BEL-ABBES INFO

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Lundis de l’histoire: L’Histoire du Cinéma à Sidi-Bel-Abbès

ByKarim OULDENNEBIA

Mai 19, 2014

« Dans mon petit jardin, j’ai cueilli ce matin,
une rose que j’offre à mon ami AEK
en implorant le Bon DIEU pour un prompt rétablissement »

C’est par ce petit couplet qu’Al MECHERFI introduit son « Lundi de l’Histoire. » Vous allez me dire certainement que viennent faire une rose et AEK dans l’Histoire ? J’eus la même réflexion au début, mais à force de lire, je n’ai pu constater combien la compassion pouvait être une inspiration sans limite. Combien, quand l’amitié se sent désabusée face à l’incapacité d’apporter un plus, alors la peine devient Muse. Ainsi, par je ne sais par quel procédé, AL MECHERFI arrive à travers des prières pour Abdelkader HENNI, à nous retracer ce que cet artiste a fait pour le Cinéma à Sidi-Bel-Abbès. C’était la seule manière de rendre hommage à cet Artiste concitoyen qui est également son ami.
Il ne nous  reste qu’à joindre nos prières à celles d’AL MECHERFI pour une guérison d’Abdelkader, en nous abreuvant de son Histoire sur le Cinéma à Sidi-Bel-Abbès.

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Je m’imagine là devant mon ami «Abdelkader» penché à l’horizontal dans un lit d’Hôpital à Alger ! Assis juste en face. Je me pose la question ; de quoi aurait-il vraiment besoin ? Qu’est-ce qui lui ferait le plus plaisir ? Qu’aimerait t-il vraiment recevoir de l’ami en face de lui ? J’essaye de lui apporter mon soutien en me mettant directement et résolument à sa place. Je prends mon clavier avec pour objectif de lui rendre un peu le sourire. Je sais maintenant ce que je peux faire pour l’aider à mieux supporter sa solitude et garder le moral. Je vais tenter d’emprunter sa sagesse et sa passion tout en partageant son amour pour la ville de SIDI-BEL-ABBES.
A dire vrai, ayant appris sa récente infortune et son état de santé, je considère l’auteur de ces lignes qui suivront, comme s’il s’agissait de moi-même : Je suis certain que ce lundi de l’Histoire ne manquera pas de le ravir ; il pourrait même y prendre goût !
Mr HANI Abdelkader, cadre de l’Université Djilali Liabes actuellement en retraite a consacré une bonne partie de sa carrière au traitement des archives de la wilaya de Bechar et de Sidi-Bel-Abbès et notamment à exhumer un certain nombre d’archives de l’université, de l’Hôpital, direction des forêts et du conservatoire (Théâtre régional de Sba), mais surtout à la formation des jeunes archivistes. Cette activité a permit à notre premier « invité » des lundis de l’Histoire de porter sa contribution à l’écriture de l’histoire locale. Il est aussi l’auteur d’un certain nombre d’articles parus dans le journal « La voix de l’Oranie » en plus d’ouvrages remarqués à l’exemple de- Bechar et sa région entre histoire et légendes (2002)- Correspondances de l’émir Abdelkader (2004)-(Le thermalisme en Algérie (2005)– Les danses traditionnelles en Algérie (2010)– L’émir Abdelkader et la France(2011)– AZZA Abdelkader et Paul Bellat(2011)– Et enfin ; Lectures d’archives (2011), d’ou nous avons forgé un titre tout en prélevons ces quelques fragments bien choisis. Voyant maintenant ce que cela donne!

hani abdelkader

1 – Les premières projections de films à Sidi Bel Abbés.

A la différence du théâtre, le cinéma colonial a été en Algérie, exclusivement l’affaire des européens d’Algérie. Et pour cause ! Le cinéma était à sa création une technique nouvelle exigeant un équipement nouveau, des connaissances particulières et une culture nouvelle. Les Algériens indigènes, sujets d’un ordre colonial discriminatoire de par la situation qui leur était faite étaient interdits d’accès à cette nouvelle forme d’expression artistique et de loisir. Quelques jours seulement après la première projection cinématographique mondiale à Paris par les frères Lumières, Félix Mesghich, un français d’Algérie est engagé comme « chasseur d’images » c’est à dire ce qui allait devenir plus tard reporter de cinéma.
Une année après la naissance du cinématographe, Lumière réalisa dés 1895 un « catalogue de vues » immortalisant un certain nombre de vues de l’Alger et du Tlemcen d’avant 1900.
Le Cinéma de fiction, quant à lui, fut introduit pour la première fois en Algérie en 1899 sur l’initiative d’une association culturelle oranaise, la Société littéraire de la ville d’Oran. A l’affût de toutes les innovations intellectuelles, cette société avait invité un certain professeur David qui venait de ramener de France les premiers films de fiction.
Les premières projections de films de fiction émerveillèrent le public oranais et très vite l’engouement pour le nouvel art gagna les villages et villes de l’Oranie coloniale. Le professeur David, déjà cité effectua une longue tournée dans les grandes villes de la province. Et c’est ainsi qu’il fit une première projection à Sidi Bel Abbés en mars 1900.Quelques jours plus tard, un autre «tourneur» comme on appelait à l’époque les montreurs de films, se déplaçant en chariot d’un village à un autre, fit une projection à Mercier Lacombe (Sfisef.)

