SIDI BEL-ABBES MEURT DES BLESSURES DE SES MAIRES

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Il faut remonter loin pour se souvenir de la beauté de “Petit Paris” et du cadre agréable que la ville des petites reines et des grands boulevards, du théâtre et de la culture, de la simplicité et de la joie de vivre, offrait à ses habitants. Et il faut remonter aussi loin pour trouver des grands maires qui ont rendu ce cadre agréable et qui ont marqué la mémoire de la ville de Sidi Bel Abbes pour l’avoir tant aimé et si bien servi. Ils sont très rares.

Les autres, ils étaient ou des incompétents, ou des impuissants, ou des inactifs, ou des véreux, ils sont tous responsables de sa déchéance. De ceux, nombreux, qui se sont succédés à la tête de la municipalité depuis l’indépendance, on se souvient avec nostalgie de Louhibi Abderrahmane et du docteur Hassani Abdelkader comme des bâtisseurs qui étaient à la hauteur de leur responsabilité et qui y ont mis du cœur.

Pour les autres, l’histoire retient leurs noms, non pour la bonne gestion des affaires de la cité dont ils auraient fait preuve, mais pour avoir trahi leurs mandats électifs et s’être illégalement servis où, pour les moins mauvais, d’avoir vu la ville partir en lambeaux et n’avoir rien fait pour la sauver, parce qu’ils étaient incompétents ou parce qu’ils n’avaient pas l’envergure ni les qualités de manager et de meneur d’hommes capables de gouverner une grande ville et de gérer les conflits internes désormais inhérents à un conseil municipal pluriel.

Un précieux butin de guerre se perd.

Aujourd’hui, la capitale de la Mekerra s’enlaidit de jour en jour. Entre de mauvaises mains, elle perd de son lustre. Elle devient répulsive. On s’y ennuie et on se résigne à accepter la fatalité d’y mal vivre ou, quand on a les moyens de le faire, aller ailleurs chercher les petits plaisirs qu’elle devient incapable d’offrir.Son centre est un gouffre. Les travaux qui s’y effectuent s’éternisent. Tout l’hiver, ils ont forcé les piétons à patauger dans la gadoue. Tout l’été, ils les pousseront à avaler de la poussière. Quant aux véhicules, c’est un véritable terrain miné, fait de cassis et dos d’ânes géants, qui les soumet à rudes épreuves et qui cause des grands dégâts très coûteux.

Malgré toutes ces tracasseries, la population les estimant utiles et nécessaires, prend son mal en patience. Quoique, avec une meilleure volonté et des travaux continues, les délais de réalisation auraient été plus courts et, par conséquence, les désagréments causés à la population moindres.

Les responsables locaux auraient veillé à abréger ses maux s’ils avaient un brin de respect pour les citoyens, mais pourquoi en auraient-ils puisqu’ils doivent plus leur existence à des intrigues qu’à leurs voix d’électeurs dont ils ne redoutent pas la sanction!

En dehors du centre de la ville où on ne peut pas alléguer des travaux nécessaires, l’état des routes devient dangereux pour la circulation des véhicules et des piétons en raison des nids-de-poules qui n’épargnent aucun tronçon. Pourtant il suffirait de peut de moyens pour les colmater: Une bonne volonté, un souci de l’intérêt général, un tracteur, une remorque, du bitume, quelques pelles et quelques dameuses manuelles. Mais nos élus s’en foutent totalement dans la mesure où ces petites réparations qui ne coûtent rien, ne rapportent rien. C’est, de leur part, un véritable crime commis par omission.

La responsabilité des risques et des dommages qu’encourent les piétons et les véhicules leurs incombent. La loi 11-10 relative à la commune, notamment 123 et 145, le spécifient clairement. Les plus belles villes et les plus beaux villages du monde doivent leur beauté à leurs maires. La ville de Sidi Bel Abbès doit ses malheurs aux siens.

Deux mandats successifs d’inaction, précédés de quelques autres de malversation, ont fini par l’achever.

Malgré son staff et ses juriste, elle peine par exemple à gérer un petit parc d’attraction, seul lieu de détente et d’amusement pour les enfants, cédé dans l’illégalité et récupéré dans le flou, qui reste en total abandon et dont les pertes financières pour la commune que cause l’incompétence sont incalculés et incalculables.

L’autre jour, un ami me parlait d’un camarade à lui qui, durant les années 90, est allé travailler en Turquie, à la ville d’Izmir précisément. Faisant la navette entre sa ville natale et sa ville d’accueil, il a accompagné l’évolution des deux. Le progrès de l’une l’enchantait alors que le déclin de l’autre l’attristait. À cette époque, disait-il, Izmir, comparée à Sidi Bel-Abbès, était une bourgade insignifiante. Mais les mains des hommes ont fait l’une et ont défait l’autre, ils ont rendu l’une de dimensions internationale et réduit l’autre à néant.

Et si Sidi Bel-Abbes se meurt, disait-il encore, c’est par la faute des blessures de ses hommes : Ses élus et ceux qui les ont toujours mal élu, d’un côté, et de l’autre de sa société civile qui est à l’image des premiers, insouciantes et résignée, où, quand elle décide à agir, cacophonique et inefficace.

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