Levez la main sur la justice !

Des magistrats qui réclament la liberté et l’indépendance de la justice ? Qui trouverait à en redire dans un pays où le pouvoir politique se confond avec le pouvoir judiciaire !

On a presque envie de rire en lisant cette plainte, au propre et au figuré, du président du Syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Laïdouni. Comme une solennelle demande aux autorités politiques, il exhorte ceux qui nous gouvernement de bien vouloir lever leur main sur la justice pour la rendre pour de vrai en nom du peuple…

Laïdouni a touché du doigt le drame politique de notre Algérie où la justice est celle des puissants ; ceux qui on la haute main sur les rouages de l’Etat. Le magistrat qui s’écrie, plaintif aujourd’hui, sait de quoi il parle. Il sait que le magistrat honnête qui exerce ce noble métier en son âme et conscience, est souvent écrasé par l’administration qui lui fait détester le jour où il a décidé de rendre justice au nom du peuple et non pas au service d’un tel puissant tapis dans l’ombre de l’administration ou d’une quelconque officine.

C’est pour cela que la revendication de Djamel Aidouni prend toute sa signification.

 Le ministre dicte la «justice»

Il a demandé expressément à ce que le conseil supérieur de la magistrature ne soit plus « sous la tutelle» du ministère de la justice. Une vieille revendication certes du Syndicat national des magistrats (SNM), qui ne pouvait tomber mieux à la veille de la révision de la constitution. Consacrer noir sur blanc dans le texte fondamental l’indépendance de la justice constituerait en effet une avancée décisive contre ceux qui instrumentalisent la justice selon leur intérêts.

Le SNM suggère ainsi d’éloigner le pouvoir exécutif, représenté en la personne du ministre de la Justice, du Conseil supérieur de la magistrature et la désignation du premier président de la Cour suprême comme vice-président du conseil conformément au principe d’indépendance de la justice et en application des critères mondiaux en la matière, explique Djamel Laïdouni.

C’est là, incontestablement une revendication éminemment politique qui devrait bénéficier du soutien de tous les algériens en ce qu’elle rende la parole à la justice et uniquement à la justice.

Magistrats «désarmés»…

Personne ne pourrait être contre le fait que les magistrat fassent leur travail sans avoir a en référer à aucune autorité supra judicaire qui rend les verdict par téléphone…

Rendre justice pour tous est en effet un principe cardinal en démocratie où nul n’est au dessus de la loi.

On est encore loin, hélas, dans un pays où certains dossiers sont tellement sensibles que les magistrats hésitent à les ouvrir au risque de se brûler les doigts…

Djamel Aidouni a eu l’honnêteté de le reconnaître aujourd’hui s’agissant de la corruption : «Il n’est pas facile de lutter contre la corruption. Le phénomène est là, mais on ne peut pas engager des actions sans qu’il y ait des plaintes déposés devant les juges ».

Il est vrai qu’il n’est pas facile pour un algérien lambda de s’attaquer à un ponte du pouvoir même s’il a toutes les pièces à conviction. C’est une bonne raison justement pour constitutionnaliser l’indépendance de la justice.

Osons rêver…

Par Hakim Merabet  (Algerie1)