2 – Les salles de cinéma de la ville.

C’est probablement en 1908 que la première salle « théâtres –cinémas » ouvrit ses portes à Sidi Bel Abbés. Vingt années plus tard, dans les années trente, Sidi Bel Abbés est parmi les rares villes d’Algérie et peut être de France à compter au moins cinq salles de cinéma. La population européenne et son élite bourgeoise se dota très tôt de toutes les commodités d’une cité moderne : théâtre, conservatoire, installations sportives et bien sur cinémas. La salle Empire Casino fut inaugurée le 16 septembre 1927. A la veille de la guerre de libération nationale, en 1954, la ville comptait six salles de cinéma : Le Versailles, le Rio, l’Empire, l’Olympia, le Palmarium et le Vox.
Quant aux indigènes fraîchement prolétarisés par une féroce colonisation, ils sont « cantonnés » à a périphérie de la ville européenne, dans ce que les Européens appelaient le « village nègre » et les indigènes « El Graba », où ils tentent de refaire revivre ce qui reste de leur culture. Il faudra attendre les années cinquante pour que leur quartier soit doté d’une salle de cinéma : l ‘Alhambra ou ils pourront enfin, voir quelques films arabes.

3 – Le mythe de la Légion Etrangère.

Ce qui fera la liaison de Sidi Bel Abbés avec le cinéma de fiction, c’est la présence et le mythe de la Légion Etrangère. Sidi Bel Abbés était au temps de l’Algérie coloniale célèbre universellement pour être le berceau et le siège de la Légion Etrangère. Des stars du music-hall comme Damia, Marie Dubas et Edith Piaf avaient popularisé le beau et intrépide légionnaire dans leurs chansons. Des 1926, « Beau geste ». En 1932, Wladimir Strichewsky, un russe blanc naturalisé français vient tourner à Sidi Bel Abbés le film « Le sergent ». En 1933, la légion Etrangère proposa à la municipalité de SBA de se charger de la démolition des remparts de la ville devenus depuis longtemps encombrantes et inutiles à la condition qu’elle s’approprie les matériaux récupérés et surtout le belle pierre rougeâtres blanches avec laquelle elle fit construire son fameux cinéma Légion. En 1937, Christian-Jacques l’un des cinéastes des plus productifs et des plus populaires du cinéma français se rend à Sidi Bel Abbés pour tourner le film « Un de la Légion ».L’acteur principal du film est le célèbre comédien Fernandel qui incarne dans ce film un de ses rôles les plus populaires.la musique du film est faite par Bachtarzi MAHIEDDINE et Casimir OBERFELD…
Toutefois pour Azza Abdelkader: «l’usage du cinéma comme instrument d’éducation ne fait que commencer.» Ou encore : « Le cinéma influe profondément sur les indigènes algériens, particulièrement sur les jeunes. Leur engouement pour les films d’aventures, le genre américain en particulier est extraordinaire».

4 – L’Alhambra, « un cinéma pour les arabes ».

Au début des années cinquante, un algérien réussit à ouvrir dans le quartier « arabe » des Grabas une petite salle de cinéma pour les indigènes, la mythique Alhambra. Désormais les Algériens pouvaient voir des films arabes et constater que les techniques cinématographiques étaient accessibles aux « Arabes ». La culture cinématographique s’installait parmi les jeunes algériens. A l’indépendance, en 1962, l’Algérie comptait 450 cinémas dans l’ensemble du pays. La ville de Sidi bel Abbes comptait déjà quelques sept salles de cinéma. Citons Le Versailles, le Rio, l’Empire, l’Olympia, le Palmarium et le Vox.
Ce sont les jeunes et adolescents de cette époque qui quelques vingt années après, dans l’Algérie indépendante allaient faire leurs premiers pas dans l’art cinématographique. Parmi eux, les Bachir Belhadj, les Brahim Tsaki , Kada Kader. Chacun de ces enfants du pays a porté à sa manière sa pierre à l’art cinématographique de l’Algérie indépendante. C’est cette ville (Sidi bel Abbes ) qui a été choisie par le réalisateur Belkacem Hadjadj pour son film remarqué « une femme taxi » Le film narre l’histoire de Soumicha mère de trois enfants et qui à la mort de son mari reprend la voiture de son époux et deviendra, malgré les lourds préjugés machistes, la première femme taxi de la région…Elle a hébergé avec succès en 2008 un festival du film amazigh.

