Quant l’art s’associe avec le savoir!

Il ne fait aucun doute, toute l’Algérie avait suivi cette scène d’octobre 2020 , d’une enseignante du primaire à Oran qui essayait tant bien que mal d’expliquer au commis de l’état en visite d’inspection dans cet établissement du primaire que des équipements étaient vétustes et qu’il y avait urgence pour une rénovation ou au moins une prise en charge adéquate pour permettre aux enfants de suivre les cours dans de bonnes conditions. Naïvement, la pauvre enseignante avait signalé que les tables remontaient de “l’époque coloniale” , et c’était la phrase qui avait agacé le wali de l’époque, ce dernier demanda de voir ces tables et insista auprès de l’enseignante à ne pas utiliser le mot “coloniale”, bref ce fut un tollé national jusqu’à faire sortir le premier ministre M. Djerrad de son mutisme et de déclarer dans un tweet :”Je refuse catégoriquement l’humiliation d’un enseignant qui défend l’avenir de nos enfants. Je remercie l’enseignante Mme. Sidia Merabet de l’école Benzerdjeb d’Oran qui a démasqué les vieilles pratiques ».

À Sidi Bel-Abbes et plus précisément dans l’école Larbi Tebessi ex Molière sur le prolongement de la rue Molière et qui fait face à l’annexe de la mairie, se trouvent aussi quelques classes parmi la dizaine en fonction dans cette école qui ont toujours gardé ces tables avec deux encriers chacun incrustés au milieu et l’autre au coin gauche, ce qui démontre clairement que ces tables remontaient aux années 60, l’âge de l’encrier et de la plume. L’ex école Molière pour ceux qu’il l’ignorent, est l’une des plus anciennes écoles de Sidi Bel-Abbès qui a vu défiler dans ses classes, de centaines d’écoliers de la ville depuis l’indépendance, elle renfermait presque 20 classes, quelques (02) ont été expropriées par la mairie pour répondre aux besoins des riverains en matière d’état civil, deux autres furent transformées en bibliothèques , il n’en reste qu’une dizaine qui accueillent les enfants de nos jours en attendant de reprendre et rénover l’ensemble.

Cependant à Sidi Bel-Abbès, l’approche envers ces tables est toute différente que celle d’Oran. Un artisan qui a des enfants dans cette école, a su marier son savoir-faire en menuiserie à l’art de bien faire. En effet, un parent d’élève faisant partie de l’association des parents d’élèves n’acceptant pas cette situation défaitiste, s’est associer avec cet artisan menuisier du Graba pour trouver une solution en vue de redonner un nouveau look à ces tables anciennes. Mariant l’art à son savoir, l’artisan entama une recherche de produits et matériaux nécessaires à la renovation de ces tables. Aidé par son bienfaiteur en la personne de M. Gherras El Goum Boumédiène, il commanda une quantité de cire, vernis et autres matériaux spéciaux pour ce type de travail et après quelques temps, il ramène tout ce dont il a besoin et entama l’opération de tri avant la tâche de remise à neuf des tables qui étaient dans un état de vétusté avancé mais surtout celles paraissant récupérables.

La bonne finition visible sur les premières tables après un travail méticuleux semblent avoir convaincu et la directrice de l’établissement et M. Gherras qui n’hésitèrent pas un instant pour acquiescer la mission de l’artisan en vu de rendre les enfants très heureux mais surtout de faire épargner à l’état et à la commune d’inutiles dépenses. Ainsi, depuis quelques temps et après les heures de cours, l’artisan pointe à l’école Cheikh Larbi Tebessi et entame les travaux, il en est presque à mi-chemin de l’achevement.

Bravo Mesdames er Messieurs de cette école, Bravo M. l’artisan et son bienfaiteur.