À travers son recueil, Hanitet apporte un éclairage intéressant sur le rôle qu’ont joué de nombreux groupes musicaux dans l’émergence du style raï.
Mokhtar Hanitet, musicien et comédien au théâtre, vient de publier «Une musique, un style, une ville», un livre consacré à l’histoire du raï dans la ville de Sidi Bel Abbès, une façon pour lui de partager sa passion de la musique et de retracer ses évolutions aux bords de la Mekerra. Une vente-dédicace de cet ouvrage est prévue samedi à 16 h au Théâtre régional de Sidi Bel Abbès. À travers ce recueil, Hanitet apporte un éclairage intéressant sur le rôle qu’ont joué de nombreux groupes musicaux dans l’émergence du style raï.
«En 1966, pendant des répétitions du groupe, une voix d’enfant provenait de la cave criait dans cesse Girl Happy,succès d’Elvis, que The Figures jouait déjà ; l’enfant ne s’arrêta pas de hurler, obligeant la troupe à prendre des mesures à son encontre, car le rossignol dérangeait…», écrit en préface Halim Boughrara, membre du groupe mythique, The Figures. «Lalimi Abbès est alors chargé de tendre un piège à cet oiseau qui perturbait leurs répétitions. Quelques minutes plus tard, on fit entrer un gamin d’une dizaine d’années qui, sans peur et sûr de lui, disait : Oui c’est moi, je veux que vous me jouiez ma chanson préférée Girl Happy. Devant le ton amusant et passionné du gamin, le groupe s’exécuta», ajoute Halim.
Ce gamin n’était autre que Hanitet qui, 45 ans plus tard, rencontra Halim et lui raconta cette anecdote. Géologue-minéralogiste de formation, Mokhtar Hanitet a débuté sa carrière de musicien avec les «Aigles Noirs» (1973) avant de fonder, avec d’autres artistes locaux, les groupes «Africa» (1975) et «Tessala Entreprise» (1987) dont certains membres avaient fait partie de «Raïna Raï», groupe mythique de la Mekerra. Il a campé également, ces deux dernières décennies, plusieurs rôles de comédien et a composé les musiques de plusieurs pièces produites par le théâtre de Sidi Bel Abbès, entre autres, «Prisonnier 7046», mise en scène par Lahbib Medjahri, «El maaza oua el Fil» d’Arrouche Abdelkader et «Aboud 1er» de Bouziane Benachour. Infatigable troubadour, ce quinquagénaire, fin connaisseur de la musique raï, a longtemps été influencé par des genres musicaux divers tels que le blues, le rock et le country. Auteur, compositeur, comédien et interprète, Hanitet est indubitablement un touche-à-tout.