5 – Bachir Belhadj, le pionnier.

C’est dans les années 1966-1967, que le jeune Bachir Belhadj qui a quitté sa ville de Sidi bel Abbes pour renforcer le staff de la jeune télévision algérienne à Alger fait ses premiers pas dans le cinéma. A la RTA, l’ancêtre de l’ENTV, son premier univers, dans ces années difficile, il était l’homme à tout faire, la retransmission en direct des matchs de football, la couverture des meetings et discours des politiques, des téléfilms pour un public avide de cinéma.
6 – Brahim Tsaki, le spécialiste de portraits d’enfants.
Un autre enfant du pays, Brahim Tsaki séduit par le cinéma ira étudier l’art cinématographique à l’INSAS, à Bruxelles. De retour en Algérie et fort de sa formation, il est l’un des premiers réalisateurs de l’ONCIC. Ses films, des longs métrages sont tous trois des portraits d’enfants. Il réalise en 1981 »Les Enfants du vent » (Abna al-rih), en 1983, « Histoire d’une rencontre » (Hikaya liqa) et en 1990, « Les Enfants des néons », qu’il réalise en France.

7 – Kada Kader, l’entrepreneur de festivals.

Kada Kader est autre enfant de la ville de Sidi bel Abbes qui a embrassé une carrière dans le cinéma. Passionné de photographie depuis sa plus tendre enfance ; il a réalisé un grand nombre d’œuvres photographiques, surtout en noir et blanc. Le noir et blanc lui permet de s’exprimer et même de suggérer à travers le jeu des ombres et clairs. Installé en France et devenu un scénariste, réalisateur de court-métrage, il fait actuellement le bonheur des sociétés cinématographiques européennes.
Depuis quelques années il mène campagne pour l’instauration d’un festival international du cinéma à Sidi bel Abbes. La ville a toutes les chances de voir le rêve de Kader Kadda se réaliser. Elle en a les prédispositions .Cette grande ville universitaire s’enorgueillit à juste titre d’un nombre respectable de professionnels du cinéma. L’université de la ville compte un service audiovisuel drivé depuis 1980 par un professionnel de l’art cinématographique, Monsieur Sadouni Mourad formé dans les années 1970 à Paris.
Le service a à son actif un certain nombre de réalisations et un fond d’archives cinématographiques des plus précieux. Il en est de même de l’entreprise ENIE. Il y a quelques années les pouvoirs publics y ont réalisé une cinémathèque. Le nouvel édifice d’une architecture de belle facture compte une salle de projections, une autre de conférences, une médiathèque et une salle réservée au ciné-club. Avec tous ces atouts, on peut dire que le rêve de Kader Kader se réalisera : la ville aura son festival international du cinéma.

Conclusion :

Une visite même « virtuelle » à un malade, motivée par un sentiment de devoir, ne fait- elle pas partie des droits du malade ? Qu’il s’agisse bien évidemment d’une personne musulmane ou non-musulmane. C’est vrai que Dieu éprouve l’homme par la maladie et la souffrance pour lui permettre d’affirmer sa foi. Le cœur s’afflige, les yeux versent des larmes, mais, il faut absolument lui dire « Nous sommes là » ! Ah le cinéma à Sidi-Bel-Abbès !!!  Le prochain lundi devrait avoir pour titre : Nos pitoyables intellectuels et le Cinéma !!!
A toutes et à tous ceux qui ont un proche malade dans un hôpital. Je dis ALLAH Y’CHAFIH.
AL-MECHERFI.

By Karim OULDENNEBIA

Nom & Prénom : KARIM OULDENNEBIA Nationalité Algérienne - Situation familiale : Marié, père de quatre enfants Adresse professionnelle : Fac- Sciences Humaines et Sociales – BP 89 : Université Djilali Liabes/ 22000 - ALGERIE Domaines de recherches : Sciences Humaines –HISTOIRE. Faculté des Sciences Humaines et Sociales - Djilali Liabes University of Sidi Bel-Abbes, Algeria

One thought on “Lundis de l’histoire: L’Histoire du Cinéma à Sidi-Bel-Abbès”
  1. Bonjour Al Mecherfi

    Une pensée pour notre ami Abelkader Hani à travers ta rubrique , sincèrement je ne m’y attendais pas. Un rappel à l’ordre pour que l’horrible quotidien ne nous enfonce pas dans l’oubli, surtout de celui qu’on aime et en ce moment utile a besoin de réconfort pour faire face à la maladie. Discret, Abdelkader lutte dignement pour retrouver son sourire et sa plume. Nous devons organiser une vente des ouvrages de notre ami pour lui apporter une aide matérielle. Il en a vraiment besoin. Nous discuterons des modalités très prochainement avec la collaboration de BAI.
    Bonne soirée.

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