du 1er Novembre 1954 et le cinquantenaire de l’indépendance mais devant une faible assistance en raison probablement d’un timing inapproprié avec les intéressés. Le conférencier a réussi à donner une présentation pédagogique bien ordonnée et judicieusement synchronisée sur cette période où il décrit avec détail le parcours de l’Émir Khaled venu spécialement terminer l’œuvre inachevée de L’Émir Abdelkader.L’Emir Khaled est né le 20 février 1875 à Damas, il a vécu l’exil de son grand-père et a su profiter d’une éducation religieuse auprès de l’Emir Abdelkader, alors en Exil à Damas.L’Emir Khaled a su gagner l’adhésion d’une large majorité populaire à Alger en organisant des rencontres et meetings dans le pays. C’était un fait nouveau dans le paysage politique algérien, et il en a été l’initiateur à tel point qu’il devint un « danger » réel pour la France ce qui lui couta l’expulsion d’Alger vers l’Orient.Ayant plaidé pour la cause Algérienne devant les nations Unis de l’époque (SDN) en 1919 à Paris, il avait réussi à émouvoir le président américain Wilson pour cette «liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes» (voir contenu de la lettre tirée d’un site. Un principe qu’il a défendu jusqu’à la fin de sa vie, signale-t-on.Nous vous livrons en image vidéo ci-dessous une grande partie de cette conférence.Le débat qui s’ensuivra a permis d’ouvrir encore davantage la discussion sur l’ensemble des tenants et aboutissants de ce personnage révolutionnaire que l’Algérie ai connu.
Lettre adressée au président Wilson
Nous avons l’honneur de soumettre à votre haute appréciation et à votre esprit de justice, un exposé succinct de la situation actuelle de l’Algérie, résultant du fait de son occupation par la France depuis 1830.
Dans une lutte inégale, mais qui a été cependant tout à l’honneur de nos pères, les Algériens ont combattu pendant 17 ans, avec une énergie et une ténacité incomparable, pour refouler l’agresseur et vivre indépendant. Le sort des armes ne leur fut malheureusement pas favorable.
Depuis 89 ans, que nous sommes sous la domination française, le paupérisme ne fait qu’augmenter chez nous, pendant que les vainqueurs s’enrichissent à nos dépens.
La convention signée par le 5 Juillet 1830 entre le général de Bourmont et le Dey d’Alger nous garantissait le respect de nos lois, de nos coutumes et de notre religion.
La loi de 1851 a consacré les droits de propriété et de jouissance existant au temps de la conquête.
En débarquant à Alger, le 5 Mai 1865, Napoléon III lançait un manifeste à la population musulmane ;
« Lorsqu’il y a 35 ans, disait il , la France à mis les pieds sur le sol Africain, elle n’est pas venu détruire la nationalité d’un peuple , mais au contraire affranchir ce peuple d’une oppression séculaire, elle a remplacé la domination Turque par un gouvernement plus doux, plus juste, plus éclairé….. ».
Nous nous attendions à vivre en paix, cote à cote et en association avec les nouveaux occupants, nous basant sur ses déclarations officielles et solennelles.
Par la suite, nous nous sommes aperçus, hélas ! À nos détriments que d’aussi belles promesses ne devaient subsister qu’en paroles. En effet, comme au temps des Romains, les français refoulèrent progressivement les vaincus en s’appropriant les plaines fertiles et les plus riches contrées.
Jusqu’ a nos jours, on continue de créer de nouveaux centres de colonisation, en soulevant aux indigènes les bonnes terres qui leur restent, sous le prétexte intitulé « Expropriation pour cause d’utilité publique »
Les biens Habous, qui se chiffrant par des centaines de millions de francs, et qui servaient à l’entretien des monuments religieux et à venir en aide aux pauvres, ont été pris et repartis entre les européens, chose extrêmement grave étant donné la destination précise et religieuse qu’avaient assignée à ces biens leurs donateurs.
De nos jours , malgré la loi de séparation des Eglise et de l’état, le peu de biens Habous qui reste est géré par l’administration Française, sous le couvert d’une cultuelle dont les membres serviles ont été choisis par elle. Inutile d’ajouter qu’ils ne possèdent aucune autorité.
Contrairement à notre religion .l’administration profite de toutes les occasions surtout pendant cette guerre, pour organiser dans nos mosquées et nos lieux saints des manifestations politiques, En présence d’une foule composée surtout de fonctionnaires, on fait lire des discours préparés pour la circonstance, par les chefs de culte, et on pousse même le sacrilège jusqu’à faire participer la musique militaire à ces manifestations humiliantes pour l’esprit religieux du musulman.
Voila ce qu’on fait des déclarations du Général de Bourmont du 5 Juillet 183O et de la loi de 1851.
Pendant 89 ans, l’indigène a été accablé sous le poids des impôts : Impôts français et Impôts arabe antérieurs à la conquête et maintenus par les nouveaux conquérants.
