1 rappel historique :
Les idrissides Pris en tenaille dans le conflit qui oppose les deux Empires fatimide et omeyyade, leurs territoires finirent par tomber aux mains des pouvoirs Zénètes et la victoire omeyyade sur le dernier Idrisside al-Hasan ibn Gannûn, qui pressé par l’avance au Maghreb occdental de Bologhine ibn Ziri ibn Manad s’allie aux Fatimides,ce passage de camp : marque la fin définitive de la dynastie en 974.
Environ cinq siècles avant l’avènement des Mhadja en Algérie, les Fatimides venus du Yémen prirent Kairouan et étendirent, sans coup férir, leur autorité sur l’Ifriqiya et presque la totalité de l’actuelle Algérie.
Et si le Chiisme qu’ils ont voulu imposer aux populations n’a pu se greffer sur leurs convictions c’est grâce aux Sunnites (comme les méhadja ) qui, la plupart au prix de leurs vies, ont su contenir leurs adversaires pourtant militairement très puissants.
Les historiens nous ont légué de prestigieux noms et des récits frissonnants .
Si Tayeb El M’Hadji, membre fondateur de l’Association des Oulama algériens, dans son ouvrage en arabe :
أنفس الذخائر وأطيب المآثر في أهم ما اتفق لي في الماضي والحاضر
Qu’on peut traduire littéralement par :
« Les précieux bienfaits et les mémorables souvenirs de ce que j’ai vécu d’important au passé et au présent ».
Dans ce livre, le cheikh rappela à plusieurs reprises que les M’Hadja, de même que les Ouled Slimane (une autre branche des Beni Amer), se sont installés sur les territoires des Ouled Ali ( el Gaada , oued mebtouh , boujebha et Mcid ).
Selon les récits des anciens, les Méhadja seraient arrivés de Fès à l’Oasis de Figuig (ville située actuellement au Sud Est du Maroc), puis sont passés par Tlemcen, quatre siècles au moins après la fondation d’Oran.
Donc, ils seraient arrivés dans l’Algérie actuelle après les Beni Amer.
A Fès, la signification la plus plausible du terme Mhadja était
« menha jaou »,
traduit en français par
« d’elle (la Mecque) ils sont venus ».
Voici quelques familles IDRISSIDES en l’occurrence :
les honorables Méhadjas qui étaient plus prés de nous : à Rachgoun – Embouchure de la Tafna et dans les environs de Nedroma , Tlemcen et un peu plus loin : au Moghrib Aksa qui immigrèrent vers les région d’Oran et Sidi bel abbés qui n’en faisait qu’une avant .
Leur statut de prédicateurs de la foi , commerçants et artisans les ramena à el Gaada et El Mabtouh qui englobe aussi le village Boujebha (actuellement dans la Wilaya de Sidi-Bel-Abbès).
La commune d’El Gaada est constituée de plusieurs villages (ou douars) :
Ain Affeurd, le chef lieu de la commune ;
Araïba,
El Blas,
Kedadra,
Meloula,
Mekhatria,
Messatfa,
Ouled Sidi Baghdad,
Ouled Sidi Amar ,
Ouled Sidi Ben Ahmed,
Ouled Sidi Freïh ,
Ouled Sidi Saïd,
Remaïssia,
Saadia,
Sekarna,
Souaïhia,
Souala,
Zelalta,
Zouabra.
En réalité , Ils étaient éparpillés à travers tout l’Ouest de l’Oranie d’antan : régions de Sidi bel abbés (Mcid) , Sig et Mascara. .
2- familles des Méhadja
Leur ascendance comme nous l’avons déjà souligné dans la précédente partie : remonte à Idriss awal , fondateur de la dynastie qui portera son nom et qui dura de 172 à 375 (788 à 985) .
Avec ses six frères, Idris I appartient à la cinquième génération descendante du Prophète (saws).
Les Méhadja présentées aux lecteurs dans notre contribution étant ceux d’El Gaada, localité qui se trouve à huit kilomètres à l’Est de la cimenterie de Zahana dans la Wilaya de Mascara et ceux de el Mebtouh et du M’cid , deux communes actuelles de sidi bel abbés
Le premier Mhadji qui entra dans l’Ouest algerien , le fit à la fin du XIVème ou au début du XVème siècle.
Il s’appelait Sidi Mimoun et choisit Oued El Mabtouh (dans l’actuelle Wilaya de Sidi-Bel-Abbès), non loin de Sidi Hmadouche pour s’y installer avec son frère Ayoub où ils passèrent le restant de leurs jours à enseigner.
