Que dire du nouveau gouvernement?

Allez, osons jouer les Cassandre.
Ce gouvernement ne fera pas long feu. Ou plutôt, il mettra le feu au très peu de crédit encore accordé au pouvoir et à la classe politique après les dégâts causés par les vingt années du système de gouvernance de Bouteflika, et même au-delà, peu-être même après guerre.

Après la faillite du système Bouteflika on espérait le salut, après avoir toucher le fond, on souhaitait remonter à la surface, et après dix mois de marche et de cri on espérait un monde nouveau.

Vain espoir. Au lieu de la novation, comme disent les juristes, on n’a eu que de la rénovation; au lieu de la déconstruction puis la reconstruction du système, on ne voit venir à l’horizon qu’une restauration de l’ancien, par des mains très peu expertes. On promet une nouvelle république mais il semble qu’on n’offre qu’une pale réplique de l’ancienne.

Car pour la création d’un monde nouveau, ou du moins pour redonner vie à un monde moribond, pour le redressement d’une situation des plus désastreuse, pour remonter en surface, il faut une volonté de fer, des hommes d’exception et une stratégie de guerre. Ces trois éléments sont cumulativement nécessaires, il suffit qu’un seul fasse défaut pour que rien ne marche.

Je ne préjuge pas de la volonté des décideurs, celle-la se juge à l’exercice. Je ne donne pas blanc seing non plus, la trahison de Bouteflika nous a suffisamment immunisé pour retomber dans la même bêtise. À ce sujet, je préfère ” fumer du thé et rester éveillé”

En revanche, je préjuge de l’efficacité des hommes à qui on vient de confier la gestion de la grande crise. Et c’est à partir de là que je joue les Cassandre; que j’ avertis qu’il ne faut rien attendre de ceux qui n’ont rien à donner.

Il y’ à certainement quelques exceptions qui pourront étonner si la manœuvre leur est accordée. Mais des exceptions seulement.

Sur quoi je fonde cette affirmation?
Sur un mythe!
Permettez que je le conte avant de tirer la morale qui sied.

En Libye, la malheureuse, dans les temps très anciens, il y avait un géant du nom d’Antée, fils de la terre (Gaya) et de Poséidon, le dieu de la mer. Antée voulait construire un temple exceptionnel pour son père. Et comme il était géant et faisait confiance à sa force, il provoquait et obligeait tous ceux qui passaient par la Libye à se battre avec lui. il les terrassait bien sûr et les écrasait, et se servait de leurs ossements pour bâtir le temple… Jusqu’au jour ou un mortel passa par la Libye; c’était Hercule. Ce dernier, en difficulté face au colosse, s’aperçut que ce dernier, tant qu’il avait les pieds collés à la terre, il restait invincible ( rappelez vous, la terre, Gaya, est sa mère). Alors Hercule tenta de soulever Antée de la terre, s’en séparer. Il réussit. Le colosse s’affaiblit alors et meurt étouffé sous les bras très forts de son adversaire.

Moralité; tant que Antée avait une attache à sa mère, à la terre, il restait fort et invincible.

Il en est ainsi de tout décideur. Il ne sert à rien, il est faible s’il n’a pas un contact avec la terre, avec la réalité du terrain, s’il ne puise sa force d’une expérience certaine. On peut avoir le meilleur diplôme, les meilleurs connaissances du monde, mais si ces connaissances sont dissociées d’un contact avec la terre, avec la réalité du terrain, avec le monde réel, elles restent inefficaces, plutôt nuisibles. Des exemples dans le passé récent existent à la pelle. Je ne cite personne, suivez mon regard, je ne tire pas sur les ambulances.

Hier, le porte parole de la présidence en baragouinant, annonçait l’équipe de choc, en mettant en exergue, chaque fois que possible, leur diplômes et le fait qu’ils sont, pour certains, des enseignants universitaires. Pas une fois il a mit au devant leurs expériences, l’attachement de ces Antée à Gaya, et donc à affronter les grandes difficultés qui les attendent.

Quand le porte parole a fini sa lecture de la liste, je n’ai pas pu m’empêcher de penser qui, par exemple, de Rebrab et l’actuel ministre du commerce et le plus à même de résister à Hercule?