En consultant la balance des recettes et des dépenses de l’Algérie, on voit aisément que des indigènes surtaxés, la répartition du budget ne tient presque aucun compte de leurs besoins spéciaux. Plusieurs tribus sont sans route et la grande majorité de nos enfants sans école.
Grâce à nos sacrifices, on a pu créer une Algérie Française très prospère, ou la culture de la vigne s’étend à perte de vue ; le pays est sillonné de chemin de fers et de routes entre les villages européens .Pas loin d’Alger, on trouve des tribus entières, dont le territoire très peuplés. Pauvres et abruptes sont, sans voie de communication. Des agglomérations importantes sont dépourvues de tout. Comme au temps d’Abraham, on y puise l’eau avec des peaux de boucs, dans des citernes ou des puits à ciel ouvert. C’est ainsi qu’en tout et pour tout la part des plus nombreux est la plus faible, et la charge des plus pauvres est la plus forte.
Sous un régime dit républicain, la majeure partie de la population est régie par des lois spéciales qui feraient honte aux barbare eux-mêmes .Et ce qui est typique, c’est que certaine de ces lois qui instituent des tribunaux d’exception (Tribunaux répressifs et cour criminelle) datent des 29 Mars 1902 et 30 Décembre 1902.On peut voir là, un exemple de la MARCHE REGRESSIVE vers les libertés.
Pour que nous ne soyons pas taxés d’exagération, nous joignons à cette requête deux brochures écrites par deux Français d’Algérie :
MM.François Marneur, avocat à la cour d’appel d’Alger, et Charles Michel, conseiller général et maire de Tébessa .Elles sont édifiantes sur l’odieuse injustice de ces lois ;
Un autre exemple démontrera la violation de la parole donnée, la voici :
Avant 1912, les troupes indigènes étaient recrutées par voie d’engagement militaire, moyennant quelques avantages offerts aux engagés. Ces avantages furent supprimés progressivement et on arriva, en 1912, à la conscription obligatoire, d’abord partielle (10% du contingent), ensuite totale et cela malgré les énergiques protestations des indigènes. L’impôt du sang nous a été appliqué en violation des principes les plus élémentaires de la justice.
Appauvris , asservis et avilis par le droit du plus fort, nous n’avions jamais pu croire cependant, qu’une pareille charge, réservée aux seuls citoyens Français, jouissent de tous les droits , viendrait un jour peser sur nos épaules.
Des centaines de milliers des nôtres sont tombés sur les différents champs de bataille, luttant malgré eux contre des peuples qui n’en voulait ni à leur vie, ni à leur bien.
Les veuves, les orphelins et les mutilés de cette guerre ont des traitements ou des subsides inférieurs même à ceux des néo-français. Beaucoup de blessés, incapables de tout travail, viennent grossir les rangs des malheureux qui pullulent dans les villes et les campagnes.
Il est bien facile à l’observateur impartial, de constater la grande misère des indigènes .A Alger même, des centaines d’enfants des deux sexes déguenillés et rachitiques, traînent leur misère dans les rues en sollicitant la charité publique.
En présence de ces faits navrants, le gouvernement Général de l’Algérie reste absolument indifférent.
Sus le fallacieux prétexte de ne pas porter atteinte à la liberté, les mœurs sont complètement relâchées et les boissons alcooliques sont servies à profusion aux indigènes dans les cafés.
En vaincus résignés, nous avons supporté tous ces malheurs, en attendant et en espérant des jours meilleurs.
La déclaration solennelle suivante : » Aucun peuple ne peut être contraint de vivre sous une souveraineté qu’il répudie », faite par vous en Mai 1917 dans votre message à la Russie , nous laisse espérer que ces jours sont enfin venus.
Mais sous la tutelle draconienne de l’administration algérienne, les indigènes sont arrivés à un degré d’asservissement tel, qu’ils sont devenus incapables de récriminer, la crainte d’une répression impitoyable ferme toutes les bouches.
Malgré cela nous venons au nom de nos compatriotes, faire appel aux nobles sentiments de l’honorable Président de la libre Amérique :
Nous demandons l’envoi de délégués choisis librement par nous pour décider de notre sort futur, sou l’égide de la société des nations.
Vos 14 conditions de paix mondiale, Monsieur le Président, acceptées par les alliés et les puissances centrales, doivent servir de base à l’affranchissement de tous les petits peuples opprimés, sans distinction de race ni de religion.
Vous représentez aux yeux du monde entier le digne porte drapeau du droit et de la justice, Vous n’êtes entré dans cette guerre gigantesque que pour les étendre à tous les peuples. Nous avons une foi ardente en votre parole sacrée. Cette requête est faite pour éclairer votre religion et attirer votre bienveillante attention sur notre situation de parias.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de notre haute considération.
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