SIDI BEL-ABBÈS: Un citoyen tente de mettre le feu à un élu et au SG de la daïra de Sidi Lahcèn
Un postulant au logement social, résidant à Sidi Lahcèn, aurait tenté d’immoler par le feu, dimanche, un élu et le secrétaire général de la daïra, et ce, devant le siège de la dite administration, a-t-on appris de sources fiables. Un incident qui, heureusement, aurait été contrôlé et empêché par des citoyens, présents sur les lieux, précise-t-on. A noter que cela arrive alors la liste provisoire des bénéficiaires des logements sociaux n’a pas encore été affichée.
Soirée de stars, dimanche à Sidi Bel-Abbès
CORRESPONDANT DE LA VOIX
C’est à une véritable soirée des stars qu’étaient conviés les Bélabbésiens, dimanche, deuxième jour du festival, avec les plus «lourds» noms de la chanson raï, à l’instar de Houari Dauphin, Cheb Akil, Mohamed El-Abassi, Kader Japonais, Cheb Yazid, Cheb Allam, Cheb Mohamed El Alia et Cheb Belkheir, qui se sont succédé sur la scène du stade des Trois Frères Amarouche. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y avait foule et l’ambiance était extraordinaire. Les «planches» n’ont pas cessé de vibrer, depuis le début de la soirée avec la voix de Mohamed El Alia, jusqu’à la fin de la soirée avec Kader Japonais qui avait du mal à quitter la scène, retenu par le public dont les applaudissements n’ont pas cessé. Les retardataires, eux, n’avaient d’autres choix que de
suivre les spectacles, debout, pendant des heures. Les jeunes, femmes et même vieux étaient complètement dedans et très séduits par les récents tubes des artistes qui ont en l’art et la manière de donner une touche particulière à cette deuxième soirée de la quatrième édition du festival culturel et national de la chanson Rai. «Sheraton», «cœur Brisé» et «Cobra», des titres avec lesquels Houari Dauphin a sublimé son public. C’était le cas aussi avec Cheb Akil, Mohamed El Abassi, Kader Japonais et Cheb Yazid
JOURNÉE D’ÉTUDE SUR LE RAÏ À SIDI BEL ABBÈS
Ce phénomène aux origines lointaines et multiples
La journée d’étude sur la chanson raï, organisée lundi à la Cinémathèque de Sidi Bel Abbès, a été l’occasion de croiser les points de vue et avis sur un phénomène ouvertement réfractaire à l’immobilisme de la société, et longtemps méprisé par les tenants obtus de la culture officielle. Pour Bouziane Benachour, journaliste, le raï est avant tout «une forme d’expression qui réhabilite le corps et libère le verbe.» Dans sa communication intitulée «Le raï, un art qui ne cesse d’être populaire», le conférencier considère que «le raï brise les illusions établies en optant par un lyrisme agressif, une musique syncopée qui va plutôt au corps qu’à l’esprit.» Né dans la société réelle profonde, et en parfaite conformité avec les pulsions de cette même société, le raï aborde des thèmes «puisés pour l’essentiel dans le vécu des gens de la marge, des gens auxquels la société bien pensante ne pense pas», dit-il. Fortement enraciné dans le patrimoine bédouin de l’arrière- pays et sa ruralité fertile, le raï «ne manque pas de vitalité ». De nombreuses recherches universitaires s’accordent à lui reconnaître «son extraordinaire adaptation au goût ambiant». Une vitalité jamais démentie d’ailleurs et qui, au fi l des années, a permis à la «masse» de sceller «une sorte d’unité linguistique liée à son siècle, à son âge», note-t-il. L’expansion fulgurante du raï tient également au fait, ajoute- t-il, qu’«il n’est pas dans l’hésitation mais dans l’infiltration. » Et d’expliquer : «Le raï n’a jamais été dans le rejet mais presque régulièrement dans la réconciliation dans ces airs régulièrement abreuvés de brassages musicaux provenant de plusieurs genres, de plusieurs contrées, de plusieurs pays, de plusieurs sensibilités. » «Aux origines du raï : Oran, Sidi Bel Abbès ou Oujda ?», a été le thème pertinent et interrogatif développé par Mohamed Kali, journaliste, écrivain et critique dramatique.
ALLER ÉCOUTER LE RAÏ
D’emblée, le conférencier, redoutant visiblement quelques réactions émanant de sensibilités «chatouilleuses», fait remarquer que «la question ne doit pas constituer un tabou ni être reléguée au rang d’une futile querelle de clocher».