C’est au petit-fils (appelé Brahim enterré non loin de Fkane) de Sidi Mimoun que se rattachent, sans exception, les dix factions des Mhadja .
Ouled Sidi Mofleh,
Ouled Sidi Saïd
Ouled Sidi El Freïh d’El Gaada
Ouled Sidi Sahnoun,
Ouled Sidi Bouras,
Ouled Sidi Abderrazzak,
Ouled Sidi El Hachemi,
Ouled Sidi Bouguelmouna,
Ouled Sidi Ouis
et Ouled Sidi El Arbi tous de M’Cid, les dix familles s’étant installées sur le territoire des Ouled Ali, Arabes hilaliens des Béni Amer.
Le petit-fils de Sidi Mimoun, prénommé Brahim est l’aïeul des dix familles qui en sont issues citées ci dessus et disséminées à travers le territoire d’El Gaada (pour trois d’entre elles), les sept autres se trouvant sur les territoires de M’Cid, Sfisef, Mascara, Sig, .
Malékites convaincus, leur vie s’articulera toujours sur les préceptes de ce rite.
Ils eurent des sommités dans ce domaine atteignant des niveaux tels qu’El Gaada et El Mcid devinrent un pôle de connaissances pendant plus de deux siècles et demi.
Cet aspect étant précisé, nous nous contenterons de citer brièvement quelques Oulamas (Personnalité de sciences ) Méhadja ayant joué un role historique dans le beylik d’Oran , à l’exemple de Cheikh Sidi Mohamed Es-Senni Al Mahaji , un savant érudit qui fut l’un des conseillers auprès de Bey Mohamed El-Kébir à Oran , son action en faveur des opprimés et exerçait comme inspecteur principal sous le règne du bey Mohamed El kebir .
3- Oulamas Méhadji d’El Gaada et du Mcid
Sidi Mohamed Senni Ben Mostefa Ben El Frïh Al Mhaji,
est un érudit ALAMA qui fut l’un des conseillers du Bey d’Oran.
Rappelons qu’il fut le seul alama Méhadji à être approché par l’autorité turque sans doute parce qu’elle venait de libérer Oran de l’occupation espagnole et des ennemis de l’Islam qui prit fin au début de l’année 1792 .
Ce qui ne fut jamais le cas pour ses frères, cousins et ascendants.
Il exerça comme inspecteur principal sous le règne du Bey Mohamed El Kébir.
Il fut le premier Imam et responsable de la grande Mosquée du Pacha construite par les fidèles en 1795, trois années après la libération d’Oran par Mohamed ben Othmane, dit Mohamed El Kébir.
Cette mosquée située dans l’un des plus vieux quartiers d’Oran, Sidi El Houari, continue jusqu’à présent à accueillir quotidiennement les fidèles.
Sidi Mohamed Es-Senni est enterré au cimetière de Sidi El Bachir, à quelques kilomètres d’Oran sur la Route d’Arzew.
Tayeb Ben Mostefa Ben Freïh el Méhadji
Tayeb Ben El Freïh, un grand Fqih décédé jeune en 1832 1833, était le fils de Mostefa lui-même fils unique du Fqih Sidi Freïh, un des Oulama de Mhadja, tous deux reconnus et enterrés au cimetière d’El M’ Cid, le père à la demande de ses élèves et son fils parce qu’il voulait être près de son père.
Selon l’autobiographie de Si Tayeb El Mhadji, il était le plus jeune d’une fratrie de six garçons :
Adda (l’aîné),
Mohamed-Senni,
Sahraoui,
Kaddour,
Freïh
et Taïeb.
De retour à El Gaada, il ouvrit une école qui accueillit plusieurs centaines d’élèves vers 1815 avec prise en charge totale, grâce à ses propriétés foncières.
Cet établissement éducatif offrait plusieurs enseignements spécialisés. Mais seul Si Tayeb Ben El Freïh assurait le cours du Fiqh.
Cette position lui donna le rôle d’arbitre entre les tribus pour régler les différends, mais finit par agacer le Bey Mohamed Ben Othmane (1808-1813) qui le convoqua et le jugea pour tentative de création d’autorité parallèle au Beylik.
Une accusation qui, à la l’époque, conduisait directement à la potence.
Il échappa au courroux du Turc grâce à la finesse de ses connaissances.
Hadj Mohamed ben Benabdellah
Petit-fils de Tayeb Ben Freïh, il est né en pleine bataille de la Sikkak, dans les environs immédiats de Tlemcen, qui eut lieu le 6 Juillet 1836.
