NUL NE PEUT ÉCHAPPER À LA TOILE DE LA VEUVE NOIRE

Le numérique a révolutionné nos vies pour toujours. Rien de ce qui fut hier ne ressemble à ce qui est aujourd’hui et à ce qui sera demain. Comme des mouches heureuses dans leurs envolées jusqu’à ce qu’elles succombent, nous sommes définitivement pris dans le piège de la toile immense que la veuve noire a étalé sur la terre entière. Vainement nous tenterons d’échapper à son venin.

Dans l’immense majorité, nous ne sommes même pas conscients de notre état de dépendance universelle, totale et définitive. Nous sommes les grenouilles de la fameuse allégorie. Ils nous ont placé dans une eau qu’ils ont chauffé progressivement et nous avons aimé la douce chaleur du début sans pouvoir nous y extraire quand celle-ci commença à chauffer dangereusement jusqu’à bouillir.

Ils nous ont dit ne payez rien, ou si peu. Nous ne savions pas que le produit c’était nous. Ils nous ont alléché, nous avons aimé la gratuité, et ainsi les renards ont eu raison des crédules corbeaux que nous sommes.

Résultat : Nous n’avons plus de vies privées. Dieu le tout puissant seul pouvait contrôler nos secrets les mieux gardés. Aujourd’hui ce contrôle est à la portée de tous les dieux: nos États, les Etats étrangers, les services, les GAFA et même les petits génies du numérique. Pegasus, vous vous souvenez du tôlé mondiale que sa découverte a provoqué. Son seul crime par rapport aux autres dieux c’est que lui a été découverts pendant que tant d’autres restent dans le secret, sans être moins regardants et moins dangereux.

Dans ce domaine, les dictatures avancent à découverts. Mais les démocraties ne sont pas moins tentées par ce prodigieux moyens de gouverner et d’asservir les peuples. Partout dans le monde, à l’Ouest comme à l’Est et au Nord comme au Sud, les Big Brothers nous surveillent. Ils placent leurs yeux numériques dans les rues, dans les sous-sols, dans les moyens de transport, partout, et Ils placent des puces secrètes dans nos appareillages. Ils écoutent nos conversations les plus intimes, ils lisent nos messages et ce que nous écrivons sur nos murs et leurs puissants algorithmes se chargent de les stocker à toutes fins utiles.

Je viens de lire ce matin sur Twitter que les Pays-Bas ont décidé de contrôler et de stocker dans une grande base de données toutes les transactions et tous les payements qui dépassent les 100 euros (22000 de nos dinars), permettant une surveillance en masse et sans précédent de la part des banques au service du gouvernement néerlandais. Purtant les Pays-Bas sont connus pour etre des pays les plus démocratiques.

Cette mesure, que les néerlandais jugent dangereuse et liberticide, semble n’être que le prélude à d’autres mesures du genre devenues monnaie courante, une devise que partagent tous les régimes. Ce que viennent de décider les Pays-Bas rappelle le crédit social qui, en Chine, permet de surveiller les citoyens chinois dans tous leurs comportements quotidiens, ou qu’ils soient, et de les primer ou de les sanctionner selon qu’ils entrent ou qu’ils sortent du moule voulu par l’État totalitaire.

Désormais, un seul moyen permet d’échapper au piège du numérique et à ses dangers : vivre sans lui, en ermite, dans un désert ou dans les confins éloignés d’une montagne inaccessible. Mais qui aujourd’hui peut mener une vie en autarcie et supporter longtemps l’existence austère d’un ermite?

Qui peut prétendre être en vie en dehors de la vie virtuelle de plus en plus dominante?

Quelle grenouille peut sauter de la grande casserole dans laquelle elle cuit?