Voulant certainement se hisser au-dessus de la mêlée quant à la querelle de paternité de ce genre, il souligne à ce propos que s’«il y a un intérêt de ma part à soulever la question, c’est pour tenter de la mettre à plat». «La première des questions sur l’origine du raï renvoie au lexique», dit-il, précisant qu’à cet égard que «s’il est une évidence que le vocable qui désigne le genre est bien antérieur à la naissance de ce dernier, son usage dans le monde rural le préfigurait.» Etayant ses propos, l’intervenant estime qu’«à l’époque, on employait déjàl’expression ‘‘aller écouter le raï’’», le terme étant à traduirepar «la voix de la raison». Abordant la question relative aux sources du raï, Mohamed Kali se réfère au témoignage du regretté Saïm El Hadj, qui a été producteur, animateur et directeur artistique à la RTA au niveau d’Oran, parolier et membre fondateur du Festival du raï de 1985, qui lui a affirmé que «le berceau du raï était la région de Aïn Témouchent, et plus particulièrement la plaine de M’leta.» «Cette région, située au coeur de l’Oranie, lui avait-il expliqué, accueillait durant l’été, à l’occasion des travaux des champs, des milliers d’ouvriers saisonniers, les ‘‘chouala’’, venant de tous les coins d’Algérie, jusque des confi ns du Sahara comme du Maroc voisin.» Le conférencier se basera, dans la foulée, sur le résultat de la recherche pointue menée par le sociologue Lechlech Boumediène, qui «démontre, sources à l’appui, que le raï est né aux confluences d’Oran, Tlemcen, et Sidi Bel Abbès, dont le Témouchentois est précisément le carrefour», rappelant que «le raï, » d’essence féminine à l’origine, est le chant des ouvrières agricoles qui, dès la fi n des années 1920, constituaient la main-d’œuvre préférée des colons parce que plus taillables et corvéables à merci que les hommes.» Mohamed Kali souligne, dans ce contexte, que «le raï naquit dans ces conditions socio-historiques d’oppression et d’exploitation coloniales, celles de l’exil, du déracinement, de la misère affective et sexuelle, du métissage et des bivouacs lors des veillées autour de braseros qui, ici et là, illuminaient la campagne.» S’appuyant sur le cheminement évolutif du raï depuis sa genèse, le conférencier soutient, sans ambages, que «si le Témouchentois lui avait, au départ, offert les espaces champêtres, Sidi Bel
Abbès lui a fourni son public citadin, ce qui y a fait éclore une fl opée de talents.» Il ajoute, plus loin, que Saïda a été un arrière-pays qui n’a pas été en reste, alors qu’Oran lui a accordé une autre dimension grâce à son industrie du disque. Faisant référence à un témoignage digne de foi, Kali dira que «Cheikha El Wachma, la mamie du raï, a réussi la transition entre le ‘‘baladi’’ et ce qui allait devenir le raï, lequel s’appellera par la suite raï-trab, par opposition au raï moderne.» Après El Wachma, d’autres Témouchentois se sont illustrés dans la saga du raï. Celle, cette fois, du passage progressif du raï-trab vers le raï moderne. Il citera à ce propos Saïd Nayati, Benfi ssa, Bouteiba Sguir, Yamani, Slimane Mystère, Moulay, sans oublier le légendaire et non moins mythique trompettiste, Messaoud Bellemou.
LE RAÏ SUBVERSIF
A son sujet, Kali affirme qu’avec la chanson Ya hbabi ana bassit, Bellemou atteindra, dès l’année 1975, la consécration avant de conclure que «le succès a été tel que l’ensemble Bellemou entreprend une tournée national avec billetterie, ce qui n’était pas un mince exploit à une époque où les concerts étaient généralement payés par l’administration publique.» Questionné sur le sens à donner à un genre qui ne cesse de surprendre, Kali considère que le raï a de tout temps été un genre «subversif et pas tout à fait engagé.» Car, ce qui est extraordinaire dans le raï, c’est qu’il a réussi à inventer ses propres réseaux, ses propres codes et ses propres chebs à une époque où la pensée unique s’efforçait d’étouffer toute expression libre. Géologue de formation, Mokhtar Hannitet a axé son intervention sur les différentes infl uences culturelles et musicales, notamment occidentales, qui ont contribué à l’émergence du raï. Témoin privilégié de l’évolution du phénomène raï à Sidi Bel Abbès, Hannitet a mis en exergue l’influence exercée sur les chanteurs raï par le cinéma et la musique américaine comme le blues, le jazz et le rock n’roll. «Plusieurs chanteurs de raï se sont imprégnés, tant dans leur accoutrement que dans leur attitude, de fi gures célèbres de la culture occidentale, non sans l’adapter au mode de vie qu’est le raï», a-t-il affi rmé.
M. RIAD (EL WATAN)