L’électeur français, de plus en plus tenté par l’abstention assiste en direct au naufrage du soldat Fillon.
Celui qui se présentait comme le Père de la rigueur s’est retrouvé empêtré dans une série d’affaires ( pour lesquelles la présomption d’innocence doit être retenue), mais qui dévoilent une avidité immodérée pour l’argent.
Comme Premier ministre de Sarkozy, il annonçait au lendemain de sa nomination: « Je suis à la tête d’un pays failli », pour tirer de ce constat le démantèlement du filet social et des aides accordées aux plus fragiles.
Il préparait, en jouant la dramatisation, à un conditionnement de l’opinion publique pour mettre en place un programme brutal inspiré du modèle libéral mis en œuvre par Reagan et Tatcher.
Depuis la part d’ombre de Fillon, qui va des conflits d’intérêts,aux costumes à 6000 euros offerts par les réseaux de la France Afrique, et la présomption d’emplois fictifs au profit de sa famille, qui lui vaut mise en examen, s’étend de jour en jour.
Insensible devant les drames humains,sans empathie aucune pour les humbles et voulant faire travailler plus des gens en souffrance comme seule variable d’ajustement, Fillon, qui s’était construit l’image de l’homme qui ne cède pas, entraîne son camp dans une chute programmée.
Apostrophé par l’écrivaine Angot, portée par sa répulsion du personnage, en pleine émission politique, Fillon vit sa plus mauvaise séquence en direct.
Cette charge, qui fait un buzz terrible dans les réseaux sociaux est unanimement condamnée par les média mainstream qui se bouchent le nez et prennent un air pincé pour commenter l’intrusion de la société civile dans leur territoire protégé.
Le citoyen lambda, lui, qui a échappé à la mort naturelle est terrifié par la mort sociale que représente le chômage et le spectacle que donne les candidats à la magistrature suprême n’offre aucun attrait pour assumer le rôle de citoyen civique.
Le personnel politique qui s’exonère des règles légales pour jouir de l’argent public, tout en voulant imposer à la populace la plus drastique des cures d’amaigrissement, participe au naufrage de la politique.
Les chefs de parti ressemblent de plus en plus à des faux prophètes ou des chefs de tribu qui savent qu’ils ne peuvent échapper à l’anarchie par déficit d’amour de la patrie fondé par l’éthique.
Fillon s’est révélé adepte de la pensée Pasqua, orfèvre de la « combinazione » qui préconisait « de créer une affaire dans l’affaire pour faire oublier l’affaire » et d’allumer ainsi des contre-feux.
Et c’est une vraie bombe que Fillon a dégoupillé en direct en attaquant frontalement Hollande et en invoquant l’existence d’un cabinet noir.
Fillon affirmait « l’existence d’un scandale d’état » et cela sur la base du contenu d’un livre d’investigation de journalistes du Canard Enchaîné. Affirmation immédiatement démentie par les auteurs.
En clair, la charge d’instrumentalisation de la justice désignait une cible: François Hollande et visait un objectif simple: radicaliser encore et encore plus son propre camp, dans la pure logique sectaire.
Les retombées politiques laissent augurer d’une décomposition politique accélérée. Le Général De Gaulle parlait à la Nation. Giscard parlait aux français. Sarkozy parlait aux milliardaires. Hollande parlait aux journalistes.
Fillon qui aime frayer avec les milliardaires ne parle plus qu’à un camp retranché!
Devant ce naufrage du débat politique, y aura t-il un, deux ou trois Titanic?
That’s the very question.
Al-HANIF