Oui, il y a 25 ans jour pour jour et c’était un Samedi 27 septembre 1997 dans l’après-midi , c’était aussi le premier jour de la semaine , les enseignantes, les onze belles enseignantes, comme de coutume après qu’elles eurent terminées leur cours sortirent des classes et enjambèrent, les deux vans (un fiat fourgon et un Karsan) de transports public qui les attendaient juste devant l’école primaire du village Ain Adden, « Shamda » pour les autochtones. C’est un trajet d’une quinzaine de kilomètres vers Sfisef, qu’elles prenaient chaque jour après-midi à 14h30, à la fin des cours et à partir de Sfisef, chacune regagne son domicile qui, pour les unes se trouve à Mostefa Ben Brahim, pour les autres à Sfisef et autres localités avoisinantes.
En ce jour , aucune d’entre-elles ne se doutait ce qui leur allait se passer à quelques kilomètres de la localité de Shamda sur ce chemin de Wilaya No 98 ondulant, sinueux et plein de virages qui longeait ou traversait parfois la forêt dense de Shamda. Quelque chose d’atroce, d’inqualifiable, d’immonde…mais vraie, allait provoquer une consternation nationale et internationale sans précédent.
C’était le Karsan qui avait démarré avec cinq enseignantes à bord en premier ensuite le Fiat fourgon devait suivre avec les sept autres dont un enseignant. Elles ne se sont jamais doutées que Bahri Djillali, un cadre de l’usine des matériaux de construction de Sfisef, alias « Edhib Jiaane » (chacal affamé) les attendait à quatre kilomètres plus loin, avec ses acolytes et allaient mettre à exécution les menaces de mort qu’il leur a proférées quelques jours auparavant, nous dit-on, il leur a interdit de « dispenser le savoir aux enfants ».
Quelques minutes plus tard, toutes ont été interceptées puis regroupées par les terroristes dirigés par Edhib Ejiaane qui décidèrent dans un premier temps de les immoler avec le feu après les avoir aspergé d’essence mais ils changèrent d’avis et décidèrent de les égorger.
« Elles ont été atrocement et froidement égorgées ,l’une après l’autre, debout » , raconte le chauffeur du van (un karsan), le seul rescapé du groupe, épargné probablement pour qu’il puisse relayer les faits terrifiants à la population. Il raconte aussi qu’au moment où elles entonnaient en chœur la «chahada», la Bête immonde et inhumaine s’est mise à exécution de sa sale besogne. Elle prit les Belles une à une et les égorgea d’un trait, d’une oreille à l’autre. »
Le « chacal affamé » et sa bande avaient décidé de leur assassinat parce qu’elles ont osé les défier en continuant leur noble métier . « Le seul homme enseignant SABER Habib du groupe qui a tenté vainement de fuir a été touché d’une balle. Blessé, il fut rattrapé à une centaine de mètres plus loin et passé à la lame lui aussi », raconte le chauffeur. Son cadavre ne sera retrouvé qu’au lendemain loin du lieu du crime des enseignantes.
« Le Commandant de secteur de l’époque, un Parachutiste et fils de Chahid, Feu Colonel Boukhari (lui aussi victime du terrorisme à Sfisef ) fut celui qui dirigea l’opération de récupération des corps. Il raconta à quelques proches, que les corps des filles étaient entassés l’un sur l’autre, à l’exception d’un seul éloigné de quelques mètres ; la pauvre ayant du ramper dans son atroce agonie.
« En hommage à celles qui ont osé défier le terrorisme aveugle et ont continué à exercer leur noble métier, elles se sont sacrifiées pour le Savoir et pour le pays – Reposez en paix, que Dieu Tout Puissant puisse vous accueillir dans son vaste paradis.
Les enseignantes: