Le Patrimoine est ce qui est censé mériter d’être transmis du passé pour trouver une valeur dans le présent. En Arabe comme en Français, il nous renvoie à la notion d’héritage à la fois matériel mais aussi symbolique. Ce lundi, on va se limiter encore une fois au patrimoine bâti à Sidi-Bel-Abbès mais durant la période coloniale. Car c’est là qu’on trouve des difficultés à mettre en place des politiques de sauvegarde du patrimoine.
Depuis que l’UNESCO a crée l’idée de patrimoine mondial de l’humanité par sa fameuse convention signée en 1972, personnellement j’ai l’impression que tout devient patrimoine. Y compris le plat national Algérien « Maậkouda » ou encore cette recette gastronomique Bel-Abbésienne « Khobiza bel-Kamoune » !
Cette Villa mauresque centenaire ou le mystère demeure entier quant à son Histoire faute de l’existence d’inventaire général du patrimoine historique et culturel ainsi que l’ambiguïté du travail associatif. Tout comme sa dénomination d’ailleurs ! Nommée bizarrement « Clairette » par l’administration coloniale à cette époque. Ce prénom qui était un prénom féminin très en vogue comme charlotte sur les registres de l’état civil français durant le dernier quart du XX° siècle (1875-1900), devenue ensuite Claire ou encore Clara ! Donc à ne pas confondre avec cet outil à découper des carreaux de carrelage. Néanmoins, il faudrait préciser qu’elle est unique puisque il n’y a aucun autre édifice mauresque semblable dans la ville datant du début du siècle peut-être même avant ! Encore qu’elle est le seul monument qui a une relation réciproque et paradoxale avec l’administration coloniale. (A part les casernes bien entendu !) Autre spécificité ! Souvenons-nous : Sidi-Bel-Abbès était une ville coloniale par sa fondation.
Cette villa est très connue par tous par « Château FERAOUN » du nom de son propriétaire qui l’a acheté aux enchères en 1945. Il était propriétaire-exportateur d’ovins. On peut affirmer que cet achat était un « acte nationaliste » puisque son but était l’appropriation d’un bien pour en faire une possession exclusive aux Algériens. D’ailleurs cette famille et aussi connue par ces nationalistes et ces Chouhadas.
Cette villa se trouve dans la rue la marine (aujourd’hui Mehadji Slimane), longeant le Bd Zabana (Route de Mascara) et à peine quelques mètres de l’ex-église Sainte-Fatima (Devenue Masjid Fatima-Zahra). En attente d’écriture de son Histoire, trois importantes questions s’imposent :
A- Pourquoi l’administration coloniale a-elle choisi la ville de Sidi-Bel-Abbès pour son édification et notamment le quartier Mamelon?
B- Si cette villa était la résidence officielle du colonel-Agha des Spahis pourquoi l’administration coloniale s’est-elle désintéressée subitement après 1945 ?
C- Pourquoi a-t elle été la cible (Une BOMBE) de l’organisation terroriste O.A.S durant la guerre de libération ? (Voir photo – Encore que les traces sont visibles).
I – Un monument délaissé de la ville de Sidi-Bel-A bbès ?
C’est vrai que le patrimoine renvoie à une construction sociale. En effet on ne conserve pas tout. Dans tout les pays du monde les gouvernements font des choix, selon des critères qui diffèrent d’un sujet à un autre. Mais, là : Il s’agit bien d’un un héritage colonial qui est d’ailleurs l’une des dernières «inventions occidentales » !
Ce type de patrimoine dérive d’une double influence, celle du monument et celle de l’esthétique. Mais, il est clair qu’ici en Algérie les notions sont différentes ! C’est surtout la valeur d’usage (la fonction du lieu) et notamment la fonction religieuse qui prime. De toutes les façons, on n’a presque jamais retardé la protection d’un édifice cultuel.
Certes, depuis l’indépendance en Algérie, on s’attache plus au patrimoine culturel Algérien. On a de plus en plus tendance à considérer comme patrimoine des choses de plus en plus récentes.
II – L’architecture Néo-Mauresque dans les autres villes d’Algérie?
On peut bien sur citer quelques rares monuments mauresques dans les villes Algériennes comme la grande poste d’Alger et la Villa Meriem à (Skikda) plus précisément à STORA . La grande Médarsa d’Alger, A Oran aussi (La Gare ferroviaire en 1905 et l’ex- Sous-préfecture du front de mer),Blida,( villa des roses et Kiosque).A Tlemcen (Mederssa). Annaba, Douéra, El-Hama (Abdlatif). Villa El-Biar-(Rais Hamidou) souvent appelée à tort villa Susini. Qui est aujourd’hui un monument synonyme des tortures de l’armée Française…..Je préfère insérer ici quelques images pour mieux résumé le sujet.
III – Le Camp régional des SPAHIS à Sidi-Bel-Abbès.
Spahi est un mot d’origine turque provenant du persan qui veut dire soldat mais la traduction la plus acceptée est celle de cavalier. À l’origine, les « Sibahis » étaient des cavaliers fournis par les tribus inféodées aux Ottomans. Après la défaite du Dey Houcine à Alger en 1830, ces propres «Sibahis», turcs en grande majorité avaient rejoint l’armée de l’Occupant. Le mot, déformé par la prononciation française, devient Spahi. Ces cavaliers, commandés par un « colonel-agha », sont d’abord appelés « chasseurs indigènes » avant de prendre le nom de « Spahis ». Leur existence est officialisée le 9 mars 1831, il sera dissous en 1962. La région de la Mekerra est une région stratégique et bien sur les militaires Français l’on facilement remarqué. En 1844, 4 escadrons de spahis d’Oran rejoignent la redoute de Sidi-bel-Abbès où se trouvait déjà la Légion étrangère. C’est le 2ème régiment de Spahis (RS d’Oran) créé en juillet 1845 dans la province d’Oran qui campe à Sidi-Bel-Abbès (CAMPO aujourd’hui Hai Chahid Boumlik). En 1921, il devient le 2e Régiment de Spahis Algériens (RSA) avec trois régiments en Algérie – Sidi-Bel-Abbès-Médéa-Batna les autres en Tunisie et le Maroc.
IV – Le patrimoine Néo-Mauresque de la ville de Sidi-Bel-Abbès ?
Durant la période coloniale et juste au début du XX° siècle (1900-1919) qui s’est coïncidé paradoxalement avec la NAHDA en Algérie. N’est ce pas bizarre ? Des courants ont réutilisé l’art arabo-musulman (Disant Andalous) dans l’architecture moderne. Ils voulaient opérer une rupture avec l’inspiration ancienne gréco-romaine et ce qui explique le retour de l’art mauresque en Algérie coloniale. Donc début XXe à Alger d’abord commence à se développer un style dit néo-mauresque, sous l’influence de l’administration coloniale du gouverneur général de l’Algérie Charles Jonnart. C’était une « Réinvention » parait-il ! Dans la première photo de la villa le palmier n’exister pas encore ce qui nous donne une idée approximative de la date de la construction du monument.
Conclusion : Peut-on conclure que la ville de Sidi-Bel-Abbès est peut être l’une des premières villes d’Algérie à connaitre ce style Art Architectural néo-mauresque ? L’Historien, l’Archéologue et l’Architecte doivent s’impliquer et impérativement travailler ensemble pour protéger d’abord et sauvegarder ensuite les richesses de la ville. L’administration locale ne peut assumer seule cette lourde responsabilité.
A Alger et Oran…. vous trouverez des associations qui se créent et se battent pour préserver ce type de patrimoine local. Mais à Sidi Bel-Abbes cela traine encore ! Même s’il faudrait saluer au passage la détermination du premier responsable de la wilaya et certains journaux électroniques comme Bel-Abbes Info.
Au début ! Il était question pourtant de rénover le patrimoine ancien de l’Algérie (la casbah en premier lieu !), mais voilà que les choses évoluent positivement dans plusieurs villes Algériennes. A Sidi Bel-Abbes, j’ai remarqué qu’on a déjà « placé » les échafaudages autour de l’Hôtel de ville (La mairie) sans la peine d’attendre la revalorisation d’un inventaire détaillé des sites Historiques et culturels de la ville ; Preuve à l’appui : La villa Clairette n’est inscrite dans aucune liste locale ou nationale.
AL-MECHERFI.
N.B : Nous comptons sur nos lectrices et lecteurs pour contribuer à alimenter cet article par d’éventuels témoignages afin d’écrire l’Histoire mystérieuse de ce monument historique de la ville de Sidi-Bel-Abbès.
Bonjour tout le monde,
Le prochain lundi de l’Histoire sera consacré à la mystérieuse villa Clairette –acte II.
Ce lundi nous donnera l’occasion de connaître un peu plus son Histoire .Par la même occasion je voudrais élancer la discussion pour mieux avancer.
Tout en remerciant les lecteurs (es) de la rubrique, les membres et le président de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine architectural et culturel de la Wilaya de Sidi–Bel–Abbès, pour leur prompte réponse à l’invitation et leur contribution au débat. Merci.
A lundi prochain.
AL-MECHERFI.
Bonjour,
Je vois que le dialogue s’amplifie tout en vous remerciant vous deux ( Mr Al-Mecherfi et Dr Reffas). Personnellement, je trouve de l’intérêt sur le sujet qu’est l’histoire de Sidi Bel-Abbes même si je ne suis pas historien et je dirai aussi que peut être, cette initiative va permettre de faire connaître à nos concitoyens l’historique de leur ville. Sans oublier évidement nos concitoyens Bélabbésien(ne)s de souche Européenne car ils peuvent beaucoup contribuer sur le sujet.
Enfin, je dirai que ‘BAI’ est certainement lu et répandu au-delà de nos frontières et par la même occasion je lance mon appel à toutes et tous les Belabbesien(ne)s qui suivent la rubrique ‘Les lundi de l’Histoire’ et qui peuvent être en mesure de contribuer sur le sujet, d’associer leur plume à nos débat et de montrer de quel bois se chauffe une ou un BelAbbesien(ne), chiche.
Bonsoir.
Hier à 11h, j’ai passé voir le propriétaire – héritier Mr Feraoun. J’ai donc établis une première connexion pour relancer le moteur de recherche sur ce sujet de la villa clairette. J’ai retardé délibérément ce moment pour justement envisager le décalage entre les certitudes « tranquilles » que véhicule la mémoire bel-Abbésiene. Bref ! Nominalisme oblige ! Mr Feraoun s’est engagé à me faire visiter l’intérieur, en outre …Promesse d’une copie du livret foncier (Chez maitre Driss) et une autre copie de l’acte notarial de l’achat aux enchères. Normalement, l’Histoire suit son cours !
D’un autre coté .A voir la contribution de nos lecteurs Dr Reffas et LeBelAbesien que je salue au passage, il semble que les choses sont en bonne voie. Le premier nous propose « Dar-Asekri » le deuxième le « domaine Bastide ».Nous avons donc tous vocation à poursuivre ce débat sur les monuments historiques en explorant d’autres formes du patrimoine du XXe siècle.
Justement le fait de « débattre » implique déjà des avantages ! Rendre « stable » l’état du bâtiment-patrimoine ou autres (le minimum) avec une simple plaque avec logo « Monument historique » ! A mon avis, en face d’éventuelle « ambigüité » ! On peut se contenter d’inscrire une « liste supplémentaire » à part de monuments en attendant des jours meilleurs.
Evidemment ! Si l’on doit investir (restaurer) ou mettre en valeur un mur (Public ou privé) ou une toiture d’une mairie ça sera pour au moins UN siècle ! Comme on peut aussi inscrire qu’une partie du monument (la façade par exemple).Le classement restera lui, au niveau national !
Pour conclure, j’aimerai insister sur le fait qu’un intérêt patrimonial d’un « monument historique »en plus d’un ensemble de critères, il faudrait toujours prendre en considération aussi la « notion de rareté ». Donc ! Cette villa Clairette,le Puit de la Mekerra, …des lundis de l’Histoire sont rares ! Alors ! Il n’est pas étonnant qu’il soit très rare d’en entendre parler !
Bonjour,
Suite à ce dialogue ‘Villa Clairette’ je remercie Mr Al-Mecherfi pour les sujets historiques qu’il relate même si vous Dr Reffas, vous n’êtes pas convaincu que cette villa constitue un patrimoine historique aux yeux des Bel-Abbesien(ne)s. Notre ami Al-Mecherfi a donné quelques grandes lignes sur l’histoire de Sidi Bel-Abbes, il a bien spécifié la notion de Spahis et son origine, l’architecture Néo-Mauresque inspirée de l’Andalousie donc il reste à celles et ceux qui veulent bien approfondir le sujet d’effectuer leurs propres recherches. Il y a beaucoup de liens internet surtout Européens qui peuvent aider les intéressé(e)s.
Une fois, par curiosité en navigant sur le Net de l’université de Toronto, j’ai trouvé en ligne, un ouvrage sur:
‘Bel-Abbès et son arrondissement; histoire, divisions administratives, travaux publics, services publics, statistique, topographie, agriculture, commerce et industrie depuis leur création jusqu’a nos jours. Avec cartes, plans, tableaux synoptiques et chronologiques (1880)’ de Léon Bastide. (https://archive.org/details/belabbsetsonar00bast)
Pourtant toutes et tous les Bel-Abbésien(ne)s connaissent bien le domaine Bastide où Napoléon demeura lors de sa visite à Sidi Bel-Abbes. En principe c’est ce genre de site qu’il faut réhabiliter et ne pas le transformer en bureaux pour la douane. C’est le propriétaire de ce domaine qui fut aussi le maire de Bel-Abbes qui est l’auteur de cet ouvrage,
A vrai dire, il y a beaucoup de site et de lieux à Sidi Bel-Abbes et ses environs qui peuvent ou doivent être réhabilités. Chèr(e)s compatriotes essayez juste de suivre l’émission ‘Des racines et des ailes’ pour voir ce que les Français font de leurs patrimoines. des châteaux et des lieux qui datent du onzième siècle et même avant, sont rénovés, réhabilités et transformes en lieux touristiques et agrotouristiques et villégiatures (…).
Merci Mr Al-Mecherfi et Dr Reffas.
Bonjour Le Belabesien.
Notre ami Al Mecherfi en tant qu’historien, entame des recherches sur le patrimoine historique de la ville de Sidi Bel Abbès afin d’aboutir à la réhabilitation de sites qui jusqu’à présent n’ont pas été recensés pour engager un travail d’approche pour un éventuel classement .Tout est à son honneur.
Concernant la villa « Clairette » (un nom bizarre), du point de vue architectural, elle demeure un joyau. Historiquement , il semble qu’elle a été habitée par un officier Spahis. Cet évènement ne lui autorise d’être citée comme repère historique. Ce batiment est la propriété de la famille Feraoun, et c’est à cette dernière de s’occuper de ses soucis.
Je regarde souvent l’émission « Des racine et des Ailes » sur France2 je pense. Mon ami Bélabesien, nos responsables ne possèdent ce niveau d’appréciation et de sauvegarde du patrimoine.L’agitation et la démagogie: champions.
Bonjour,
Dr Reffas, personnellement, je soutiens Mr Al-Mecherfi pour ses contributions et ses initiatives à la rubrique ‘Les Lundis de l’histoire’ à ‘BAI’ même si le sujet sur la Villa Clairette est quelque peu ambigu comme étant un patrimoine historique Belabbesien. Mais, si cette rubrique n’existait pas, peut être que l’on n’est pas là à discuter de ce lieu et puis, allez y poser cette question à bon nombre de nos concitoyens et vous verrez que la majorité ne savent pas que ce lieu est dénommée Villa Clairette qui est plutôt connu sous la dénomination Château Feraoun.
Si on avait des historiens justes à l’image de Mr Al-Mecherfi, on ne serait pas là à écouter des illettrés, des ignorants et des menteurs nous racontaient des bêtises sur l’histoire de l’Algérie.
Merci!
Bonjour,
@LeBelAbesien
Merci pour le lien.Il est certain d’abord que cet ouvrage (1881) et l’un des plus conséquent parmi l’historiographie coloniale de la région de sidi-bel abbes. En plus de celui d’Adoué (léon) en 1927 et aussi de Géorges Reutt (1935).
Toutefois ! Pour votre « LECTURE » Mr LeBelAbesien ; Lors de sa visite à SBA le 16 mai 1865, Napoléon III a certes fait quelques pas dans le domaine BASTIDE Jérôme (Léon – l’auteur du livre devenu maire la 1° fois en 1874 était son fils) !
Il est vrai aussi que le vaste domaine s’étendait de la MURAILLE (Rampart-sud -aujourd’hui la macta !)à la route de mascara en tournant vers les jardins des environs de l’actuel stade 24fev et revenant vers la route des amarnas (trig nadjah) !!!
Mais jamais l’empereur Français a « demeurer » dans la résidence (appelée à tord château Napoléon).Même si son fils le dit dans son livre ! Mais ce n’est pas vrai ! Napoléon III a tout simplement refusé d’entré dans le château (déclinant l’invitation du « colon » Bastide Jérôme.
(Source 1: ALBERTINI (Jacqueline):le voyage de Napoléon III en Algérie .Sidi Bel Abbés , Oran.1880).
Napoléon III a parait-il ! Demeurer à l’Hôtel de la subdivision et non à l’Hôtel de ville (Mairie) inaugurée bien plus tard en 1879. Laquelle d’ailleurs, fait peau neuve ces jours-ci ! Tel père, tel fils ! Sacrée peau de vache ce Léon ! N’est ce pas ?
Eh voilà pourquoi mon cher BelAbesien ! Et depuis belle lurette, la notion d’OBJECTIVITE en Histoire est contestée de toute part.
Errata : (Lire) A « demeuré » ……… Napoléon III a tout simplement refusé d’entrer.
Bonjour mon ami Al Mecherfi
Comme d’habitude, dans la rubrique « Les Lundi de l’histoire » que vous animez en tant que spécialiste dans la matière, je trouve des surprises qui m’engagent à commenter pour éclairer le débat comme toutes les personnes qui participent. La bâtisse se trouve aux alentours de mon cabinet de consultation et de soins, et je trouve le plaisir de la contempler souvent à travers la fenêtre. Mon ami Al Mecherfi, à mon humble avis, tout récit historique est consistant dans son contenu qu’à travers les sources bibliographiques et s’il le faut les témoignages vivants. Dans ce sens, le titre de votre publication, notamment l’affirmation « monument historique » est exagérée s’il l’on se réfère à votre raisonnement qui ne s’appuie sur aucun repère avéré pour étayer le terme « monument ». Vous écrivez : « Cette villa mauresque centenaire ou le mystère demeure entier quant à son histoire faute de l’existence…. ».Cette phrase confirme la contradiction dans vos affirmations. D’une part vous dites que cette bâtisse est centenaire, c’est-à-dire construite en 1914, sans pour autant ramener les éléments qui consolident votre déclaration, et d’autre part vous reconnaissez le vide historique qui entoure à ce jour ce bâtiment. Alors comment peut-on affirmer que c’est un monument historique ? Comme vous le précisez, cette villa a été achetée aux enchères en 1945, pour encore une fois affirmer que cet achat était un « acte nationaliste », puisque son but était l’appropriation d’un bien pour en faire une possession exclusive aux Algériens. Là, aussi, il me semble que vous vous êtes précipité à valoriser « historiquement » cet endroit sans ramener de preuves tangibles.
Concernant la question ‘C’ relative à l’OAS, je vous précise mon ami Al Mecherfi, que cette organisation paramilitaire fasciste a ciblé tous les intérêts appartenant aux arabes, notamment les édifices qui se trouvaient dans les quartiers européens, ou à forte concentration européennes. La villa Clairette comme vous l’avez bien nommée, était bien indiquée pour semer la terreur. Seulement, ce n’est pas l’acte de l’organisation qui a détruit ce bâtiment, mais son délaissement par son ou ses propriétaires qui ne ménagent aucun effort pour sa restauration. Le bâtiment est à l’abondant. Est-ce un problème culturel ? Peut-être. Mon ami Al Mecherfi, l’OAS n’épargnait aucun arabe qui se trouvait sur son chemin. Bien des indigènes ont été abattus dans les rues sans qu’ils aient de relations avec le FLN ou l’OCFLN. Ils sont inscrits autant que victimes civiles et non comme chahids. Restent à vérifier ce qui s’est passé après l’indépendance dans l’identification des moudjahidines et chouhadas. Seul le temps nous dévoilera les intrigues de l’été 1962.
En conclusion, vous précisez qu’à « Alger et Oran, vous trouverez des associations qui se créent et se battent pour préserver ce type de patrimoine. Mais à Sidi B el Abbès cela traine encore ! Mais s’il faudrait saluer au passage la détermination du premier responsable de la wilaya… ». Là aussi, vous n’apportez aucune preuve sur votre appréciation. Mon ami Al Mecherfi, j’approuve le poète et littéraire critique Adonis sur ce qu’il pense de « l’intellectuel arabe ». Nous sommes loin de notre mission qui consiste à l’élaboration d’une société civile militante. Oui, c’est un problème culturel. L’école et l’université des années 80 ont fait perdre les repères à la nation Algérienne.
Mes amitiés.
lire reste à vérifier
merci
Bonsoir mon cher Ami Driss.
J’ai pris grand plaisir à bien lire ton commentaire. Ton post est toujours topique et bénéfique.
Le but de la rubrique est bien évidemment partager un lundi de l’Histoire avec le lecteur sur un sujet donné. Ceci dit, j’accepte ton point de vue. D’ailleurs le débat sur le monument Historique dans notre pays reste ouvert et parait très intéressent. Définir, comprendre, agir….. Beaucoup reste à faire.(Au fait y’a-t-il un code du patrimoine ?)
Il vrai que la question du monument ici intéresse beaucoup plus l’archéologie et l’architecture que l’Histoire. Voilà pourquoi je dis que l’Histoire de la villa reste à écrire. Les monuments historiques, ce n’est pas que du passé, cela reste un sujet d’actualité dans notre ville qui a besoin de s’identifier à son espace. Mais c’est vrai que cette villa pour être un monument historique il faudrait d’abord qu’elle soit inscrite puis classée comme un « objet-mobilier » qui a un statut juridique ( ???) particulier destiné à la protéger. Les Algériens ! J’ai l’impression qu’ils ne sont pas prés jusqu’à maintenant ! Ils veulent surtout « oublier » la période dite coloniale !
Toutes fois ! La procédure de l’inscription et le classement et finalement de reconnaissance (par l’état) constitue à elle seule un débat à part.
Donc ! Ce lundi de l’Histoire partage cette approche. A mon avis « un monument historique » a d’abord un intérêt historique mais aussi architectural, artistique ,technique …… ,mais ce n’est pas à l’Historien de le dire plutôt à l’architecte et l’archéologue (encore qu’il faudrait parler de spécialistes en architecture des monuments….-des inspecteurs des monuments historiques et surtout bien formés !!! ).
Nos voisins Tunisiens en 1994 on légiféré une loi qui se résume : (patrimoine = + 100 ans).Une maison typique à celle de la villa Clairette à sidi bousaid a été transférée en musée ! En France il existe plus de 40OOO immeubles protégés comme monuments historiques (dont presque la moitié appartiennent au privé !).
Tiens ! J’ai une idée. Les propriétaires héritiers de la villa (Mr Feraoun et sa sœur) ont aussi un local commercial au bd Zabana (à cent mètre du votre).Et si on se fixait un rdv à trois pour voir la situation de prés ; Il se pourrait qu’on trouve d’autres « surprises » ? En tout cas cela me ferait énormément plaisir de partager la passion de recherche dans le passé et le présent de cette villa avec un ami qui a la passion mais aussi l’engagement pour la défense du patrimoine de la ville.
Merci Driss.
Bonjour mon ami Al Mecherfi
Merci pour la réponse sage inscrite dans un débat sage où l’apprentissage demeure la pierre angulaire. Je vous propose de vous pencher sur « Dar El Askri » pour une possible réhabilitation historique. Quant à la villa Clairette, les propriétaires sont en mesure de la prendre en charge.
Amicalement.