Il eut trois principaux maîtres :
Le Cheikh Tayeb Ben Bachir de Aïn Chorfa,
et les Cheikhs Ahmed
et Mostafa El Meddahi des Bani Chougrane.
Selon le Fqih Si Tayeb El Mhadji qui a été son élève durant cinq ans où il étudia quatre fois le Mokhtassar de Sidi Khalil Ibn Ishak,
Quand il termina ses études, il ouvrit une école à El-Gaada qui connut une nombreuse affluence pour la qualité de son enseignement et la générosité de son père Hadj Benabdellah, compagnon de l’Emir, qui ne regardait jamais à la dépense grâce à ses larges moyens.
De cette école sortirent :
Sidi Abdelkader Ben Mohamed,
Aboubekr
Ahmed Ben Al Harizi
Miloudd Ben Chaabane de Ouled Slimane.
Cheikh Ahmed Tilaoui
Moulay Ahmed Sahnouni,
Abdelkader El Mkallèche El Bourassi de Sidi-Bel-Abbès (des Mhaja Ouled Sidi Bouras)
Mohamed Ben Aïssa Essaadi
et Mohamed Ben Kherraz Zmali et tant d’autres. A ceux-là, il faut ajouter ses deux enfants :
Si Ahmed
et Si Meknous ainsi que
Si Abdelkader
et son frère :– le Fqih Si Tayeb El Mhaji.
En 1298/1881 ,Il resta six mois à Damas, sur demande de l’Emir qui lui confia de terminer l’enseignement du Sahih de Boukhari .
Très lié à cette noble famille, il sollicita la main de Lalla Rokayya, fille d’El Mortada, neveu de l’Emir.
Ce grand Fqih fut incontournable dans la subsistance des liens et le transfert des fonds d’El Gaada à Damas pour aider la communauté algérienne de Syrie ce qui est consigné dans un lot de lettres.
Nous ajouterons que son fils, Si Meknous, recevait régulièrement à Sig l’Emir Khaled à qui il remettait ce que les anti-colonialistes irréductibles de la ville mettaient à la disposition de cet ancien Saint Cyrien pour développer son mouvement.
Hadj Mohamed décéda en 1905 et fut enterré au cimetière d’El Malha, à El-Gaada, auprès de son père Hadj Benabdellah et fut rejoint par son fils Mohamed dit Si Meknous.
Les liens avec la colonie algérienne de Damas disparurent avec la disparition de cet homme.
Son fils Si Meknous, avec Mohamed Es-Sadek, frère du Fqih Si Tayeb et Hadj Abdelkader, mort en 1936 (frère de Hadj Mohamed) Ben Benabdellah, allaient, bon an mal an, pendant plus de vingt ans secourir les nécessiteux des Lieux Saints de L’Islam :
Le Fqih Tayeb-Brahim Mohamed dit si Meknous.
Fils et élève de Hadj Mohamed Benabdellah, Taïeb-Brahim Mohamed (dit Fqih Mohamed Si Meknous) (mort le 23 juin 1949) à 66 ans, avait une place particulière parmi les Oulama, reconnu unanimement par leur communauté, ses adversaires et ses ennemis.
A son arrivée à Sig où Cheikh Larbi Tbessi (1891-1957) avait marqué son passage qui n’a pourtant duré que trois années (1929-1932), il fut très lié à Si Meknous qui rappela à ses enfants de n’autoriser personne de prononcer une oraison funèbre.
Son enterrement eut lieu le 24 juin 1949 au cimetière El Malha, douar El Fraïha, à El Gaada.
A la fin de la cérémonie funéraire, le Cheikh Larbi Tbessi (1891-1957) de son vrai nom Ferhati Larbi, avait rappelé à l’assistance sa conviction qu’il venait d’enterrer le plus grand des Oulama algériens de son époque :
« أشهد أمام الله وأمامكم أننا دفنا اليوم أفقه علماء الجزائر »
(« Je témoigne devant Allah et devant vous que je viens d’enterrer le plus grand des Oulama d’Algérie »).
Effectivement, il ne revit jamais la région après ce jour. Il sera exécuté par l’armée française, en 1957, parce que, comme l’écrivait Malek Bennabi, il ne voulait pas faire le jeu de l’Etat français.
On signale que quand il quitta son douar natal en 1918 pour s’installer à Sig, Si Meknous prononça, dès son arrivée, une fetwa dans laquelle il invalida la prière obligatoire derrière un Imam rétribué par la France parce qu’illicite. Trente années plus tard, Cheïkh Larbi Tbessi lui emboîta le pas en publiant dans la revue El Manar une fetwa similaire.
Cheikh El Miloud Al Méhadji de son vrai nom Zeddour Mohamed Brahim Miloud (1881-1969),
Cheikh El Miloud Al Méhadi est natif d’Oran, le Mardi 16 Novembre 1909.
Plus exactement dans le quartier de M’dina J’dida à la place de Sebalat Et-Tolba. Originaire d’El Gaâda, Sa commune est située à 40 km au sud-est dans la banlieue d’Oran.
Était le père de l’un des cerveaux de la Révolution algérienne : Zeddour dit (Si Kacem )
Pour ne pas déroger aux traditions familiales, il apprendra dès son jeune âge le Saint Coran et les Sciences religieuses.
Son oncle maternel, Si Tayeb Al Mahaji, aâlim de renommée, fût son professeur.
A vingt ans, il ira à l’Université Ezzaitouna à Tunis, pour approfondir ses connaissances. En 1936 , il reviendra à Oran avec, pour mission, la création d’une association et d’une Médersa.
Avec d’illustres figures d’Oran, il créera, en 1937,
l’Association El-Falah qui mettra sur pied la Médersa du même nom.
La mission est de débarrasser l’Islam de certains ajouts, de réhabiliter la langue arabe et d’insuffler l’esprit nationaliste aux larges masses. D’ailleurs, vite, son entreprise se heurtera à l’intransigeance de l’administration coloniale.
En avril 1940, Cheikh El Miloud Al Mahaji sera interné trois ans durant, au camp de Djenien Bourezg à une centaine de kilomètres au sud d’Ain Séfra.
Dans la fiche de police qu’il a pu retirer grâce à une complicité, il est mentionné les raisons de son internement dans ce camp : propagandiste, anti français intégral.
Il fut le grand imam de Médina-Jdida d’Oran (Ville Nouvelle) jusqu’en 1969, et le premier à avoir ouvert une école coranique libre et moderne en 1912 (place Tahtaha) (une classe était réservée aux jeunes filles). El-Miloud al-Mahaji a appris le Coran, puis a étudié diverses sciences religieuses. Il s’est singularisé en étant le premier étudiant de l’ouest algérien à restituer à l’islam sa grandeur et sa pureté originelle en le libérant de l’obscurantisme et du sectarisme.
Durant 70 ans, El-Miloud al-Méhadji a consacré son énergie à la formation et à l’éducation conformément aux principes de l’islam. Son prosélytisme religieux était doublé d’un profond sentiment patriotique. Ceci amena un grand nombre d’élèves à rejoindre les rangs du FLN, puis de l’ALN jusqu’à la libération nationale.
Ce travail exaltant et de longue haleine fut entamé par la construction de la première Médersa El-Falah de médina j’dida, puis suivies de celles de sidi El Houari, de Lamur et de Carteaux.
Il nous légua une autobiographie dans laquelle sont évoqués l’histoire, le Fiqh, la grammaire, la méthodologie dans la recherche, l’exhumation de personnages algériens qui allaient vers un oubli total, les problèmes de la femme, une fatwa particulière sur « l’usure » parmi toutes celles qu’il avait formulées et un Hadith rendu apocryphe :
utilisé par le grand Cheikh d’El Azhar Alliche (qui rédigea un volumineux commentaire sur le « Mokhtassar de Sidi Khalil »
En 63 années d’enseignement, et formant en moyenne une promotion en trois années d’études, ce n’est pas moins de trois mille(3000) Chouyoukh qu’il forma »
sources : 1. Si Tayeb El M’Hadji, Oran, 1966. 2. Mohamed El Mansour , Beyrouth et Casablanca-2006. 3. Benaouda El Mzari, Beyrouth, 1990 4. Mohamed Ben Abdelkader (1905). 5. Malek Bennabi,« Colonisabilité »2003. 6. Commandant Derrien -1886. 7. Abdelmadjid Méziane-1983. 8. Jacques Berque -1978. 9. Mohamed senni -VO- 9 Mars 2011
à suivre !
[1]
[1] Prochainement : La 3 éme Partie de la :
« Saga des honorables Méhadja »
qui traitera des mehadja avec l’emir abdelkader et Leur apport DANS LE MOUVEMENT NATIONAL ET LA GUERRE DE LIBERATION NATIONALE